Crise Covid-19 : Des nouvelles opportunités pour les institutions de microfinance

ADA(1), Inpulse(2) et la Fondation Grameen Crédit Agricole s’associent pour suivre et analyser de près les effets de la crise COVID-19 chez leurs partenaires dans le monde. Ce suivi se fera périodiquement tout au long de l’année 2020 dans le but d’évaluer l’évolution des effets de la crise ainsi que les besoins financiers et les mesures d’adaptation mises en oeuvre par nos partenaires. Avec cette analyse régulière et approfondie, nous espérons contribuer, à notre niveau, à la construction de stratégies et de solutions adaptées aux besoins de nos parties prenantes, ainsi qu’à la diffusion et à l’échange d’informations entre les différents acteurs du secteur pour la recherche commune de solutions globales et systématiques.

Cet article est rédigé à partir des réponses fournies entre le 18 et le 27 mai 2020 par 110 partenaires présents dans 47 pays répartis entre l’Europe, l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine, 5 régions (3) et 13 sous-régions du monde(4). Dans notre analyse, nous nous sommes intéressés aux très petites IMF (46 %), avec moins de 5 millions de dollars d’actifs (Tier 3), aux IMF de taille moyenne (47 %), avec un montant d’actifs compris entre 5 et 50 millions de dollars (Tier 2) et aux IMF de taille supérieure (plus de 50 millions d’actifs, Tier 1) à hauteur de 7%.(5)

In summary

La période actuelle ne laisse aucune IMF ou région du monde indifférente. La crise liée au COVID-19 a frappé la plupart des métiers de la microfinance en son cœur. L’ensemble des institutions sondées font face à des problématiques communes en raison de la crise : difficultés pour les déboursements, le recouvrement et la rencontre des clients, entre autres. Ces activités profondément opérationnelles, très liées au contact client et à la rencontre, ont des conséquences financières pour les IMF. La gestion du portefeuille et de son risque sont les défis à court terme que pose la crise d’après plus de 80% de nos partenaires.

Cependant, des différences régionales marquées ressortent de ces travaux. La crise sanitaire, en perpétuelle évolution, n’a pas les mêmes conséquences sur toutes les régions du monde, et la même intensité. Du côté des opérations par exemple, les difficultés ou l’impossibilité de récolter l’épargne n’est pas une problématique pour tout le monde. Cela concerne 55% des IMF d’Afrique Subsaharienne sondées et 60% de celles en Asie du Sud, alors que le sujet n’est que très peu ou pas évoqué dans les autres zones. Cela dépend notamment de la constitution du marché local, et de la capacité pour les institutions à proposer ce produit à leurs clients, en fonction des législations en vigueur. Sur les contraintes que pose la crise, nous remarquons qu’une forte proportion d’IMF d’Amérique Latine et Centrale ainsi que d’Asie Centrale et de la zone MENA témoignent d’une difficulté pour les employés à se déplacer ou rencontrer les clients dans les agences, contrairement aux IMF d’Asie du Sud-Est ou d’Afrique Subsaharienne.

Le portefeuille a risque est également impacté de manière diverse en fonction des zones. Ainsi, seulement 17% des IMF d’Asie Centrale et d’Europe et d’Amérique Centrale et Latine constatent un PAR 30 + R qui a plus que doublé, alors que cela concerne 41% des IMF en Afrique Subsaharienne, 27% de celles d’Asie du Sud et 33% de celles de la zone MENA. Ces régions ne sont pas en reste cependant, puis qu’elles témoignent tout de même d’un PAR 30+R en hausse. Ainsi, au niveau global, 80% des sondés indiquent une détérioration de la qualité du portefeuille, qui représente donc un challenge pour l’ensemble des IMF à court et moyen-terme.

Pour répondre à ces problématiques, les besoins des IMF varient également. Alors que 60% des sondés expriment des besoins supplémentaires en financement, cela est moins le cas pour la zone Europe et Aise Centrale. En effet, 57% des IMF de cette zone indiquent ne pas avoir de besoins additionnels, et 22% considèrent que leurs besoins ont baissé. En revanche, ce sont environ 30% des institutions des régions MENA, Afrique Subsaharienne et Amérique Latine et Centrale qui voient leurs besoins de financements être 20% et 50% au-dessus de ce qu’ils avaient envisagé.
Les informations récoltées témoignent en revanche de la proactivité des IMF face à la crise. A travers le monde, celles-ci ont multiplié les ajustements pour s’adapter à la crise. Entre comités dédiés, plans de continuité et discussions entre toutes les parties prenantes, les institutions ont choisi de ne pas rester muettes face aux conséquences de la crise. Enfin, au-delà des difficultés conjoncturelles, les réflexions menées par la plupart de nos partenaires s’orientent également vers de nouvelles opportunités pour le futur, avec par exemple le ciblage de nouveaux marchés ou le développement de nouveaux produits. Cela pourrait contribuer à l’avenir à une plus grande flexibilité de nos partenaires, bien que cela reste à confirmer.

L’impact de la crise du COVID-19 sur le secteur de la microfinance : le regard de différentes IMF à travers le monde

La rigueur des mesures de confinement est toujours variable selon les pays. 44% des répondants ont indiqué que dans leur pays, un confinement presque total et une restriction de la circulation sont en vigueur. 46 % de nos partenaires, principalement ceux situés en Afrique Subsaharienne et en Amérique Latine et Centrale, ont fait état d’un confinement limité et de restriction partielle de leurs déplacements. Enfin, seulement 10 % des partenaires, principalement situés en Amérique latine, ont déclaré qu’il n’y a pas ou très peu de mesures de confinement. Le contexte de chaque région est différent et largement, ou totalement, déterminé par les actions établies par les autorités gouvernementales sur place. Alors que l’Europe et l’Asie Centrale semblent présenter une plus grande uniformité dans les mesures de confinement, la situation n’est pas la même en Amérique latine où des mesures de confinement restrictives ont été établies dans certains pays tandis que dans d’autres, ce type de mesure n’a pas encore été envisagé.

Un autre aspect important à considérer est le fait que le développement de la pandémie a été progressif dans les différentes régions du monde. Fin 2019, le virus était largement répandu en Chine. En mars il avait été contrôlé en Asie, alors qu’au même moment, l’Europe devenait le nouvel épicentre de la pandémie et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclarait le virus comme “pandémie mondiale”(6). Actuellement, l’Amérique et l’Afrique sont fortement touchées. L’évolution de la pandémie dans les différentes régions du monde détermine également de manière significative le type de réponses apportées par nos partenaires, leur niveau d’affectation et très certainement l’évolution de certains de leurs indicateurs les plus pertinents. Tendances auxquelles nous prêterons attention dans nos prochaines enquêtes et analyses.

La crise du COVID-19 a provoqué un net ralentissement, voire une impossibilité de mener à bien les activités essentielles de nos partenaires

82% de nos partenaires ont déclaré avoir des difficultés ou ne pas pouvoir recouvrir les remboursements des prêts de manière habituelle. Cette difficulté semble avoir des répercussions sur les partenaires de toutes les régions, mais surtout sur ceux des régions MENA (100%), d’Afrique Subsaharienne (85%) et ALC (81%). La deuxième difficulté la plus contraignante, soulignée par 80% de nos partenaires, est l’impossibilité de rencontrer les clients sur le terrain. Les IMF dans la région MENA continuent d’être les plus touchées (100%), suivies par celles situées dans la région EAC (91%) et ALC (81%). La troisième difficulté, manifestée par 74% de nos partenaires, concerne le déboursement de prêts. Cette difficulté est un peu plus exacerbée chez les partenaires situés dans les régions MENA (89% des partenaires de la zone), ALC (81%) et ASS (78%).

En revanche, pour 94% de nos partenaires, la communication avec les clients ne semble pas poser de problème particulier en ces temps. Ceci peut être dû, comme détaillé ci-après, à l’utilisation significative de systèmes digitaux et de technologies numériques pour la communication à distance. De même, 94% des IMF ont déclaré que leurs employés n’ont pas été contaminés par le virus du COVID-19, ce qui représente un résultat très satisfaisant des mesures prises au début de la crise par nos partenaires pour la protection de leur personnel(7).

Les IMF ont connu différentes difficultés financières en raison du COVID-19

Pour 91% de nos partenaires, l’augmentation du portefeuille à risque est la plus grande difficulté financière à laquelle ils ont dû faire face en raison de la pandémie. Il s’agit d’une difficulté rapportée dans toutes les régions et par les IMF de toutes tailles, mais elle concerne 100% des partenaires situés dans la région MENA, 93% de ceux présents en ASS et en Asie, et 91% et 86% de ceux situés dans les régions EAC et ALC, respectivement. La réduction exceptionnelle du portefeuille est également une grande difficulté pour 80% de nos partenaires. Ce constat est principalement fait pour 93% des IMF situées dans la région ASS et 86% de celles présentes en ALC. L’augmentation du coût des matériaux et des équipements et le manque de liquidités ont été des difficultés rencontrées respectivement par 46% et 39% des partenaires.

« Nous pensons que nous n’aurons peut-être pas suffisamment de fonds pour les décaissements à fin juin si la situation s’améliore sur le terrain » – Partenaire en Asie du Sud

Le PAR 30 est déjà, à ce stade, une préoccupation majeure

80 % de nos partenaires ont indiqué que leur PAR 30 avait augmenté en raison de la crise du COVID-19. En détails, pour 12 % des partenaires, il a été multiplié par deux et pour 25 % des partenaires, le PAR 30 a plus que doublé. Pour 43% des partenaires, il a augmenté sans doubler. Les partenaires situés principalement en Asie, en Amérique et en Asie Centrale et Europe sont ceux qui indiquent que leur PAR 30 a augmenté sans doubler, tandis que la plupart des partenaires en Afrique ont signalé une augmentation du PAR 30 de plus du double, suivis par les partenaires dans la région MENA.

Stratégies d’atténuation de la crise : de la restructuration du crédit à l’utilisation de moyens technologiques

Nos partenaires mettent en oeuvre différentes mesures et opérations financières pour atténuer les effets de la crise et s’y adapter. 75% d’entre eux, principalement ceux situés en Asie (87%), ont entrepris la restructuration des crédits de leurs clients. Également, 65% de nos partenaires ont ralenti ou arrêté le décaissement de prêts. Cette mesure a été principalement mise en oeuvre par des partenaires situés dans la région ALC (78%) et bien moins plébiscitée dans la région MENA (44 %).

« Analyse des demandes de rééchelonnement afin de pouvoir accompagner les clients avec des prêts d’urgence, mais c’est au cas par cas » – Partenaire en Afrique de l’Ouest

Une autre stratégie pertinente est l’orientation des prêts vers des clients dans les secteurs moins touchés par la crise, par exemple l’agriculture. Il s’agit d’une mesure citée par 51% des répondants, principalement ceux situés en Afrique et Asie Centrale. Néanmoins, 50% des sondés disent donner la priorité au remboursement des crédits.

De plus, la communication avec les clients est une stratégie prioritaire pour nos partenaires. 73% d’entre eux ont amélioré la communication avec les clients en cette période, et 50% ont lancé une campagne de sensibilisation à l’hygiène pour les clients, que ce soit par SMS, par vidéo, etc.

Enfin, notons que la technologie est un outil important pour faire face à la crise. Les partenaires utilisent des solutions numériques existantes (48%) ou de nouvelles solutions (31%) pour la communication avec les clients ainsi que la gestion des produits et services financiers.

« Nous avons l’intention d’améliorer l’utilisation des approches numériques pour la prestation de services, aider les clients à commercialiser leurs produits et à diversifier leurs activités (…) » – Partenaire en Asie du Sud

Stratégies de gestion des ressources humaines : des mesures d’hygiène à l’utilisation des moyens technologiques

90% des partenaires ont fourni des équipements sanitaires à leur personnel. Les mesures d’hygiène supplémentaires dans les bureaux et de désinfection ont été prises respectivement par 82% et 70% des partenaires sondés. L’organisation des temps de travail et des déplacements sur le terrain est indiquée comme une autre mesure de grande importance pour les IMF, afin de lutter contre la crise sanitaire. 71% des partenaires, principalement ceux situés dans les régions MENA, ALC et Asie, ont mis en oeuvre le télétravail autant que possible. Dans la même optique, 66% des partenaires restreignent ou interdisent les déplacements sur le terrain de leurs équipes. Enfin, 54% des IMF sondées, principalement situées dans la zone MENA et en Amérique, ont réduit les heures de travail et 52% d’entre elles ont baissé les heures de service à la clientèle dans les agences.

L’utilisation du numérique pour maintenir la communication et la possibilité de travailler pour les employés est également pertinente dans un tel contexte d’après nos informations. Ainsi, 82% des IMF utilisent des solutions de réunion virtuelles et 57% utilisent une solution de partage de documents en ligne (principalement celles des régions MENA et ALC). En outre, 46% des sondés ont fourni à leurs employés des ordinateurs portables ou des tablettes (notamment dans la zone MENA, à hauteur de 78 %).

« Nous avons établi deux groupes de communication WhatsApp avec le personnel, un pour parler singhalais et un pour parler tamoul. Ensuite, nous avons eu des communications régulières avec eux pendant le confinement » – Partenaire en Asie du Sud

Mesures de gestion de crise

On peut considérer que nos partenaires ont mis en oeuvre deux grands types de mesures pour gérer la crise COVID-19 de manière pertinente. Le premier groupe de mesures porte sur le développement d’actions internes pour l’analyse et le suivi des effets de la crise : 78% des partenaires ont mis en place un comité de gestion ad hoc de suivi. Ces mesures ont été particulièrement prioritaires pour les partenaires des régions ASS et MENA. 75% des partenaires, principalement ceux situés en Asie et en Afrique Subsaharienne, ont préparé un plan de continuité des activités. 74% des partenaires, plutôt ceux de la région EAC et MENA, ont mis à jour leur plan de liquidité. En outre, 65% des sondés ont réalisé une simulation du scénario le plus défavorable, cette démarche étant davantage mise en place dans la région MENA qu’en Afrique.

Le deuxième groupe de mesures comprend des mesures visant à demander l’appui d’entités tierces. 53 % des partenaires, ceux situés dans la région MENA et ALC notamment, ont demandé un soutien financier aux bailleurs de fonds et à leurs partenaires financiers. 52%, notamment ceux situés dans la région MENA, ont également négocié avec les prêteurs pour arranger le remboursement de leurs prêts. De plus, 37% des partenaires, en particulier ceux situés en Asie et en Afrique subsaharienne, ont demandé un soutien en assistance technique de la part des bailleurs de fonds et des partenaires. Ces trois démarches ont été moins développées par les partenaires situés dans la région EAC, dont la demande d’assistance technique se démarque moins.

30 % de nos partenaires ont déclaré qu’ils n’avaient pas de besoins de financement supplémentaires et 12 % ont indiqué que leurs besoins avaient diminué depuis le début de la crise. Ces réponses proviennent principalement de partenaires situés dans la région EAC.

Au contraire, 58% des partenaires ont indiqué qu’ils auraient besoin de financements pour des montants supérieurs à leurs prévisions. Parmi eux, 28%, principalement ceux situés en Asie et dans la région MENA, ont déclaré qu’ils auraient besoin de fonds supplémentaires, entre 0% et 20% de leur budget. 24%, et plutôt ceux présents dans la région MENA, ont déclaré qu’ils auraient besoin de 20% à 50% de fonds en plus. Enfin, 6% des IMF, en particulier celles situées en Asie, ont déclaré que leurs besoins dépassent 50% des montants prévus.

Perspectives d’avenir : des nouveaux marchés et nouveaux produits

À ce stade, une majorité de nos partenaires (57%), ont exprimé leur intérêt à concentrer davantage leurs activités vers le secteur agricole. Cette hypothèse est particulièrement soulevée par les partenaires des régions Afrique, Asie et EAC. Cela peut être dû à la fois à l’augmentation des besoins des clients dans ce secteur, ou à son identification comme l’un des secteurs d’activité les moins touchés par la crise du COVID-19 (aspects déjà envisagés dans les articles élaborés par Inpulse et la Fondation Grameen Crédit Agricole)(8). Cette hypothèse sera importante à étudier dans nos travaux futurs puisque le secteur agricole représente des enjeux à la fois économiques, sociaux et environnementaux, tels que la concentration d’une partie importante du portefeuille de nos partenaires, mais aussi la création d’emplois dans certains pays et une interaction potentiellement négative avec le changement climatique en cours.

Enfin, d’autre part, 37 % de nos partenaires prévoient de lancer des programmes d’éducation financière et 27 % imaginent se concentrer davantage sur les femmes comme clientes.

« Nous prévoyons de promouvoir l’éducation numérique pour les clientes femme (culture numérique) » – Partenaire en Amérique du Sud

Il s’agit là de secteurs traditionnellement abordés dans le secteur de la microfinance. Mais notons que 25% de nos partenaires ont également manifesté leur intérêt pour le lancement de produits financiers “verts”, liés à la protection de l’environnement. Cet intérêt pourrait démontrer la prise de conscience accrue de nos partenaires sur les problèmes environnementaux liés à leurs actions. Nous interrogeons le fait de savoir si cela représente le renforcement de la microfinance verte en raison de la crise du COVID. Enfin, il faudra voir quel type de produits verts nos partenaires cibleraient dans les mois à venir. Ces questions seront pertinentes dans nos prochains travaux.

En revanche, le lancement de produits de micro-assurance liés à l’hygiène, le risque de décès, la santé ou les risques environnementaux ne semble pas pertinent pour nos partenaires. De plus, 22% des sondés indiquent ne pas prévoir de s’orienter vers de nouveaux marchés ou développer de nouveaux produits.

_____________________________________________________________________________

(1) ADA : //www.ada-microfinance.org/fr
(2) Inpulse : //www.inpulse.coop/
(3) Les régions et sous-régions concernées sont les suivantes : Asie (Asie du Sud et Asie du Sud-Est), EAC (Europe orientale et australe et Asie occidentale et centrale), ALC (Caraïbes, Amérique centrale et Amérique du Sud), MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et ASS (Afrique centrale, Afrique de l’Est, Afrique australe et Afrique de l’Ouest).
(4) Le nombre total d’IMF ayant répondu à l’enquête pour chaque région est le suivant : Asie:15, CAE : 23, LAC : 36, MENA : 9, SSA : 27. Pour un total de 110 institutions.
(5) Cette classification correspond à celle traditionnellement utilisée dans le secteur de la microfinance, plus d’information ici
(6) Propagation analysis and prediction of the COVID-19 ici
(7) D’après les articles de Inpulse et de la Fondation, ces mesures étaient principalement axées sur les campagnes de sensibilisation à l’hygiène et le télétravail
(8) Idem

La Fondation lance son nouveau site internet

 

2020, une nouvelle décennie s’ouvre et la Fondation Grameen Crédit Agricole l’aborde avec enthousiasme et modernité. Créée il y a près de 12 ans, la Fondation soutient aujourd’hui 85 institutions de microfinance et des entreprises à impact social dans les pays émergeants, notamment en Afrique et en Asie. Afin de mieux communiquer sur son action et de valoriser les actions et projets communs avec ses partenaires, la Fondation publie un tout nouveau site internet, plus moderne, dynamique et ergonomique.

LES RUBRIQUES

Ce nouveau site vous permet de découvrir les chiffres clés de la Fondation, ses activités et ses actualités. Une rubrique spéciale est dédiée à Banquiers solidaires, le programme de volontariat de compétences ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole pour soutenir les institutions de microfinance et entreprises sociales financées par la Fondation.

L’ACCÈS RAPIDE

Le menu « Accès rapide » permet d’accéder aux projets développés avec le groupe Crédit Agricole ainsi qu’à la plateforme des organisations soutenues par la Fondation. La plateforme cartographie l’ensemble des partenaires et consacre une fiche par organisation soutenue pour mettre en avant leur action et leur impact. Elle a été réalisée avec le soutien financier de CA Life Insurance Europe (CALIE), qui a choisi la Fondation comme projet bénéficiaire dans le cadre de son 20e anniversaire.

Ce site est le vôtre : administrateurs, réseau Grameen, Caisses régionales et entités du Crédit Agricole, bailleurs de fonds, partenaires techniques, organisations soutenues. C’est notre façon aussi de vous rendre hommage.

Découvrez la vidéo des 10 ans de la Fondation

[Interview] Le FIR promeut les valeurs au cœur de CA Normandie Seine

Interview de Nicolas Denis, Directeur général, CA Normandie-Seine

© Didier Gentilhomme

Lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole, le fonds Finance Inclusive en milieu Rural (FIR) permet aux entités du groupe Crédit Agricole d’investir en faveur de la microfinance et de l’entrepreneuriat social dans les pays émergents. Contributrice du fonds à hauteur de 500 000 €, la Caisse régionale Normandie-Seine y voit une démarche responsable en phase avec les actions qu’elle mène sur son territoire.

– Quels objectifs votre Caisse poursuit-elle en investissant dans le fonds FIR ?

Nicolas Denis, Directeur général Crédit Agricole Normandie-Seine : Les valeurs de responsabilité sociale sont au cœur du projet d’entreprise de notre Caisse régionale, elles sont dans notre ADN. Il est pour nous naturel de s’associer au fonds FIR porté par la Fondation Grameen Crédit Agricole car il promeut ces mêmes valeurs. L’impact est de lutter contre la pauvreté en ouvrant l’accès aux services financiers aux communautés rurales de pays en développement. Cela s’inscrit dans la continuité d’actions que la Caisse régionale conduit déjà, par exemple en accompagnant et en finançant des entreprises responsables telles le producteur d’huiles écologiques Olvea, le fabricant de gommes d’acacia durables Nexira ou encore le dispositif luttant contre la malnutrition en zones rurales Nutriceps.

– Quel regard portez-vous sur ces nouveaux investissements à impact social ?

En tant que Caisse régionale, notre action économique participe pleinement de la vie sociale des territoires. Nous jouons un rôle de soutien et d’accompagnement dans de nombreuses initiatives dont les effets sont bénéfiques sur le plan local. La microfinance, l’entrepreneuriat social et responsable sont des réalités dont nous soutenons le développement. Notre Caisse soutient l’ADIE, spécialiste du microcrédit entrepreneurial, le Réseau Entreprendre ainsi que les Plateformes d’initiatives locales pour les prêts d’honneur. De même, nous participons aux plateformes de financements participatifs comme Tubigo, Babyloan et Miimosa. Nous sommes aussi présents aux côtés de l’AFDI en Normandie, un organisme qui tisse des liens entre les professionnels agricoles français et des projets au Cambodge ou au Mali, notamment.

– Ces modèles représentent-ils un espoir, un avenir ?

À titre personnel, je suis frappé de voir à quel point ces nouveaux modèles foisonnent et sont porteurs. Lorsqu’on les pratique, le crowdfunding et le microcrédit se révèlent être bien plus que des voies nouvelles de financement. Ce sont aussi d’excellents véhicules d’information et d’intégration sociétale des projets qui accélèrent la rencontre entre une offre et les publics. Outre le fonds FIR, nous accompagnons cette année le fonds Femmes & Challenges destiné aux femmes entrepreneures agissant en faveur de l’égalité femme-homme. Nous le constatons chaque jour : en prise directe avec l’économie réelle et la société, ces démarches sont de formidables outils d’une transformation sociale.

Source : Rapport intégré 2019, Fondation Grameen Crédit Agricole. A télécharger ici

Nouveaux signataires pour protéger la microfinance face aux effets économiques du Covid-19

Face à la crise sanitaire et économique provoquée par le Covid-19, un groupe des bailleurs de fonds, plateformes et acteurs clés du secteur de la finance inclusive  en microfinance ont établi un engagement commun : « Principes clés pour protéger les institutions de microfinance et leurs clients dans la crise du Covid-19 ». A l’initiative de la Fondation Grameen Crédit Agricole, cet engagement a été construit en consensus avec tous les premiers signataires. L’objectif est de protéger aussi bien les institutions de microfinance que leurs clients pour garantir un accès continu au financement dans les meilleures conditions possibles et veiller au bien-être des clients et du personnel.

L’engagement vise à guider les parties prenantes afin de mieux soutenir les institutions de microfinance et les clients vulnérables pendant cette crise. Les principes fondamentaux de cet engagement sont la mise en commun des informations, analyses et anticipations disponibles ainsi que la mise en œuvre concertée des décisions partagées. Les signataires conviennent de coordonner les politiques, l’assistance technique et les ressources afin d’aider les institutions de microfinance à faire face à cette crise sans précédent.

Depuis sa publication en mai, six nouvelles organisations ont signé l’engagement. Cette initiative compte aujourd’hui 26 signataires actifs en Afrique, en Asie, en Europe de l’Est et en Amérique latine : ADA, Alterfin, Azerbaijan Micro-finance Association, Bamboo Capital Partners, CERISE, CIDR Pamiga, Cordaid Investment Management, Crédit Agricole CIB Inde, Crédit Agricole Indosuez Wealth (Asset Management), Crédit Agricole S.A., European Microfinance Network, Fondation Grameen Crédit Agricole, FS Impact Finance, GAWA Capital, InFiNe.lu, Inpulse, Kiva, Luxembourg Microfinance And Development Fund, MCE Social Capital, Microfinance African Institutions Network, Microfinance Center, Rabo Foundation, SIDI, SIMA, Social Performance Task Force et Whole Planet Foundation.

Les signataires invitent d’autres parties prenantes à se joindre à cette initiative commune. La coordination des efforts pour soutenir les actions des institutions de microfinance est essentiel pour surmonter cette crise.

Télécharger l’engagement

Les démarches responsables des institutions face aux effets du Covid-19

Par Fondation Grameen Crédit Agricole

En avril dernier, l’étude d’Africa’s Pulse, revue du groupe de la Banque Mondiale, estimait que la croissance économique en Afrique subsaharienne passerait de +2,4% à une fourchette comprise entre -2,1% et -5,1% ce qui constituerait la première récession dans la région depuis 25 ans. Cette récession devrait frapper les pays dépendants des exportations minière et pétrolières tandis que les pays ne disposant pas de ressources naturelles devraient afficher une croissance ralentie mais positive.

La Fondation Grameen Crédit Agricole, en lien permanent avec son réseau de 80 institutions de microfinance (IMF) et entreprises sociales partenaires présentes dans 40 pays, continue son travail de collecte d’informations, d’analyse et de partage de ses observations. Les témoignages privilégiés de nos partenaires nous permettent de continuer notre suivi de la crise et de ses conséquences. Sur ce dernier questionnaire nous nous sommes concentrés sur deux aspects particuliers : les adaptations opérationnelles des IMF et le rôle des agents de crédit pendant cette crise.

En synthèse

La crise économique est devenue une réalité pour la grande majorité des institutions de microfinance accompagnée par la Fondation Grameen Crédit Agricole. Elles ont quasiment toutes mis en place des programmes massifs de reports d’échéance pour faciliter la reprise économique de leurs emprunteurs.

Les agents de crédits de ces Institutions constituent le point de contact privilégié entre les clients et les institutions de microfinance. Ils passent près de la moitié de leur temps de travail à étudier les demandes de reports des échéances de crédits et à les mettre en place.

Les institutions ont rapidement adopté des programmes d’allègement de leurs charges, en veillant à la protection sociale de leurs employés et à la sauvegarde des emplois. Seules 12% d’entre elles ont procédé à des licenciements économiques de collaborateurs ce qui est relativement faible comparativement aux moyennes nationales. En revanche, les institutions reportent leurs programmes de recrutements et une grande partie de leurs investissements. Elles semblent également chercher à orienter leurs financements vers des secteurs considérés aujourd’hui comme moins risqués. C’est notamment le cas de l’agriculture. Cette observation est récente. Elle reste à confirmer et sera suivi attentivement dans nos prochains points d’actualité.

En cherchant pro activement des remparts à la crise, en assurant des démarches responsables, les IMF sont dans la bonne voie : les solutions innovantes d’aujourd’hui pourront également être leurs succès de demain.

Les institutions se concentrent désormais sur le traitement des risques

Alors que la crise sanitaire semble marquer le pas dans les pays ayant adopté les mesures les plus efficaces, les plans de sortie du confinement permettent d’entrevoir une reprise très progressive de l’activité économique. Nos derniers résultats confirment ce que nous observons depuis plusieurs semaines : la capacité d’adaptation remarquable des institutions de microfinance face à une crise sans précédent.

Près de 90% des institutions ont mis en place un comité de crise, présidé par le Directeur général et réunissant le comité de direction, pour piloter les différentes décisions et affronter les effets de la crise. Ce comité se tient généralement toutes les semaines.

« Nous avons créé une “équipe de gestion de crise” composée des membres du comité exécutif et soutenue par le président du conseil d’administration chaque fois que cela est nécessaire. Nous avons une réunion hebdomadaire avec le conseil d’administration pour faire le point sur la situation et valider les principales décisions » – Partenaire au Myanmar

Les effets de la crise se font désormais sentir sur 81% des partenaires sondés qui font état d’une montée des risques sur leur portefeuille de clientèle. Y répondre concentre l’essentiel des efforts des institutions de microfinance, désormais, au détriment d’autres activités considérées aujourd’hui comme moins essentielles (elles étaient près d’une sur deux à fournir ce type de prestations début avril contre une sur trois aujourd’hui). Cette diminution de l’activité destinée à la fourniture de services non financiers (campagne de sensibilisation, d’information, fourniture d’équipements…) permet une croissance forte des activités dédiées à la restructuration des crédits.

« Pour soutenir nos clients au cours des prochains mois, nous proposons la suspension des versements du principal et des intérêts à tous les clients qui n’étaient pas dans le portefeuille à risque au 1er mars. A ce jour, 75% des clients contactés ont accepté. La procédure va se poursuivre » – Partenaire en Côte d’Ivoire

Les institutions s’adaptent sur les plans financier et de l’activité

Le tableau ci-après montre la progression des difficultés rencontrées et les moyens d’atténuation mis en œuvre pour y faire face.

Sur le plan financier

La volatilité des monnaies dans ce contexte pèse sur les trésoreries des institutions : 64% des répondants hors zone Franc CFA font ainsi face à une forte dévaluation de leur monnaie locale face au dollar. Cette dévaluation impacte directement les institutions qui se sont endettées dans cette monnaie puisqu’elles-mêmes perçoivent très majoritairement les intérêts de microcrédit en monnaie locales.

« La situation s’aggrave encore avec la dévaluation importante du KGS au cours des derniers mois, ce qui contribue à augmenter le coût de couverture de change » – Partenaire au Kirghizstan

Les informations fournies par nos partenaires lors de ce sondage confirment aussi les dispositions quasi-obligatoires prises par les IMF pendant la crise : 67% des IMF interrogées ont réduit ou arrêté les décaissements de microcrédits. Dans une même proportion les institutions ont commencé à restructurer massivement les prêts accordés aux petits emprunteurs en accordant des reports d’échéances de 3 mois, en moyenne. Ces périodes de moratoires constituent un élément véritablement essentiel de la gestion de crise, à tous les niveaux. Qu’ils soient mandatés par les régulateurs locaux, ou proposés spontanément par les IMF, ils permettent aux emprunteurs de bénéficier d’un allègement des charges avant une reprise de leurs activités. De la même façon, les nombreux processus de reports des échéances des investisseurs permettent aux IMF de conserver de précieuses liquidités dans une période d’incertitude. La Fondation Grameen Crédit Agricole a ainsi accordé de nombreux reports d’échéance en avril, en parfaite concertation avec les autres prêteurs.

La crise n’entame pas pour autant la proactivité des IMF et les incite à s’adapter. Pour cela, certaines cherchent des secteurs plus résilients dans ce contexte de crise économique. C’est ainsi que nous avons constaté que 40% des institutions envisagent de s’orienter vers le secteur agricole alors que ce secteur était plutôt délaissé car considéré comme plus risqué avant la crise. Ce point sera particulièrement suivi lors des prochains questionnaires tant ce pourcentage nous semble marquer un changement d’attitude notable. Cette nouvelle orientation est envisagée par plus de la moitié d’IMF dont le montant des prêts agricoles ne dépasse pas un tiers de leur portefeuille, mais également par des IMF très rurales et agricoles. Il est encore trop tôt pour le dire mais la crise actuelle pourrait encourager les institutions à découvrir des secteurs traditionnellement délaissés.

« Nous allons de l’avant avec des plans sur le financement rural et agricole » – Partenaire en Sierra Leone

Sur le plan de l’activité

Concernant l’activité, les difficultés de déplacement des équipes tendent à se résorber quelque peu : 55% éprouvent des difficultés en mai contre près de 80% en avril. En revanche, les réunions de groupe sont toujours prohibées, l’interdiction est d’ailleurs en croissance, ce qui pénalise les processus relationnels des institutions, en premier lieu avec les clients qui n’ont pas d’alternative aux prêts solidaires.

« Les réunions de groupe étaient hebdomadaires ou bihebdomadaires pour les remboursements et les rencontres sociales. Sans réunion de groupe, vous ne pouvez plus exiger le remboursement » – Partenaire au Kenya

Sur le plan social, seulement 12% des sondés ont dû se séparer d’employés depuis le début de la crise ce qui est cependant assez peu en comparaison des moyennes nationales de croissance des chiffres du chômage. Nos partenaires semblent suivre le premier principe érigé par SPTF (1)  « Keep staff employed » selon lequel « les employés d’aujourd’hui seront les atouts demain ». Pour un grand nombre de nos partenaires, se séparer de salariés en période critique semble une perte plus importante qu’un léger gain économique conjoncturel. En revanche, les anticipations pèsent déjà sur les projets de croissance et de développement de nos partenaires puisque près d’une institution sur deux a mis en attente ces projets de recrutement en cours. Cette incertitude pèse également sur les projets organisationnels avec 41% des IMF interrogées qui ont décidé de reporter ce type de projets internes.

La protection du personnel est toujours un point de vigilance avec 90% des IMF qui continuent à lui fournir des moyens importants et à lui rappeler les gestes barrières. Dès le début de la crise, nos partenaires ont pris des décisions rapides pour diminuer le poids de leurs charges fixes et limiter le risque d’exposition à la crise sanitaire : congés payés obligatoires (52%), télétravail (62%), rotation des équipes réduction du temps de travail (57%) ou encore réduction des horaires d’ouverture des agences (52%). Le niveau d’avancement de digitalisation interne de certaines institutions a favorisé ces mutations organisationnelles. C’est le cas notamment pour nos partenaires en Europe et en Asie Centrale, qui bénéficient de nombreux outils électroniques et en ligne.

« La plupart d’entre nous, au siège, travaillons à distance, grâce à notre propre système informatique à distance qui permet à tous les départements de continuer à travailler sans problème » – Partenaire en Géorgie

La crise actuelle qui, nous l’avons vu, limite les capacités de « business as usual » des IMF, nous a amené à étudier l’adaptation du métier d’agent de crédit, au cœur du métier de la microfinance. Certaines missions restent les mêmes, notamment pour les IMF dans les pays les moins affectés : déboursements de prêts (43%), suivi des remboursements (38%) ou analyse des dossiers clients (43%).

La restructuration de prêts en cours prend une place de plus en plus importante dans le quotidien des agents de crédit (43%), avec l’encouragement à utiliser des paiements mobiles (36%) et la rédaction des avenants liés aux reports d’échéances (31%).

Tout comme dans le secteur de la banque de détail, où le chargé de clientèle a démontré toute son importance en période de crise, les agents de crédits des institutions de microfinance sont le lien privilégié des clients. 81% des sondés affirment que le rôle essentiel des agents de crédits est de maintenir le contact avec les clients et/ou les leaders de groupes de crédit.

Nous maintenons le contact avec tous les clients individuels, les chefs de groupe et les présidents de banque de village par le biais de canaux digitaux et téléphoniques. – Partenaire en Zambie

Renforcer l’interaction avec les clients par téléphone (intelligent) ou autres appareils numériques et réaliser le recouvrement par l’intermédiaire du chef de groupe si possible – Réseau international d’IMF

Cette démarche essentielle et massive est d’autant plus à privilégier qu’elle est reconnue par la Social Performance Task Force (SPTF) dans ses principes responsables de crise ,  comme étant essentielle en période de fragilité de la clientèle. Remarquons également que 33% des IMF ont initié des sondages auprès de leurs clients pour mieux comprendre leurs besoins et proposer des offres et services adaptés. Pour près de la moitié des IMF (43%) les conseillers ont également le rôle de « conseiller sanitaire » en rappelant les bonnes mesures d’hygiène, c’est le cas notamment en Afrique de l’Ouest et en Europe.

“L’un des meilleurs investissements que vous puissiez faire en ce moment est de maintenir un contact rapproché avec vos clients. Beaucoup ne peuvent pas effectuer de paiements, mais ils représentent malgré tout des atouts précieux”. – SPTF

__________________________________________________

(1) SPTF est une organisation à but non lucratif qui s’engage avec des parties prenantes de la finance inclusive pour développer et promouvoir des normes et bonnes pratiques de gestion de la performance sociale.

Crédit Agricole et Dai-ichi Life s’associent pour la microfinance en faveur des femmes

©Philippe Lissac

14 mai 2020. Parmi les 1,7 milliard d’adultes non bancarisés à travers le monde, les femmes sont surreprésentées : environ 980 millions d’entre elles ne possèdent pas de compte bancaire, ce qui correspond à 56 % des personnes non bancarisées dans le monde (Banque mondiale). Elles font donc partie de la population cible de la microfinance, qui fournit une gamme de produits et de services financiers aux personnes exclues du système bancaire.

Afin de soutenir le développement de la microfinance en faveur des femmes, Dai-ichi Life Insurance Company Limited, la succursale de Crédit Agricole CIB à Tokyo et la Fondation Grameen Crédit Agricole ont mis en place un dispositif innovant. Dai-ichi Life Insurance Company a investi 2 milliards de yens dans un schéma de prêt sur 10 ans, structuré par Crédit Agricole CIB, pour favoriser la microfinance en faveur des femmes. Ce dispositif permettra à la Fondation Grameen Crédit Agricole de soutenir les institutions de microfinance qui accompagnent les femmes et les entreprises sociales dans les économies rurales des pays en développement.

Il s’agit du tout premier programme de prêt de ce type mis en place par le groupe Crédit Agricole. « Cette opération hors du commun illustre parfaitement les Ambitions du Projet Groupe 2022. Elle réaffirme notre modèle orienté vers les clients et nos efforts visant à leurs proposer des solutions innovantes en Asie, tout en renforçant notre engagement en faveur de l’investissement responsable », déclare Michel Roy, Senior Regional Officer de Crédit Agricole CIB pour l’Asie-Pacifique.

Avec ce partenariat, Dai-ichi Life Insurance Company renforce son engagement en faveur des investissements à fort impact social. « Nous sommes honorés de soutenir financièrement la Fondation Grameen Crédit Agricole et son action en faveur de l’inclusion financière et entrepreneuriale des femmes dans les pays en développement. En tant qu’investisseur institutionnel responsable, Dai-ichi Life continuera à s’engager activement dans les investissements ESG et contribuer à la mise en place d’un cadre social durable dans le monde », a affirmé Tetsuya Kikuta, Directeur et cadre exécutif de la société.

Pour la Fondation, il s’agit d’une formidable opportunité de renforcer son action dans les pays en développement. « Aux côtés de Crédit Agricole CIB et de Dai-ichi Life, nous allons accroître notre soutien en faveur de l’autonomisation des femmes par le biais de la microfinance et de l’entrepreneuriat féminin. Nous sommes très fiers de faire partie de ce partenariat innovant et unique dans l’histoire du groupe Crédit Agricole », a commenté Eric Campos, Directeur général de la Fondation Grameen Crédit Agricole.

Une coalition internationale pour protéger les institutions de microfinance et leurs clients dans la crise du Covid-19

©Philippe Lissac

A l’initiative de la Fondation Grameen Crédit Agricole, un groupe de bailleurs de fonds et de plateformes de la microfinance a travaillé sur un ensemble de principes pour mieux soutenir le secteur de la microfinance dans la crise sanitaire et économique provoquée par le Covid-19. Grameen Crédit Agricole Foundation, ADA, Alterfin, Cerise, CIDR Pamiga, Cordaid Investment Management, Crédit Agricole CIB Inde, CA Indosuez Wealth (Asset Management), European Microfinance Network, FS Impact Finance, InFiNe.lu, Inpulse, Luxembourg Microfinance And Development Fund, MCE Social Capital, Microfinance Center, Rabo Foundation, SIDISIMA And Social Performance Task Force sont les premiers signataires d’un engagement commun qui vise à soutenir les institutions de microfinance et les clientèles fragiles pendant cette crise.

A l’échelle mondiale, les institutions de microfinance fournissent des produits et des services financiers et non financiers à plus de 140 millions de clients à faible revenu [1]. La microfinance joue un rôle essentiel dans le financement d’activités génératrices de revenus dans le secteur formel mais également dans le secteur informel. Dans le contexte de la crise du Covid-19, les microentreprises de l’économie informelle et les petites entreprises forment une pièce maîtresse dans la reprise économique et sociale.  Soutenir les institutions de microfinance dans ce contexte revêt dès lors une importance capitale pour protéger leurs emprunteurs les plus vulnérables.

Face à ces enjeux, un groupe de bailleurs et plateformes de la microfinance ont relevé le défi et établi un engagement commun : « Principes clés pour protéger les institutions de microfinance et leurs clients dans la crise du Covid-19 ». Il vise à guider les bailleurs et les autres parties prenantes afin de mieux soutenir les institutions de microfinance et les clientèles fragiles pendant cette crise. Il s’inspire des meilleures pratiques et des outils du secteur de la microfinance, tels que les travaux effectués par le Social Performance Task Force [2] et les principes d’IAMFI sur le rééchelonnement de la dette en microfinance [3].

Les principes fondamentaux de cet engagement sont la mise en commun des informations, analyses et anticipations disponibles ainsi que la mise en œuvre concertée des décisions partagées. Les signataires conviennent de coordonner les politiques, l’assistance technique et les ressources afin d’aider les institutions de microfinance à faire face à la crise. L’objectif est de protéger aussi bien les institutions de microfinance que leurs clients pour garantir un accès continu au financement dans les meilleures conditions possibles et veiller au bien-être des clients et du personnel.

Étant donné que les obligations et mandats individuels peuvent influer sur la manière dont les dispositions de l’engagement sont mises en œuvre, il ne s’agit pas d’un accord juridiquement contraignant. Ce n’est pas un document figé ; il pourrait être amélioré si besoin pour mieux répondre à l’évolution de la crise. Les signataires de l’engagement maintiendront une communication ouverte avec leurs pairs, pour partager leurs décisions et pour se conformer à ces principes.

Les signataires invitent d’autres parties prenantes à se joindre à cette initiative commune et engagée. L’implication des acteurs privés, publics et solidaires est au cœur du suivi et du soutien aux actions des institutions de microfinance au niveau mondial. Il est essentiel de renforcer l’impact de l’inclusion financière pour lutter contre la pauvreté dans ce contexte sans précédent.

Télécharger l’engagement

—————————————————-

[1] Baromètre de la microfinance 2019
[2] //sptf.info/resources/covid19
[3] Charting the Course: Best Practices and Tools for Voluntary Debt Restructurings in Microfinance, IAMFI, Morgan Stanley, 2011. The document is available on Findev Gateway  

[Interview] CA Centre-est renforce son soutien à l’opération Centimes solidaires

Interview d’Aurélie Bellemin, Directrice, Fondation Solidarités by CA Centre-Est

©FGCA

Au sein de groupe Crédit Agricole, Centimes solidaires prend son envol. Après une première édition réussie en 2018 sur les Campus de Montrouge et Saint-Quentin, la nouvelle édition s’est déroulée du 18 au 22 novembre 2019. Organisée par la Fondation Grameen Crédit Agricole, Crédit Agricole S.A. et CA Centre-est, l’opération a changé d’échelle et s’est étendue aux trois restaurants d’entreprise du CA Centre-est Lyon-Champagne-au-Mont-d’Or, Bourg-en-Bresse et Mâcon).

Avec plus de 8 600 € collectés sur l’ensemble des sites, les fonds financeront le programme ICI d’Entrepreneurs du Monde qui accompagne des projets d’entrepreneuriat portés par des réfugiés, des parents isolés et des personnes sans domicile fixe.

— Qu’est-ce que l’opération Centimes solidaires ?

Aurélie Bellemin, Déléguée générale : C’est une belle aventure collective au sein du Crédit Agricole pour financer des projets à impact social. Sur 5 sites du Groupe, les collaborateurs peuvent, s’ils le souhaitent, effectuer un don de 50 centimes (ou plus !) lorsqu’ils passent en caisse au moment de payer leurs repas dans les restaurants collectifs. Le bel accueil reçu par l’initiative en 2018 à Montrouge et Saint-Quentin a incité CA Centre-est à s’associer à l’opération et à l’organiser sur nos trois sites  en 2019.

— Quel bilan tirez-vous de cette édition ?

La générosité des collaborateurs, de notre prestataire et de la Caisse régionale a permis de collecter 1360 €, complétés par un abondement de la caisse régionale. Centimes solidaires est une action qui diffuse l’esprit mutualiste propre au Crédit Agricole. Les collaborateurs participent et se sentent concernés par les effets concrets de l’opération.

— Justement, à quoi sont employés les fonds collectés ?

Pour la seconde année, nous reversons la collecte à l’ONG Entrepreneurs du Monde pour financer son projet Incubation, Création, Inclusion (ICI), un programme qui vise à aider l’insertion des personnes fragilisées grâce à la création de microentreprises. Les bénéficiaires sont formés et accompagnés par des bénévoles et des experts pour concrétiser des projets professionnels, avec un accent mis sur le numérique d’une part et sur la restauration durable d’autre part. Grâce aux dons de 2018, une quarantaine de formations ont déjà été financées.

— Avez-vous des exemples de bénéficiaires ?

Oui, lors du lancement de l’opération en novembre, les collaborateurs du Crédit Agricole de Montrouge et de Lyon ont rencontré Rania, soutenue via Centimes solidaires, venue nous présenter le projet entrepreneurial qu’elle a créé. Rania est une réfugiée syrienne qui a réussi grâce à l’accompagnement d’Entrepreneurs du Monde, à lancer son activité de traiteur à base de spécialités syriennes. Ce type de rencontre aide à changer de regard sur les réfugiés et à comprendre, qu’au-delà des idées reçues, il s’agit de destins humains inspirants.

___________________________________________________________

Source : Rapport intégré 2019, Fondation Grameen Crédit Agricole. A télécharger ici

Voir la Vidéo Centimes Solidaires

[Interview] Palmis Enèji : pour une énergie propre et accessible en Haïti

Interview de Jean-Farreau Guerrier, Coordinateur, Entrepreneurs du Monde Haïti

©Nicolas David

L’accès à une énergie propre est essentiel pour répondre aux besoins des populations, notamment dans les zones rurales ou enclavées. En Haïti, l’entreprise sociale Palmis Enèji, dont la Fondation est actionnaire, apporte une solution avec des équipements de cuisson et d’éclairage écologiques et économiques. Coordonné par l’ONG Entrepreneurs du Monde, le projet poursuit son développement. Il a notamment bénéficié d’une mission Banquiers solidaires via la Fondation dans la perspective d’une prochaine levée de fonds.

– Présentez-nous Palmis Enèji. En quoi est-ce une entreprise sociale adaptée en Haïti ?

Jean-Farreau Guerrier, coordinateur : Palmis Enèji est une entreprise sociale haïtienne spécialisée dans la distribution et la maintenance d’équipements propres pour la cuisson et l’éclairage destinés aux ménages les plus en difficulté en Haïti. Dans notre pays, la situation est critique et rend l’action nécessaire. Déjà parmi les plus pauvres de la planète, Haïti traverse une crise qui affecte durement sa population. Les manifestations de rue sont fréquentes, la situation sécuritaire se dégrade, certaines zones sont complètement inaccessibles. Touchés par une inflation de près de 20 %, les ménages perdent en pouvoir d’achat, 62 % d’entre eux restent privés d’accès à l’électricité et jusqu’à 85 % en zones rurales. En conséquence, les familles s’éclairent à la bougie ou au kérosène et cuisent au charbon de bois. Avec ses réchauds et ses lampes solaires, Palmis Enèji propose des solutions pour remplacer ces méthodes rudimentaires.

– Quels sont les impacts socio-économiques de vos actions ?

Grâce à des partenariats avec des institutions de microfinance, Palmis Enèji propose des solutions de financement qui facilitent l’acquisition des équipements. De nombreux ménages et professionnels se convertissent ainsi à la cuisson au gaz GPL, bien moins nocive que la cuisson au charbon de bois. Les familles les plus démunies vivant en zones rurales n’ont quasiment pas accès au GPL, elles utilisent alors nos réchauds à charbon amélioré, qui consomment 20% à 30% de moins que des réchauds traditionnels. Nos lampes solaires les fournissent aussi en lumière, un éclairage plus sain et plus confortable que la bougie. Ces solutions permettent aux familles les plus démunies de réaliser des économies tout en réduisant leur empreinte écologique : nous estimons avoir contribué à épargner plus de 153 000 tonnes de bois de forêt et à réduire de plus de 203 000 tonnes les émissions nocives de CO2. Enfin, Palmis Enèji soutient l’activité économique avec un réseau de microentreprises franchisées. Les paroles d’un de nos revendeurs témoignent de l’utilité sociale : « Je suis fier de voir la lumière briller dans nos familles. »

– Quels prochains développements envisagez-vous ?

Nous poursuivons l’objectif fort de rendre accessible à tous et dans chaque village nos équipements bénéfiques pour la santé et pour l’environnement. Pour cela, nous donnons priorité à trois chantiers : l’accès au GPL grâce à des centres de distribution dans le centre du pays et dans le département de la Grande-Anse ; le développement du service après-vente et la diversification de notre gamme de produits.

___________________________________________________________

Source : Rapport intégré 2019, Fondation Grameen Crédit Agricole. A télécharger ici