The Foundation is securing new funding in sub-Saharan Africa

©FGCA/Didier Gentilhomme

During the last half of 2020, the Grameen Crédit Agricole Foundation carried out 3 new financings in sub-Saharan Africa, notably in Benin and Malawi, which are in addition to the two loans granted in Zambia to MLF Zambia And EFC Zambia.

In Benin, the Foundation granted a new loan to the microfinance institution ACFB for an amount in local currency equivalent to 305,000 euros. ACFB, a partner of the Foundation since 2017, offers a diverse range of financial and non-financial services adapted to the needs of marginalized populations excluded from the traditional financial system. ACFB is a leading institution in promoting women's empowerment and microenterprise development. To date, the institution has more than 32,000 active clients, including 88% women and 95% living in rural areas.

Still in Benin, the Foundation granted a new loan to the microfinance institution COMUBA for an amount in local currency equivalent to 500,000 euros. COMUBA was created in 2000 and offers financial and non-financial services, particularly through group loans. A partner of the Foundation since 2015, the institution has approximately 32,000 active clients, including 90% women.

Similarly, the Grameen Crédit Agricole Foundation granted a new loan to the microfinance institution MLF Malawi, for an amount in local currency equivalent to 284,000 euros. Founded in 2002, MLF has nearly 30,000 active clients, exclusively women living in rural areas. The institution offers a wide range of products designed to support agriculture and the development of small businesses.

This new funding was granted as part of the African Facility program launched in 2013 in partnership with the French Development Agency (AFD) and bring the total number of partners in Sub-Saharan Africa to 40, representing 39% of the Foundation's outstanding funds at the end of December 2020.

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Foundation grants loan to new partner in Zambia

© Oleksandr Rupeta / Alamy Stock Photo

La Fondation Grameen Crédit Agricole poursuit ses investissements en Afrique de l’Est avec un premier prêt en monnaie locale équivalent à 1,5 millions d’euros accordé à l’institution de microfinance Entrepreneurs Financial Centre (EFC) en Zambie, sur une période de trois ans.

EFC est une institution de microfinance fondée avec l’intention de fournir des solutions de fonds de roulement pour les micro, petites et moyennes entreprises (MPME), en mettant l’accent sur l’innovation de produits adaptés aux besoins des clients. L’institution, qui accepte également l’épargne, compte environ 3 000 emprunteurs, dont 42% de femmes et 6% de clients ruraux. Avec ce prêt, la Fondation compte aujourd’hui un encours de 32 millions d’euros dans la région d’Afrique subsaharienne, soit 39% de l’encours suivi par la Fondation.
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Créée en 2008, sous l’impulsion conjointe des dirigeants de Crédit Agricole S.A. et du Professeur Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 et fondateur de la Grameen Bank, la Fondation Grameen Crédit Agricole est un opérateur multi-métiers qui contribue à la lutte contre la pauvreté par l’inclusion financière et l’entrepreneuriat à impact social. Investisseur, prêteur, coordinateur d’assistance technique et conseiller de Fonds, la Fondation soutient des institutions de microfinance et entreprises sociales dans 39 pays.

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[INTERVIEW] Les actions de la Fondation face à la crise Covid-19

Hélène Keraudren Baube & Edouard Sers, Fondation Grameen Crédit Agricole

Pour surmonter les effets de cette crise sanitaire et économique sans précédent, la Fondation a dû innover, s’adapter et se concerter avec d’autres acteurs clés des secteurs de la finance inclusive et de l’entrepreneuriat à impact social. Un travail transversal qui implique l’ensemble des équipes de la Fondation. Pour en savoir plus, coup de projecteur sur les témoignages de deux experts de la Fondation, Hélène Keraudren-Baube, Directrice Administrative et Financière, et Edouard Sers, Directeur Risques, Conformité et Performance Sociale.

1.Comment la crise Covid-19 a impacté l’organisation interne de la Fondation et des organisations soutenues ?

Hélène : Nous avons eu recours au télétravail du jour au lendemain, mais comme c’était déjà une modalité possible à la Fondation la transition a été très fluide. En plus de fournir les équipements pour le télétravail, nous avons également adapté les horaires pour prendre en compte le contexte de confinement avec enfants à la maison. Nous avons vécu une année très particulière, avec aucune mission terrain pour l’équipe basée en France depuis février alors que les Chargés d’investissement partent tous en mission terrain plusieurs fois par an. Le Comité de Direction de la Fondation a fait des points réguliers pour faire le suivi de la situation et déterminer les meilleures mesures pour appuyer les équipes et les organisations financées. Par ailleurs, nous avons échangé d’une façon plus régulière avec notre gouvernance pour les tenir informés de l’évolution de la situation et de l’activité.

2. Quelles réponses a donné la Fondation pour y faire face ?

Edouard : La première réponse de la Fondation a été d’établir un dialogue rapide et permanent avec les organisations soutenues pour comprendre les effets de la crise, les mesures prises et leurs besoins. Les équipes de chargés d’investissement sont restées en contact très rapproché avec l’ensemble des organisations que nous soutenons, et nous avons mené des enquêtes régulières auprès de celles-ci pour comprendre les impacts de la crise dans les différents pays d’intervention. De plus, nous avons créé l’Observatoire Covid-19 dans lequel nous avons régulièrement publié des articles afin de partager nos analyses et d’informer les parties prenantes de l’évolution de la situation. En parallèle, nous avons animé une coordination internationale de prêteurs et d’acteurs de la finance inclusive pour agir ensemble, en concertation, afin de protéger les institutions de microfinance et leurs clients et prévenir tout choc de liquidité qui aurait déstabilisé le secteur.

Hélène : Nous avons adapté nos outils de suivi et d’analyse et nos demandes d’information s’agissant notamment des plans de continuation d’activité et des plans de trésorerie à court terme. Sur le plan financier, nous avons octroyé des reports d’échéance à une trentaine d’organisations partenaires de la Fondation, principalement des institutions de microfinance. Ces reports, de 6 à 12 mois selon les cas, ont été matérialisés par des avenants aux contrats de prêts, et des échéanciers revus. Ce volume de demandes de reports est totalement inédit et a ‘stressé’ nos liquidités. Nous avons affiné nos outils de projections et de suivi pour suivre l’impact financier pour la Fondation.

3. Concernant la coalition internationale, quels sont les premiers résultats ?

Edouard : Six mois après la signature de l’Engagement, avec l’ensemble des signataires nous avons rédigé une publication commune présentant l’état de mise en œuvre de 10 principes de l’Engagement. Parmi les conclusions de la publication, nous pouvons souligner la solide coordination entre les bailleurs internationaux pour s’accorder en termes de report d’échéances, évitant une crise de liquidité dans le secteur de la microfinance. Nous avons également avancé dans le domaine de l’assistance technique avec notamment des webinaires et des enquêtes de terrain conjoints auprès des clients finaux. Enfin, nous avons encouragé la collecte coordonnée d’informations sur la gestion du personnel et le suivi des clients des institutions de microfinance et promouvons les initiatives pour renforcer la protection des clients et du personnel. En 2021, nous poursuivrons nos efforts pour accompagner la reprise progressive des institutions de microfinance soutenues avec de l’assistance technique, des financements adaptés et des échanges réguliers entre les différents acteurs du secteur.

4. Par rapport aux bailleurs de fonds de la Fondation, quelles actions communes ont été prises ?

Hélène : nous avons très rapidement tenu nos bailleurs de fonds informés de l’évolution de la situation, avec des présentations détaillées. Nous avons compris dès le début de la crise que le principal impact pour nous en 2020 serait sur la gestion de nos liquidités. Les demandes de reports d’échéance de nos partenaires pèsent sur la trésorerie de la Fondation, et nous avons souhaité préserver notre capacité à soutenir nos partenaires et éviter à tout prix une crise des liquidités. Pour cela nous avons sollicité des reports d’échéances auprès de nos bailleurs, et envisagé de nouvelles lignes de financement « spéciales Covid-19 » pour soutenir la reprise de l’activité des institutions de microfinance que nous appuyons.

5. Pour finir, quelles sont les perspectives pour 2021 ? Quelles seront les priorités de la Fondation ?

Hélène : Après une année 2020 marquée par un résultat opérationnel soutenu par la croissance du portefeuille les années précédentes et des économies substantielles en 2020 notamment sur les frais de déplacement, l’année 2021 sera impactée de plein fouet par la contraction du portefeuille de prêts de la Fondation des suites de la crise. L’activité de la Fondation devrait poursuivre sa progressive et prudente reprise entamée ces derniers mois, nous pensons que le premier semestre sera encore fortement contraint par la pandémie et ses conséquences, et espérons pouvoir reprendre nos déplacements sur le terrain, au plus près de nos partenaires, à partir du second semestre. Il faudra sans doute encore une année pour que la Fondation renoue avec le niveau d’activité qui était le sien avant la crise.

Edouard : Une grande partie des organisations soutenues ont su faire face à la crise et sont éligibles aux financements que propose la Fondation selon des critères de risque standards. En revanche, une partie non négligeable d’entre elles porte encore dans leur bilan un risque important hérité de l’année 2020. Il est crucial que nous continuons à renforcer notre dispositif d’accompagnement pour proposer des solutions adaptées aux différents niveaux de risque, combinant nouveau financement, assistance technique, report d’échéance ou –de plus façon exceptionnelle– restructuration de la dette.

Au niveau du secteur, les prêteurs ont su se coordonner en 2020 afin d’éviter une crise de liquidité et nous continuerons sur cette voie en 2021. Cette année sera également cruciale pour les investisseurs afin qu’ils soutiennent les institutions de microfinance conformément à leur responsabilité d’actionnaire. Enfin, nous continuerons à promouvoir les initiatives pour protéger la clientèle et le personnel des institutions de microfinance en ces temps de crise. Par exemple, nous participons de façon active au groupe de travail de la Social Performance Task Force (SPTF) pour définir des nouveaux critères de certification relatifs à la protection de la clientèle du secteur. Un dialogue permanent avec nos partenaires et des actions coordonnées seront parmi les clés du succès de nos engagements.

Microfinance en Inde : l’histoire de la résilience

Par Devesh Sachdev, DG, Fusion

©FGCA

Le modèle de microfinance consistant à fournir de petits prêts sans garantie aux clients du « bas de la pyramide » jusque-là négligés par le secteur formel, s’est imposé comme un modèle efficace et durable d’inclusion financière. L’inclusion financière a, à juste titre, été le principal domaine d’intérêt des décideurs politiques au cours des dernières décennies, étant donné la part de notre population qui est restée non desservie et / ou mal desservie. Il n’y a pas besoin d’analyse complexe pour savoir que si l’Inde, en tant que pays, doit améliorer son revenu par habitant et faire passer les gens au-dessus du seuil de pauvreté, l’accès au financement doit être la clé.

En dépit de l’impulsion politique menée à travers le système bancaire traditionnel, peu de facteurs ont agi comme des obstacles à cet objectif national d’inclusion financière. D’abord et avant tout, le fait que notre système bancaire formel a largement développé ses politiques et sa portée (qu’elle soit physique ou numérique) pour répondre à la population urbaine / semi-urbaine avec des antécédents / revenus et garanties établis qui correspondent à leur risque défini / matrice de récompense en tant que classe d’actifs. Deuxièmement, le « coût de livraison » pour les petites transactions sur le marché de la balance des paiements est devenu un amortisseur pour les banques. Le manque de littérature financière a également agi comme une contrainte.

Le modèle de microfinance consistant à fournir de petits prêts sans garantie aux clients du « bas de la pyramide » jusque-là négligés par le secteur formel, s’est imposé comme un modèle efficace et durable d’inclusion financière. Il a été conceptualisé pour fournir de manière transparente des services et des produits financiers à la porte de ces mêmes clients d’une manière très simple à comprendre. Le concept de responsabilité conjointe tirant parti du capital social combiné à la livraison directement auprès du client a aidé le secteur de la microfinance à gagner en confiance et en acceptabilité.

Le « parcours » de la microfinance au cours de la dernière décennie s’articule autour de deux grands thèmes. D’un côté, il a résisté à de graves revers comme celui de la crise de l’Andhra de 2010, de la crise de démonétisation de 2016, de la crise de liquidité et de crédibilité de la NBFC et se bat actuellement contre la pandémie mondiale de la Covid-19. Tous ces événements ont créé l’impression, dans l’esprit des parties prenantes, que la microfinance en soi est une classe d’actifs risquée, car malheureusement pour le secteur elle a été affectée par ces événements imprévus une fois tous les 3 à 4 ans.

Cependant, le secteur compte heureusement une facette plus brillante :

  1. Aujourd’hui, le secteur sert environ 60 millions de clients uniques avec une taille de portefeuille combinée de Rs 23 milliards à travers 620 districts dans 28 États et huit territoires de l’Union. Cela en fait le 2ème secteur en importance après les prêts hypothécaires. Cependant, ce qui est encore plus louable, c’est que le secteur a enregistré une croissance de 30% au cours des 3 dernières années contre 17% pour le secteur de la banque de détail
  2. Un autre point fort du secteur de la microfinance a été l’offre de produits et de services financiers via une fusion prudente de « Touch and Tech » au coût le plus bas parmi ses pairs à l’échelle mondiale. Le secteur tire parti des progrès de la technologie pour offrir constamment une plus grande transparence, la sécurité des données, la confidentialité et une accessibilité de proximité à ses clients ruraux.
  3. Avec à la fois une portée et une efficacité opérationnelle, la microfinance est aujourd’hui un modèle commercial durable, calibré pour tirer parti de son réseau afin de fournir d’autres biens et services aux populations rurales, contribuant ainsi à l’importante croissance enregistrée par l’Inde.
  4. Le secteur génère également d’importantes opportunités d’emploi non seulement en embauchant dans l’arrière-pays, mais aussi en permettant à ses clients d’offrir des opportunités d’emploi à d’autres via un soutien financier étendu.

Le secteur a démontré une résilience remarquable au cours de la dernière décennie et cela a été rendu possible grâce à certains facteurs contributifs clés :

  • Le besoin « inhérent » d’un tel modèle dans une Inde ambitieuse, où une importante population non desservie / mal desservie doit encore se voir offrir la possibilité de monter dans le train en marche, a fait en sorte que la microfinance reste un véhicule «préféré» à la fois pour les planificateurs politiques et les praticiens au fil des ans.
  • L’important soutien et le cadre politique propice fournis par la Banque Centrale indienne qui a été un catalyseur dans la poursuite de la mission d’inclusion financière du secteur de la microfinance. Le secteur s’est vu attribuer une catégorie spéciale dans la catégorie plus large des services financiers non bancaires de la Banque Centrale, ce qui lui confère une identité distincte et une forte crédibilité en ayant la première organisation d’autorégulation du pays reconnue par la Banque Centrale.
  • Le fonctionnement de la MFIN (l’association sectorielle) en tant qu’organisation d’autorégulation depuis 2010 a permis au secteur de bâtir sa croissance sur des piliers solides. Les principaux piliers du travail de la MFIN ont été la protection des clients, le code de conduite du secteur et le plaidoyer politique, qui contribuent tous à la construction d’un écosystème de finance responsable.
  • La microfinance étant un modèle de grande portée, elle a assuré le plus haut degré de centrage et de connaissance du client. Le temps de réponse dans les situations de crise est beaucoup plus rapide et les solutions proposées sont très ciblées. Cet aspect a aidé le secteur à surmonter les défis posés par la démonétisation en 2016, mais plus récemment, ce modèle a prouvé sa résilience et sa pérennité dans la crise actuelle de la Covid-19. Les soldats de première ligne ont veillé à ce que les rouages ​​du financement continuent de bouger lorsque les clients en avaient le plus besoin pendant les périodes avant et après le confinement. Les plateformes d’exploitation ont été rapidement modifiées pour fonctionner à distance et fournir des services de prêt numériques.

Le lien fort avec les clients a résisté à l’épreuve du temps et a engendré un degré élevé de compréhension mutuelle et de coopération. La plupart des experts financiers se sont trompés lorsque le portefeuille de microfinance a présenté des indicateurs de portefeuille post-Covid meilleurs que prévu après la période de moratoire mandatée par la Banque Centrale.

Aujourd’hui, le secteur de la microfinance travaille en partenariat avec le gouvernement pour déployer divers programmes sociaux, qu’il s’agisse de prêts Shishu dans le cadre du programme Mudra ou Pradhan Mantri Svanidhi. L’importance du secteur a été reconnue par le Premier ministre dans son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies en le qualifiant d’instrument de promotion de l’entrepreneuriat féminin.

Comme on dit : “Ce n’est pas le nombre de coups que vous remportez qui fait de vous un gagnant, c’est le fait que vous vous relevez toujours plus fort malgré les coups encaissés et que vous en sortiez gagnant” et ceci est une description appropriée d’un secteur de la microfinance résilient en Inde, jusqu’à présent… mais le voyage ne fait que commencer !

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Source : BW Businessworld

Microfinance: a tool for a more inclusive economy

Interview d’Eric Campos, DG, Fondation Grameen Crédit Agricole

Sans doute car elle est un levier très efficace pour lutter contre la pauvreté, la microfinance est un sujet central pour repenser l’économie mondiale. La crise sanitaire et ses effets sur les populations les plus démunies n’ont fait que renforcer ce besoin urgent d’inclusion financière. Coup de projecteur sur un interview de Paperjam Luxembourg à Eric Campos, Délégué général de la Fondation Grameen Crédit Agricole.

Pourquoi la microfinance est-elle un sujet qui vous concerne ?

Aujourd’hui 1.7 milliards de personnes, la majorité en zones rurales, n’ont pas accès au financement et le secteur financier à un rôle clé à jouer pour faire face à ce défi mondial. La Fondation est un des leviers du groupe Crédit Agricole pour favoriser l’inclusion financière et le développement des économies rurales dans les pays émergents. C’est l’ambition que s’est fixée le Crédit Agricole quand il a créé la Fondation il y a 12 ans avec le Pr. Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 : contribuer à la lutte contre la pauvreté par la promotion de la microfinance et de l’entrepreneuriat à impact social partout dans le monde. La Fondation est un acteur engagé dans les pays pauvres au service de la Raison d’Être du Groupe, “Agir chaque jour dans l’intérêt de nos clients et de la société”.

Notre mission prend encore plus de sens dans le contexte actuel. La pandémie Covid-19 frappe particulièrement les populations les plus vulnérables et la microfinance est un levier pour renforcer leur résilience face à la crise. Dans ce contexte, nous avons dû adapter nos modes d’intervention et innover. Nous avons mis en place un suivi très régulier auprès des institutions financées pour comprendre les effets de la crise et leurs besoins. Nous avons également mis en place de nombreux reports d’échéances pour permettre à ces institutions d’accompagner elles-mêmes leurs propres clients et accepter, elles-aussi de reporter les échéances des microcrédits. Nous avons également, dès le mois de mars dernier coordonné un mouvement international de bailleurs de fonds, d’investisseurs et d’acteurs de la finance inclusive pour nous engager à prévenir une crise de liquidité dans le secteur et apporter des réponses coordonnées pour faire face aux effets économiques de la crise.

Pouvez-vous nous présenter la Fondation Grameen Crédit Agricole et ses objectifs ?

La Fondation est un opérateur multi-métiers : investisseur, prêteur, coordinateur d’assistance technique et conseiller de fonds, la Fondation finance et accompagne les institutions de microfinance, les entreprises et les projets qui promeuvent une finance inclusive et le développement des économies rurales partout dans le monde.

La Fondation accompagne et soutient aujourd’hui 86 partenaires (74 institutions de microfinance et 12 entreprises à impact social) dans 40 pays avec près de 100 millions d’euros d’encours suivis. La Fondation cherche à favoriser l’émancipation des femmes par l’économie, 88% des bénéficiaires finaux sont des femmes, et cible en priorité les populations rurales : des 7,3 millions de clients d’institutions que la Fondation finance, 84% habitent en zones rurales.

Comment la Fondation travaille aujourd’hui avec le groupe CA ?

La Fondation a mis en place plusieurs partenariats avec les Caisses régionales et les entités du Crédit Agricole. Nous avons établi des schémas de coopération avec la Banque de Proximité à l’international (BPI) en Roumanie, en Egypte, en Inde et au Maroc qui permet aux entités du Groupe de financer des institutions de microfinance en monnaie locale avec la garantie de la Fondation. Nous avons lancé avec CA Indosuez Wealth (Asset Management) et CACEIS Bank Luxembourg Branch, le fonds Finance Inclusive en milieu Rural, le premier fonds en microfinance du Crédit Agricole auquel ont déjà souscrit 21 Caisses régionales, Crédit Agricole Assurance et Amundi. Enfin, avec Crédit Agricole SA, nous avons mis en place depuis juin 2018 « Banquiers Solidaires », un dispositif de volontariat de compétences permettant de proposer des missions d’assistance technique à des collaborateurs du Groupe pour le compte des organisations financées par la Fondation.

Par ailleurs, face à la crise Covid-19, la Fondation a travaillé avec Crédit Agricole SA, Crédit Agricole CIB, Crédit Agricole Wealth (Asset Management) et d’autres acteurs clés de la finance inclusive autour d’un Engagement commun pour protéger les institutions de microfinance et leurs clients. L’engagement, qui compte aujourd’hui 30 signataires, repose sur un ensemble de principes destinés à protéger le secteur de la microfinance et leurs clients des effets économiques liés à la crise sanitaire. Grace à cette action coordonnée, les défauts de liquidité ont pu être évités et nous avons accompagné les organisations partenaires avec des missions d’assistance technique.

Quels thèmes seront abordés dans les années à venir au sein de la Fondation ?

Changement climatique, croissance démographique, sécurité alimentaire, transformation digitale… nombreux sont les défis au centre de nos préoccupations. Il est urgent d’agir, d’innover avec de nouveaux moyens d’action, de renforcer les coopérations. Cette conviction est au cœur des actions de la Fondation et de son plan stratégique 2019-2022 et ses objectifs : consolider la pérennité des organisations qui apportent des services essentiels avec des financements adaptés et de l’assistance technique ; renforcer la résilience des économies rurales en soutenant des entreprises à impact social ; et promouvoir la finance inclusive au sein du secteur bancaire avec notamment les partenariats mis en place avec le groupe Crédit Agricole.

Face à la crise Covid-19, la Fondation continuera à appuyer, aux côtés de ses partenaires institutionnels, privés et solidaires, les institutions de microfinance et les entreprises sociales avec des financements et une assistance technique ciblés pour renforcer leur résilience dans cette crise sans précédent. Nous continuerons à suivre les effets de la crise sanitaire et à agir pour renforcer la résilience de la microfinance et de l’entrepreneuriat à impact, en concertation avec les autres parties prenantes.

Source : Paparjan.lu 

Speeches: Advocacy for a more inclusive and sustainable economy

For 12 years, the Grameen Crédit Agricole Foundation has positioned itself as a committed player in the fight against poverty by promoting financial inclusion and social impact entrepreneurship. With more than €200 million in funding and more than 100 organizations supported in some 40 countries since its inception, the Foundation has built a solid history in the areas of inclusive finance, particularly microfinance, financial engineering, financing family farming, and supporting social entrepreneurship.

To promote best practices and contribute to sector advocacy, the Foundation shares its experience through various publications, organizes events, and engages in discussions with other key stakeholders in inclusive finance. The Foundation has therefore decided to share its key statements since 2018 in this new publication, "Speaking Out: Advocacy for a More Inclusive and Sustainable Economy."

For this first edition, this document is structured around 4 chapters on themes that have marked our sector:

  • The first chapter contains general reflections on the need to think about a more inclusive economy.
  • The second shares our various experiences in the development of rural areas, particularly by supporting impact entrepreneurship.
  • The third chapter presents more specifically the Foundation's work on the program for the financial inclusion of refugees launched with the United Nations Refugee Agency and Swedish Cooperation.
  • The final chapter focuses on the impact of the global economic crisis caused by the COVID-19 epidemic on microfinance institutions and their clients and on the Foundation's action to coordinate a concerted approach by donors, investors and other microfinance stakeholders to support the sector.

Crédit Agricole's purpose is to act every day in the interest of our clients and society. With this publication, the Foundation is fully playing its advocacy role in supporting microfinance and impact entrepreneurship and, alongside other key stakeholders, promoting best practices for a more inclusive, responsible, and sustainable economy.

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AFD Group reiterates its support for microfinance by renewing a €10 million guarantee to the Foundation

Une garantie de 10 M€ vient d’être accordée par le Groupe Agence Française de Développement (AFD), représenté par sa filiale Proparco, à la Fondation Grameen Crédit Agricole. Ce financement permettra à la Fondation de continuer à soutenir les institutions de microfinance en Afrique Subsaharienne. Proparco vient également d’accorder un nouveau prêt de 5 M€ à la Fondation Grameen Crédit Agricole qui lui permettra de consolider son soutien à ses institutions de microfinance partenaires dans le contexte exceptionnel de la crise liée à la Covid-19.

Un partenariat historique pour soutenir la microfinance

Le partenariat entre le Groupe AFD et la Fondation Grameen Crédit Agricole est de longue date. L’un des projets communs emblématiques est le programme de la Facilité Africaine (1) lancé en 2013. Il permet à la Fondation de proposer des financements et une assistance technique adaptés à des institutions de microfinance rurales de petite et moyenne taille en Afrique subsaharienne.

Le Groupe AFD soutient également la Fondation dans le financement de ses institutions de microfinance partenaires grâce à un mécanisme de garantie de portefeuille, la garantie ARIZ, qui couvre 50 % des prêts qu’elle accorde aux institutions de microfinance. Ce dispositif vient d’être renouvelé pour la sixième fois, offrant une couverture pour les prêts qu’octroiera la Fondation à des institutions de microfinance en Afrique Subsaharienne dans les deux ans à venir. Ensemble, le Groupe AFD et la Fondation ont adapté les conditions d’éligibilité, pour pouvoir notamment inclure des institutions de microfinance à vocation très sociale mais moins matures.

Une enveloppe de financement spéciale Covid-19 de 5M€

Les crises sanitaire et économique générées par la Covid-19 affectent plus particulièrement les populations les plus vulnérables. Selon la Banque mondiale, la crise pourrait entrainer 150 millions de personnes dans l’extrême pauvreté d’ici 2021 (2). Cette problématique est au cœur de l’action de la Fondation Grameen Crédit Agricole qui, depuis 12 ans, contribue à la lutte contre la pauvreté par l’inclusion financière et l’entrepreneuriat. La Fondation finance et soutient des institutions de microfinance qui servent des populations exclues du système bancaire traditionnel, principalement des femmes (88%) et des populations rurales (84%), dans une quarantaine de pays.

« Le Groupe AFD est un partenaire de premier plan de la Fondation Grameen Crédit Agricole. Il nous accompagne depuis de nombreuses années et nous permet d’accroitre notre impact principalement dans les zones rurales des pays émergents. Dans le contexte Covid-19, la mission de la Fondation prend un relief très particulier. Nous travaillons pour permettre aux populations vulnérables de sortir de la pauvreté en leur apportant l’accès aux services financiers au travers d’institutions de microfinance socialement performantes. La crise sanitaire a mis à rude épreuve les économies locales. Aux côtés du Groupe AFD, nous innovons, nous adaptons et apportons un soutien renforcé à ces institutions pour renforcer leur résilience et leur capacité à faire face aux effets économiques de cette crise mondiale. », affirme Eric Campos, Délégué général de la Fondation Grameen Crédit Agricole et Directeur de la RSE de Crédit Agricole SA.

« Après 10 ans de coopération au service de l’inclusion financière, Proparco et le groupe AFD sont ravis d’accompagner à nouveau la Fondation Grameen Crédit Agricole au cœur de cette année 2020 qui a vu les institutions de microfinance partenaires de la Fondation fortement touchées par la crise. Acteur de référence de l’accès au financement en particulier pour les populations fragiles en zone rurale, la Fondation joue un rôle majeur pour accompagner ses institutions partenaires et leurs clients pendant cette période difficile. Le renouvellement de l’enveloppe de garantie de portefeuille accordée par le Groupe AFD à la Fondation, ainsi que les lignes de financement octroyées en 2020, visent à renforcer la Fondation dans sa mission sociale au service de l’inclusion financière. » déclare Guillaume Barberousse, le Responsable Division Banques et Marchés Financiers chez Proparco.

Ces nouveaux dispositifs permettront de renforcer l’action collective du Groupe AFD et de la Fondation pour favoriser la résilience des institutions de microfinance et leurs clients face à cette crise sans précédent.

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(1) //www.gca-foundation.org/assistance-technique/facilite-africaine/
(2) Accéder au Communique de la Banque mondiale (2020) here

ZEP-RE et ACRE Afrique : un partenariat pour renforcer l’assurance agricole en Afrique

ZEP-RE, leader africain de la réassurance, va acquérir une participation majoritaire de 56% dans ACRE Africa (Agriculture and Climate Risk Enterprise Ltd.), société à impact social soutenue par la Fondation Grameen Crédit Agricole depuis 2014. CA Indosuez Wealth (Asset Management), la société de gestion du Fonds Grameen Crédit Agricole qui détient une participation dans ACRE Africa, a validé l’opération de capital-investissement.

ACRE Africa offre des services d’assurance-récolte aux petits exploitants et des services de conseil aux organisations de développement et aux associations de régulateurs d’assurance au Kenya, en Tanzanie et au Rwanda. Cet accord ouvre la voie à l’élargissement de l’assurance agricole en faveur des petits exploitants agricoles en Afrique, car il permettra de renforcer la large gamme de produits et de plateformes technologiques d’ACRE Africa pour l’agriculture et la microassurance. « Notre objectif est d’étendre la couverture d’assurance et d’améliorer l’inclusion financière dans toute l’Afrique subsaharienne. Les filets de sécurité que nous construisons rendront un grand nombre de petits exploitants défavorisés plus confiants dans l’agriculture », a déclaré George Kuria, PDG d’ACRE Africa lors de la cérémonie de signature.

ZEP-RE (PTA Reinsurance Company) est une organisation régionale qui promeut le développement et l’intégration au sein de la région COMESA (Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe) à travers le commerce des activités d’assurance et de réassurance. Elle est basée au Kenya, avec des bureaux régionaux et nationaux au Zimbabwe, en Côte d’Ivoire, en Ouganda, en Zambie, en Éthiopie, au Soudan et en République démocratique du Congo.

En tant qu’actionnaire d’ACRE Africa, la Fondation Grameen Crédit Agricole se réjouit de la coopération entre ZEP-RE et ACRE Africa. « La pandémie de la COVID-19 a mis l’accent sur l’importance de la microassurance pour aider les populations rurales à faible revenu à renforcer leur résilience. L’expertise de ZEP-RE et son alignement avec la mission d’ACRE Africa pour défendre les petits exploitants ouvriront un nouveau chapitre pour ACRE Africa, qui lui permettra de pénétrer de nouveaux marchés, d’accroître son impact social et de contribuer au renforcement du secteur de la microassurance rurale », a affirmé Eric Campos, Délégué général de la Fondation.

Un autre partenariat important a été annoncé en parallèle. Avec le soutien financier de Chainlink Community, ACRE Africa et Etherisc (concepteur de plateformes d’assurance en ligne) développeront une plateforme pour 250 000 petits agriculteurs afin de les assurer contre les risques liés au changement climatique au Kenya. Les perspectives pour ACRE Africa et l’assurance des petits exploitants agricoles en Afrique sont encourageantes.

Plus d’informations sur ACRE Africa

COVID-19 : une reprise des IMF progressive, au rythme de celle de leurs clients

ADA, Inpulse et la Fondation Grameen Crédit Agricole se sont associés pour suivre et analyser les effets de la crise liée au Covid-19 chez leurs institutions de microfinance partenaires dans le monde. Ce suivi est réalisé périodiquement et le sera tout au long de l’année 2020 afin d’avoir une meilleure vision de l’évolution de la situation. Avec cette analyse régulière et approfondie, nous espérons contribuer, à notre niveau, à la construction de stratégies et de solutions adaptées aux besoins de nos partenaires, ainsi qu’à la diffusion et à l’échange d’informations entre les différents acteurs du secteur.

In summary

Les résultats présentés dans cet article sont issus d’une quatrième enquête [1] d’une série commune à ADA et la Fondation Grameen Crédit Agricole, Inpulse ayant choisi de se joindre à l’initiative une fois sur deux. Les réponses ont été collectées entre le 1er et le 20 octobre auprès de 73 institutions de microfinance (IMF) de 38 pays d’Afrique subsaharienne (SSA-37%), Amérique latine et Caraïbes (LAC-25%), Europe de l’est et Asie centrale (EAC-18%), Asie (15%) et Moyen-Orient Afrique du Nord (MENA-4%) [2].

Les enquêtes précédentes ayant révélé que la principale difficulté financière pour les IMF était l’augmentation de leur portefeuille à risque (PAR), la nouvelle s’est intéressée de plus près à la situation des clients des IMF et à la reprise de leurs activités. En effet, c’est principalement de cela que dépendent les activités des IMF. Avant tout, les résultats de cette enquête confirment la reprise progressive de l’activité des IMF, avec une réduction de la plupart des contraintes opérationnelles rencontrées initialement. La contrainte majeure qui subsiste concerne la collecte des remboursements de prêts, ce qui explique l’augmentation du PAR en tant que principale difficulté financière pour les IMF.

Cette difficulté à collecter les prêts peut être due à des contraintes externes, de mobilité ou de moratoire imposé par les autorités, ou à des difficultés rencontrées par les clients eux-mêmes, pour qui l’activité ne peut pas toujours redémarrer ou se trouve ralentie par le contexte de crise. En effet, si le pic de la crise sanitaire est passé et si celle-ci a moins touché certaines régions comme l’Afrique subsaharienne ou en Asie du Sud-Est, ce qui a permis à certain nombre de secteurs d’activité de redémarrer, l’heure n’est pas encore au retour à la normale. En particulier, les mesures de restriction et la conjoncture économique globale ont eu et ont toujours des impacts négatifs sur l’activité dans un certain nombre de secteurs, et donc sur les sources de revenus des populations. Cela affecte par conséquent les IMF et leur situation financière, c’est la raison pour laquelle il paraît primordial de suivre de près la façon dont la crise est vécue par leurs clients, afin de s’adapter à leurs besoins de manière réactive en proposant des solutions qui permettront à tous, clients comme IMF, de survivre à cette crise.

1. UNE REPRISE DES IMF TOUJOURS CONTRAINTE PAR LA DIFFICULTÉ À COLLECTER LES REMBOURSEMENTS DE PRÊTS

Les réponses collectées lors de ce mois d’octobre montrent que la plupart des IMF reprennent leurs activités de manière progressive (Fig. 1). Seules les activités de certaines IMF du Myanmar restent très limitées par les contraintes rencontrées suite aux mesures d’endiguement actuellement en vigueur dans le pays, ainsi que celles d’une minorité d’IMF en Afrique subsaharienne (une IMF au Mali et une au Malawi). C’est dans la région Europe et Asie centrale que la proportion d’IMF ayant retrouvé un rythme d’activité habituel est la plus importante.

L’une des contraintes rencontrées par les IMF révélée lors des enquêtes précédentes était le fait qu’une partie de leur personnel et de leurs clients soit atteint du COVID-19. Par conséquent, nous nous sommes intéressés à la prévalence de la maladie Covid-19 parmi le personnel et les clients (Fig. 2 et 3).

La situation est de ce point de vue contrastée : la région Afrique subsaharienne apparaît comme la moins touchée, avec une faible proportion d’IMF rapportant qu’une partie de leur personnel (15%) ou de leurs clients (22%) sont affectés. Cette proportion reste par ailleurs très faible (entre 0,1 et de 5%), et 70% des IMF de la région déclarant que ni leurs clients ni leur personnel ne sont touchés par le virus. La région Amérique latine et Caraïbes est au contraire la plus touchée [3] , suivie par l’Europe et l’Asie Centrale, avec une plus grande proportion d’IMF concernées (11% seulement des IMF de la région LAC rapportent que ni leurs clients ni leur personnel sont affectés), et des taux de prévalence plus importants pour une partie de ces IMF. Néanmoins, si la situation sanitaire est plus problématique dans ces régions, elle reste pour l’instant une contrainte relativement mineure pour les IMF.

De plus, globalement, une proportion relativement importante d’IMF déclarent même ne plus rencontrer aucune contrainte (Fig.4), notamment dans la région Europe et Asie centrale (62%), tandis que celles qui continuent de faire face à un certain nombre d’entre elles sont de moins en moins nombreuses au fil des enquêtes, ce qui reflète la tendance à la reprise progressive.

La contrainte principale qui subsiste, citée par 32% des IMF de l’échantillon total, est la difficulté à collecter les remboursements de prêts. Cela a notamment pour conséquence l’augmentation du portefeuille à risque, qui est toujours la première difficulté financière rencontrée par les IMF de toutes les régions, et citée comme telle par 77% d’entre elles, tandis que les autres difficultés tendent à être de moins en moins citées au fil des enquêtes.

Cette difficulté ou impossibilité à collecter les remboursements de prêts peut s’expliquer par des contraintes de mobilité, notamment dans les pays ou régions où des mesures de restriction sont toujours en vigueur, mais aussi par la mise en place de moratoires, que ce soit par les autorités ou par les IMF elles-mêmes si les clients en avaient besoin. En effet, la mise en place d’un moratoire a concerné la majorité (84%) des IMF de l’échantillon enquêté (Fig. 5), et un moratoire est même toujours en vigueur au moins pour une partie des clients pour 48% des IMF au total, l’Asie étant la région où cette situation est la plus fréquente (83% des IMF de la région présentes dans l’échantillon).

Parmi les clients ayant bénéficié d’un moratoire, ceux qui repaient désormais leurs prêts comme à l’accoutumée représentent une minorité (Fig. 6). La majorité des IMF (86% de l’échantillon) déclarent en effet qu’une partie ou la totalité des clients ont eu besoin d’un nouveau moratoire, ou sont même désormais dans le portefeuille à risque, 39% des IMF de l’échantillon étant concernées par cette dernière situation. En Europe et Asie Centrale et en Afrique subsaharienne, c’est même plus de la moitié des IMF qui mentionnent le passage dans le portefeuille à risque d’une partie des clients ayant bénéficié d’un moratoire.

Néanmoins, globalement, la majorité des IMF de chaque région rapportent qu’au moins 70% de leurs clients remboursent leurs prêts (Fig. 7). En Asie du Sud et Centrale et en Europe, ce sont plus de 80% des répondants qui ont des niveaux de remboursements supérieurs à 70%. En revanche, les régions Amérique latine et Caraïbes et Afrique subsaharienne sont celles où la situation est la moins bonne, dans la mesure où ce sont respectivement 34% et 45% des IMF pour lesquelles moins de 70% des clients remboursent leurs prêts, et 17% et 15% pour lesquelles cette proportion est inférieure à 50%.

2. LES CLIENTS DES IMF EUX-MÊMES CONTRAINTS DANS LEUR REPRISE

Ces niveaux de remboursements volatiles et inférieurs aux habitudes pré-crise s’explique notamment par le fait que les clients ne sont toujours pas tous en mesure de reprendre leur activité : hormis dans la région Europe et Asie centrale encore une fois, les IMF rapportant que 90% de leurs clients ou plus ont repris leur activité sont minoritaires. Toutefois, pour la majorité des IMF de l’échantillon (54% au total), entre 50 et 90% des clients ont repris leur activité. La tendance est donc globalement à la reprise progressive.

Néanmoins, même si les clients reprennent leur activité, certains secteurs sont plus affectés que d’autres par la crise. Ainsi, le secteur d’activité mentionné le plus souvent comme étant le plus affecté est celui du tourisme dans toutes les régions en dehors de l’Afrique subsaharienne, où il s’agit du commerce (cité comme tel par 48% des IMF de la région). Le secteur des services arrive en second dans la plupart des régions à l’exception de l’Asie, où le secteur de la production et de l’artisanat y est plus affecté. A l’inverse, l’agriculture n’est citée qu’une fois. De manière générale, le secteur de l’agriculture semble avoir été moins touché que les autres secteurs par la crise liée à la Covid-19, comme le révélaient nos précédents travaux où un certain nombre d’IMF déclaraient vouloir cibler davantage l’agriculture, en tant que secteur moins touché par la crise.

Lorsque l’on s’intéresse aux contraintes rencontrées par les clients par secteur, il apparaît que ces contraintes sont spécifiques à chacun d’entre eux (Fig. 10). Concernant le secteur du tourisme, c’est la diminution du nombre de clients des entrepreneurs travaillant dans ce secteur qui est citée comme la principale source de difficultés, suivie de près par la perte d’emploi, mentionnée par 60% des IMF ayant identifié le tourisme comme secteur le plus affecté. En revanche, dans les autres secteurs, la perte de leur emploi par les clients n’apparaît pas parmi les premières contraintes identifiées. La diminution du nombre de clients reste l’une des contraintes majeures, tant pour le secteur du commerce, que pour les services ou la production et artisanat, résultat que l’on retrouve également dans d’autres enquêtes réalisées directement auprès des clients d’IMF, telle que celles utilisant l’outil développé par la SPTF où la baisse de la demande est identifiée comme la principale raison de la baisse de revenus [4] . Enfin, le manque d’opportunités d’affaires est la première contrainte pour le secteur du commerce (citée par 72% des IMF ayant identifié ce secteur comme étant le plus affecté), tandis que la difficulté à produire ou offrir les produits est spécifique à celui de la production et artisanat.

En s’intéressant de cette manière aux contraintes spécifiques rencontrées par leurs clients en fonction de leur secteur d’activité mais aussi probablement d’autres facteurs, les IMF pourraient ainsi mieux anticiper leur situation financière à court terme, et trouver les réponses adaptées aux besoins de leurs différents segments de clients, qui leur permettront à tous de mieux traverser cette crise. Cette réactivité semble d’ailleurs avoir déjà été adoptée par certaines IMF, dans la mesure où, au-delà de la priorité donnée au remboursement des crédits ou à leur restructuration, certaines d’entre elles ont mis en place non seulement de nouveaux canaux de communication et distribution via le digital, mais aussi de nouvelles politiques de crédit ou de nouveaux produits (Fig. 11).

 

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[1] Les résultats des trois premières enquêtes auprès des partenaires de ADA, Inpulse et la Fondation Grameen Agricole sont accessibles ici : //www.ada-microfinance.org/fr/crise-du-covid-19 et //www.gca-foundation.org/observatoire-covid-19/
[2] Le nombre d’IMF répondantes par région est le suivant : SSA : 27 IMF ; LAC : 18 IMF ; EAC : 13 IMF, Asie : 12 IMF ; MENA : 3 IMF. Malgré le faible nombre d’IMF répondantes dans la région MENA, il nous semblait important de partager les retours de ces IMF qui prennent le temps de répondre à ces enquêtes. Toutefois, nous invitons à la prudence pour l’interprétation des résultats dans cette région, dont on ne peut affirmer la représentativité.
[3] La région MENA n’étant représentée que par 3 IMF dans l’échantillon enquêté, les chiffres élevés dans cette région doivent être considérés avec précaution.
[4] Les résultats de ces enquêtes sont accessibles ici : //app.60decibels.com/covid-19/financial-inclusion#explore

Kafo Jiginew, resilient in the face of the Covid-19 crisis in Mali

© RFI Savoirs

La crise Covid-19 a impacté l’activité de Kafo Jiginew, institution de microfinance financée par la Fondation Grameen Crédit Agricole depuis 2018. D’abord en raison du ralentissement de l’activité économique internationale qui a impacté la croissance de l’épargne, mais également par rapport à la demande de crédits qui a elle aussi diminué. Ce panorama a été présenté par David Dao, Directeur de Kafo Jiginew, lors d’une interview accordée à l’occasion de la remise de dons d’une valeur de 25 millions de FCFA aux veuves et orphelins des militaires maliens qui font partie du sociétariat de l’institution.

La Covid-19 a également touché le secteur cotonnier malien, financé largement par l’institution, qui a vu sa demande baisser sur le marché mondial. Les demandes de crédit des producteurs de coton ont diminué ce qui pour l’institution représente une baisse des revenus financiers importante. Une autre conséquence est l’accroissement du risque de non remboursement des crédits qui pourrait peser sur la rentabilité financière de Kafo en 2020. David Dao escompte cependant un résultat positif pour 2020 et affirme que la situation ne pèsera pas sur l’existence de l’institution qui est solide.

Kafo Jiginew reste le leader de la microfinance au Mali avec au moins 40% des parts de marché, 430 000 clients et 68 milliards de FCFA de portefeuille. Depuis 2014, l’institution a entamé une phase de rentabilité qui se poursuit encore. En 2015, Kafo Jiginew a par ailleurs initié une opération de rating global avec MFR – Microfinanza Rating, un cabinet d’audit international qui évalue et note sa performance financière et sociale. Ces bonnes pratiques assurent une transparence vis-à-vis des bailleurs internationaux comme la Fondation Grameen Crédit Agricole, qui restera engagée aux côtés de ses partenaires pour faire face à la crise actuelle.

Source : Bamada.net