La finance digitale, une arme contre l’exclusion ?

Notre partenaire ADA passe à l’action avec la ” Digital Finance Initiative ” (ou DFI) qui vise à faciliter et cofinancer la mise en place des solutions digitales par les institutions de microfinance dans 12 pays d’Afrique Sub-Saharienne. Couvrant une période de 5 ans, de 2017 à 2021, ce projet ambitieux permettra d’offrir un accès aux services bancaires rapide, bon marché et sécurisé.

Un accompagnement en 3 étapes

1e étape : atelier initial d’identification des priorités
L’atelier DFI rassemble les cadres dirigeants des IMF pendant une semaine. Il vise à leur donner une vision complète des différents enjeux, opportunités et contraintes que représentent les nouvelles technologies. Il leur donne les clés pour analyser tous les scénarios possibles d’intégration du digital dans leur stratégie et pour évaluer les impacts attendus en termes techniques, mais aussi opérationnels, financiers et réglementaires. L’objectif est que les participants ressortent de l’atelier avec des idées claires sur la stratégie digitale qu’ils souhaitent adopter.

2e étape : phase de pré-projet : définition d’un projet digital
Les IMF qui souhaitent poursuivre l’aventure font d’abord valider leur nouveau projet par leur gouvernance. Ensuite, soutenues par le responsable ADA en charge du projet « Digital Finance Initiative » et des consultants locaux, elles peuvent lancer leur plan d’action. Ce plan prévoit l’établissement d’un cahier des charges, la publication d’appels d’offres et la sélection des prestataires techniques, la mise en place d’un planning et enfin la rédaction d’un dossier de cofinancement qui sera soumis à un comité de sélection, composé de membres du Conseil d’administration de ADA, de Deloitte Digital, de POST Luxembourg et de LuxFLAG. Le dossier, s’il est approuvé, est cofinancé par ADA (et éventuellement d’autres bailleurs de fonds) à hauteur de 70% des frais d’investissement, dans la limite d’un plafond de 100 000€.

3e étape : phase pilote : implémentation du projet digital
Après acceptation du dossier par le Comité, la mise en place du projet peut démarrer avec un pilote à l’échelle d’une ou deux agences. À ce stade, ADA propose à l’IMF un accompagnement financier, ainsi qu’un appui dans tous les domaines impactés par le projet : redéfinition des procédures, besoin en formation du personnel et des clients, gestion du risque. Dès que la phase de tests est terminée et s’avère concluante, l’IMF déploie le projet dans l’ensemble du réseau. C’est à ce moment que s’arrête l’accompagnement de ADA, qui considère alors l’institution comme autonome.

Retrouvez l’article complet ici !

[Social Business] Arrival in a Social Impact Foundation

Par Juliette Charrier, Grameen Crédit Agricole Foundation

Lorsqu’on entre dans une fondation d’impact social, on entre avec beaucoup d’idées reçues et d’idéalisme. C’était du moins mon cas. J’allais enfin connaître la recette de l’impact, qualitatif et quantitatif, pour enfin trouver des modèles qui ont du sens, efficaces pour lutter contre la pauvreté, performants financièrement et qui alignent les intérêts de tous les acteurs de la chaîne de valeur. Douche froide. Rien n’est tout blanc ou tout noir, avoir de l’impact est difficile et nous n’avons pas encore trouvé de recette magique. Mais, étape par étape, on se rend compte qu’il est bien possible de contribuer au développement économique de pays émergents, soutenir des entreprises qui créent des opportunités économiques, qui rémunèrent de manière inclusive et équitable leurs parties prenantes.

Tout d’abord, les désillusions : nous a-t-on menti pendant 10 ans ? Les entreprises de social business peuvent-elles réellement concilier croissance rentable et impact social ? Au premier coup d’œil sur notre portefeuille, on a envie de baisser les bras et de se demander : ne sommes-nous pas en train de créer une bulle spéculative financière et sociale sur le concept du social business, en affirmant que cela fonctionne alors que les chiffres ne sont pas au rendez-vous? Désespoir et perte de confiance.

Ensuite, en creusant les sujets et en s’imprégnant de chaque entreprise de social business, on se rend compte qu’il y a de fortes et concrètes améliorations, parfois opérationnelles, parfois sociales, parfois les deux… hors cas extrême, il y a des résultats. C’est rassurant, enthousiasmant. Regain d’espoir envers les entreprises de social business.

Résultats certes, mais tout de même bien en dessous des attentes. On réfléchit donc aux moyens à mettre en œuvre, on se rend compte que c’est un chemin de longue haleine et qu’il faut être bien accompagné. On conclut également qu’il y a autant de situations dans les social business que de variables à rassembler pour s’assurer de leur succès. Mais sommes-nous les seuls dans ce cas-là ?

Déphasage : Certains fonds à impact assurent avoir un vrai impact social et des rendements de marché : comment est-ce possible? Deux apprentissages : 1) la notion d’impact investing est très large et va des « investissements qui ne font pas de mal, aux investissements qui cherchent à tout prix à faire du bien ». 2) la Fondation Grameen Crédit Agricole finance davantage des start-up sociales que des entreprises ou programmes sociaux. La Fondation appartient donc bien à « l’impact investing », dans le sous-compartiment « social business », mais plus précisément dans le tiroir Seed-Capital Risk à Impact Social, par ses tickets moyens bas et le caractère entrepreneurial des entreprises investies. Quand on se rend compte que les fonds de Venture Capital comptent sur une entreprise « unicorne » pour réaliser la plus-value qui absorbera les coûts d’une dizaine d’investissements moins fructueux, tout en dégageant si possible des retours pour rémunérer dirigeants et actionnaires, tout cela dans des économies florissantes et développées… on mesure le challenge que se fixent les Fonds de Seed Social Business dans les pays émergents.

Est-ce un problème de moyens financiers ? Les fonds d’investissement investissent-ils trop peu pour réellement permettre aux entreprises de Social Business de se développer, se structurer et créer un business ? D’après le rapport du GIIN, les taux de rentabilité interne (IRR) ne varient pas en fonction de la taille totale des fonds mais peuvent varier en fonction de la taille des investissements.

Est-ce un problème de moyens extra-financiers ? L’isolement de l’entrepreneur et le manque d’accompagnement qualifié ? Comment tirer des leçons avec des investissements aussi divers en termes de profil du dirigeant, marché adressé, contexte socioéconomique, valeur ajoutée de l’entreprise, bénéficiaires ciblés etc ?

Et quand bien même tout cela fonctionnerait, les entreprises de social business sont-elles le meilleur moyen d’obtenir de l’impact ? Ne vaut-il pas mieux essayer de changer les méthodes et pratiques des grands groupes déjà résilients dans les pays émergents pour avoir un vrai impact à échelle ? Intégrer de nouvelles parties prenantes comme des nouveaux segments de clients et de fournisseurs pourrait au final avoir plus de portée.

Au final, on grandit, en comprenant que l’objectif n’est pas d’avoir l’impact social le plus rentable, mais de contribuer au développement économique de pays émergents, en intégrant à des chaînes de valeur des acteurs préalablement exclus, en créant des emplois et en donnant accès à des biens essentiels au plus grand nombre. L’essentiel est que l’on se retrouve dans un milieu stimulant, où les situations évoluent rapidement, où l’on tâtonne à la recherche de mécanismes fructueux, où l’on tente de renforcer les entreprises de social business par des partenariats enrichissants, à la recherche de l’équilibre financier et de la maximisation de l’utilité sociale, et où l’innovation est partout présente.

Des nouvelles du front

Les clients des entreprise des Social Business = 100% des bénéficiaires ? Pas forcément ! Dans les entreprises de social business, on pense souvent que les clients sont les bénéficiaires. Ce serait l’idéal pour maximiser l’impact. Mais pour permettre à l’entreprise d’avoir un impact, il faut avant tout qu’elle puisse opérer avec un minimum de rentabilité pour couvrir ses frais. Ainsi, on se rend compte qu’afin de diversifier son risque et de renforcer l’entreprise, il est préférable que l’entreprise s’adresse à différents segments de la population, des bénéficiaires et des clients « traditionnels ». C’est du moins l’avis d’OikoCredit qui recommande de commencer un social business dans le domaine de l’accès à l’énergie solaire en s’adressant d’abord aux clients qui ont les moyens financiers, pour ensuite inclure le segment BOP (Bottom of Pyramid) dans leur business model.

Les défis d’impact social ne sont pas toujours là où on les attend. Lorsque que l’on cherche à inclure une population marginalisée dans une chaîne de valeur agricole, pour améliorer ses revenus et conditions de vie, on pense d’abord à la nécessité d’améliorer les moyens des petits agriculteurs. Certes, se fournir en intrants, préparer et cultiver un champ demande du temps et de l’argent, mais ces étapes ne se révèlent pas être le plus grand frein auquel les petits agriculteurs marginalisés font face. Selon le Directeur Général de Selina Wamucii, une entreprise d’export de fruits et légumes au Kenya, le réel facteur d’exclusion des petits producteurs est le difficile accès aux débouchés économiques. En effet, alors que les ONG, fonds à impact et gouvernements se mobilisent pour financer l’amont de la production, ils devraient également s’assurer de l’aval, car si la demande du marché est forte, cela rassurera les petits producteurs qui n’auront plus peur de contracter un crédit sans l’assurance d’un revenu économique plus tard.

Ne vous laissez pas éblouir par l’énergie solaire. L’accès à l’énergie solaire est en plein essor depuis quelques années. En effet, elle donne accès, à un prix compétitif, à de l’énergie propre pour des populations marginalisées ou hors réseau. Elle permet aussi l’inclusion financière de segments non bancarisés via le paiement mobile et des mécanismes de PAYG (pay as you go). C’est indéniable, l’énergie solaire a bien des effets positifs. Cependant, il est important de ne pas survendre l’impact social de l’énergie solaire : en effet, vendre des panneaux solaires à un agriculteur lui permettra bien d’avoir un meilleur éclairage, mais ne sera pas pour autant générateur de revenus. Un petit producteur aura en priorité besoin d’énergie pour irriguer ses champs, labourer sa parcelle et vendre ses produits rapidement et à un prix équitable. Il est donc important de ne pas tomber dans la surenchère de l’impact ; l’énergie solaire améliorera les conditions de vie des bénéficiaires, mais ne sera pas forcément génératrice de revenus.

Après huit années d’activité dans le social business, la Fondation Grameen Crédit Agricole a souhaité tirer les leçons de son expérience et les partager … ! Elle présente donc les défis auxquels ces entreprises de social business font face. La Fondation formule des propositions pour renforcer ce modèle prometteur.

Découvrez le Livre Blanc sur le Social Business

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Sources
//nextbillion.net/theres-no-app-to-fix-farming-a-lifelong-smallholder-shares-what-social-business-is-getting-wrong/
//nextbillion.net/are-financial-returns-starting-to-compete-with-social-goals-an-impact-investor-assesses-its-involvement-in-off-grid-solar/

Microfinance: a sector in full (r)evolution

By Amélie Riou and Alice Forgeois, Grameen Crédit Agricole Foundation

©Philippe Lissac / Godong

When we think of microfinance, we might think of small loans for populations without access to credit, only in the most remote and abandoned areas, by small operators managing their clients' outstanding loans on paper or old computers, solely to finance a business activity. In short, nothing revolutionary or innovative? Think again! Microfinance continues to evolve and adapt to its environment: better client relations and protections, digital services, and innovative product offerings to quickly meet essential needs. Let yourself be surprised!

Microfinance and GAFA*, a possible love story?

Microfinance is no longer the preserve of NGOs and specialized microfinance institutions. At least, not exclusively anymore. For the better? New players—internet, mobile, and digital giants—are taking an interest in microfinance and offering microloans. It's easy: they know their clients well and can exchange information and money with them very quickly. Some examples:

Baidu, the Chinese Google, is distributing microloans through its Chongqing subsidiary Baidu Micro Finance to ride the wave of consumer credit, which is growing strongly in China and, as of September 2017, represented a market worth 30.2 billion yuan (3.9 billion euros). Baidu said it uses big data, machine learning, and facial recognition technology to help it evaluate the credit files of potential borrowers. Microborrowers repay directly via a "wallet" application, and loan applications are made online. These loans are often intended to finance studies at private institutions (English language training, vocational training, or IT training).
At the same time, in September 2017, Amazon announced a partnership with Bank of Baroda (India) to offer microloans to individual sellers registered on the platform. To date, loans are offered to sellers who meet a number of criteria (Amazon account creation date, seller's sales history, customer returns, seller compliant with Amazon's e-commerce rules). Indian sellers will be able to directly use the profits from their sales to repay their loan. Amazon aims to attract 15 to 20% of Amazon India's customers in one year...! Be careful, digital technology can be a channel for the development of microfinance, but could ultimately be a factor of additional financial exclusion, recording and making available a large amount of information and borrower history...

Microfinance and macro-services?

Green microfinance, micronutrition, agricultural insurance... No apparent connection between these different themes? Well, yes. These services are now an integral part of the activities of microfinance institutions (MFIs) and complement traditional credit offerings. Gone are the days of the traditional model, and welcome to microfinance 2.0! Thanks to the geographic diversity of MFIs, the proximity they maintain with each client, and their strong rural roots, microfinance is becoming a preferred channel for the distribution of new services.

A team of researchers recently wanted to know if it was possible to use the MFI network to combat malnutrition, which is almost always linked to poverty in developing countries. The team therefore made micronutrients containing 15 essential vitamins and minerals available to the institutions and then measured the impact of this distribution through blood sampling. Following this study, this distribution network appeared to be very effective in combating malnutrition. To confirm the results, a study will be conducted throughout Haiti. Great developments are on the horizon!

Not very widespread in Africa but with immense potential for growth, agricultural microinsurance offers small producers the opportunity to insure their crops against various risks (climatic events, diseases, etc.). How can access to microinsurance be democratized? Through microfinance, in particular: the insurance product can be offered to the client along with a microcredit loan.

The range of credit products has also expanded considerably in recent years: specific microcredits for access to renewable energy, decent housing, etc. An increasingly broad range of products that allows us to best cover the needs of populations, on levels that are as different as they are necessary.

Microfinance: Towards New Horizons?

Historically intended for developing countries, microfinance is also present in Europe.

Why? It is presented as one of the possible responses to the economic crisis, social unrest, or financial exclusion, and is supported by governments. By whom? Thanks in particular to non-bank financial institutions and NGOs. For whom? According to the 8th Convergences Microfinance Barometer, the gross outstanding microcredit portfolio in Europe amounts to €2.5 billion, including €711 billion intended for professional purposes for people with limited access to financial resources. Under what conditions? The terms and conditions of these loans vary greatly between different European countries: from €31 billion in Poland, Finland, and France to €281 billion in Serbia, with average loans per borrower ranging from around €100 to a maximum of €25,000. In addition to microcredit, these European MFIs are increasingly offering additional services, such as savings, insurance, etc.

In addition to expanding to new countries, microfinance is adapting to countries where it has already been present for many years: Islamic microfinance is growing. Why? To satisfy potential beneficiaries who do not resort to traditional microfinance due to their religious beliefs. How? By adapting the traditional microfinance model to market products that comply with Sharia laws, mainly by removing the notion of interest rates from the products offered. What are the prospects? Still a minority compared to the sector as a whole, the Islamic microfinance market is growing rapidly in many countries. The three pioneering countries of this microfinance are Indonesia, Lebanon, and Bangladesh, but the model is expected to expand to improve financial inclusion for all. What are the impacts? The reach of this new type of microfinance is very significant in Muslim countries, given, for example, that approximately 561,000 Moroccans refuse to use microfinance for religious reasons.

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* Google, Apple, Facebook and Amazon
Sources
//www.businessworld.ie/news-from-ireland/Microfinance-loan-funding-supports-over-3-300-jobs-569815.html
//www.carenews.com/fr/news/9291-eclairage-bilan-2017-de-la-microfinance-en-europe
//group.bnpparibas/news/microfinance-europe-bnp-paribas-invests-creates-jobs
//www.thejakartapost.com/academia/2017/11/24/a-cause-for-optimism-for-the-future-of-islamic-finance.html
//www.devex.com/news/opinion-it-s-time-to-rethink-how-we-view-microfinance-institutions-91486
//ideas4development.org/green-microfinance-a-solution-for-access-to-essential-services/
//paperjam.lu/communique/lhabitat-fait-partie-integrante-de-notre-business-model
//www.scmp.com/business/article/2119338/chinese-internet-giant-baidus-micro-loan-unit-seeks-786m-yuan-through-asset
//www.firstpost.com/tech/news-analysis/amazon-partners-with-bank-of-baroda-to-offer-micro-loans-to-sellers-4046977.html
//techguru.fr/2017/11/03/chine-acces-microcredit-technologies/

The Foundation grants a loan of €330,000 to Chamroeun in Cambodia

La Fondation Grameen Crédit Agricole a accordé un prêt de 330 000 euros sur une période de deux ans à l’institution de microfinance Chamroeun au Cambodge. La Fondation Grameen Crédit Agricole a accordé un prêt de 330 000 euros sur une période de deux ans à l’institution de microfinance Chamroeun au Cambodge dont elle est actionnaire depuis 2012 à hauteur de 20%. Avec ce nouveau prêt, l’investissement cumulé de la Fondation auprès de cette entreprise sociale est de 1,6 millions d’euros à fin décembre 2017.

Chamroeun est une institution de microfinance qui met la vocation sociale au coeur de son modèle économique. Elle fournit des services financiers aux plus pauvres, exclus de l’offre des institutions de microfinance plus commerciales. Afin de maximiser l’impact du crédit et venir efficacement en aide aux familles très démunies, elle leur offre aussi un ensemble de services de formation et d’accompagnement économique, social et personnel. A fin septembre 2017, l’institution comptait 24 530 clients actifs dont 81% avec un prêt moyen accordé à ses clients équivalent à 315 euros.

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Créée en 2008, sous l’impulsion conjointe des dirigeants de Crédit Agricole S.A. et du Professeur Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 et fondateur de la Grameen Bank, la Fondation Grameen Crédit Agricole SA est un opérateur multi-métiers qui contribue à la lutte contre la pauvreté par l’inclusion financière et l’entrepreneuriat à impact social. Investisseur, prêteur, coordinateur d’assistance technique et conseiller de Fonds, la Fondation soutient des institutions de microfinance et entreprises sociales dans près de 40 pays.

La Fondation renforce son soutien à la Laiterie du Berger

© Philippe Lissac

La Fondation Grameen Crédit Agricole a renforcé son soutien à la Laiterie du Berger dont elle détient 11,5% du capital, avec un nouvel investissement. La Fondation Grameen Crédit Agricole a renforcé son soutien commencé en 2010 à la Laiterie du Berger dont elle détient 11,5% du capital, avec un nouvel investissement sous forme de compte courant d’actionnaires et une nouvelle prise de participation au capital. Avec ce nouvel investissement, le montant de l’investissement de la Fondation auprès de la Laiterie du Berger est de 758 000 euros, soit 16% des engagements Social Business de la Fondation.

La Laiterie du Berger est une entreprise sociale qui valorise le lait collecté auprès des éleveurs peuls, au Nord du Sénégal, en le transformant en yaourts et autres produits laitiers vendus sous la marque Dolima. En assurant un revenu fixe aux éleveurs et en les aidant à améliorer la productivité de leurs troupeaux, la Laiterie du Berger contribue au renforcement du tissu économique local et à une plus grande sécurité alimentaire du pays qui importe plus de 90% du lait consommé.

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Créée en 2008, sous l’impulsion conjointe des dirigeants de Crédit Agricole S.A. et du Professeur Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 et fondateur de la Grameen Bank, la Fondation Grameen Crédit Agricole SA est un opérateur multi-métiers qui contribue à la lutte contre la pauvreté par l’inclusion financière et l’entrepreneuriat à impact social. Investisseur, prêteur, coordinateur d’assistance technique et conseiller de Fonds, la Fondation soutient des institutions de microfinance et entreprises sociales dans près de 40 pays.

In 2017, the Grameen Crédit Agricole Foundation continued its growth

© Philippe Lissac

A fin décembre 2017, la Fondation Grameen Crédit Agricole enregistre 64,1 millions d’euros d’engagements, dont 57,5 millions de financements à des institutions de microfinance et 4,8 millions d’investissements en social business, soit une hausse de 45% sur un an. En 2017, 44 dossiers de financement ont été approuvés pour un montant total de 49,3 millions d’euros. Depuis sa création en 2008, la Fondation a ainsi accordé 250 financements pour un montant cumulé de 196,5 millions d’euros.

La Fondation a élargi sa zone d’intervention avec de nouveaux partenariats au Monténégro, au Kazakhstan et en Birmanie. Elle compte aujourd’hui 69 partenaires actifs et intervient dans 28 pays, 86% d’entre eux faisant partie des pays les plus pauvres au monde. 48% des financements se concentrent en Afrique subsaharienne et 23% en Asie du Sud et du Sud-Est, ces deux zones géographiques représentent chacune 35% des engagements de la Fondation en fin d’année. Les femmes et les populations rurales représentent 76% et 81% des 3 millions de clients des institutions financées par la Fondation. Le prêt moyen qu’elles accordent est de l’ordre de 550 euros.

En 2018, la Fondation va poursuivre son développement dans de nouveaux pays en cherchant à accroitre son réseau de partenaires dont le point commun continuera d’être un haut niveau de performance sociale, l’autonomie financière des femmes et le développement économique des zones rurales.

Comptabiliser l’utilité sociale dans le bilan financier de l’entreprise

© 1001Fontaines

La moitié du patrimoine économique mondial est détenu par 1% de la population. La concentration de la richesse entre les mains de quelques-uns continue de s’accélérer. Ce constat, sévère et indécent, remet en question un fondement de nos croyances économiques et sociales : non, la loi des marchés n’aboutit pas à un équilibre naturellement équitable ; non, la somme des intérêts particuliers ne converge pas vers le meilleur intérêt général possible. Rendre les riches plus riches ne profite pas au plus grand nombre, le soi-disant effet de « ruissellement » ne fonctionne pas autant qu’on l’imagine. Si le produit du capital bénéficie en premier chef à celui qui en détient la propriété, alors la croissance ne sera jamais répartie équitablement entre toutes les parties prenantes. Cette primauté propre au capitalisme moderne a signé une longue ère de développement économique, mais celle-ci a surtout été permise par l’exploitation de ressources épuisables. Ce temps s’achève. Nous ne pouvons plus échapper au questionnement des conséquences environnementales et sociales de notre machine à créer de la richesse.

Théorisé par le Professeur Yunus, prix Nobel de la Paix 2006, le « social business », modèle d’entreprise ou l’utilité sociale prime sur le rendement du capital investi, est expérimenté en tant que tel depuis une dizaine d’années. En France, ce modèle existe également. Dans l’ancien paradigme économique où l’individualisme était triomphant et sa conséquence la précarisation, généralisée, la rencontre entre la performance financière et sociale résonnait comme une contradiction, un paradoxe. Une lubie d’idéaliste. Et pourtant, leur rencontre, aussi singulière soit-elle, est une voie d’avenir pour repenser et redéfinir un capitalisme plus responsable et une économie volontairement inclusive.

L’entreprise sociale est très classique dans sa recherche de profitabilité. Elle est aussi très différente : car l’utilité sociale est son but primordial. Sa manière de créer durablement de la valeur réside dans sa capacité à mettre en oeuvre une utilité collective à l’origine de sa création.

La notion d’utilité en tant que « service rendu au client » est inhérente à toute entreprise commerciale. Parfois, l’utilité revêt même un caractère social mais cela reste pour les entreprises une stratégie d’efficacité. L’entreprise social business n’existe quant à elle que par et pour sa mission sociale, non plus dans son seul intérêt mais dans celui de toute la société. Cela se traduit par une sorte de contrat qu’elle passe ainsi avec son écosystème, point de départ de la construction d’un avenir en commun. Au-delà d’une rencontre et d’une ouverture qui dépassent les frontières de l’entreprise, l’entreprise sociale prodigue des effets positifs, de l’équité, des changements concrets et bénéfiques au plus grand nombre.

L’investissement à impact sous forme de prises de participation dans des entreprises sociales est un engagement prometteur mais risqué, difficile et patient. Le public et les investisseurs se sont longtemps laissés bercer par une fantasmagorie enthousiasmante. Certes l’idée est belle. Mais la réalité est coriace. La rentabilité des investissements est longue à atteindre, parfois incertaine, et les projets demandent un soutien financier constant pour se développer. S’engager dans l’entrepreneuriat social est une affaire de ténacité.

L’entreprise sociale recèle sans nul doute les prémices d’une mutation économique. Il existe de vrais champions d’entreprises sociales mais peu de prétendants franchissent la barre du succès, beaucoup en revanche se sont révélées être de formidables amplificateurs et diffuseurs d’une vision renouvelée de l’entreprise, animée par une énergie et un désir d’améliorer de préoccupantes situations sociales et environnementales.

Développer le social business passe par des outils de financement spécifiques tout autant que par le fait de s’adapter aux modes de financement classiques des banques généralistes. Pour cela, nous devons accepter une réelle révolution économique : l’utilité sociale doit pouvoir être comptabilisée dans les revenus de l’entreprise et dans son bilan financier. Concevoir cette intégration c’est accepter un vrai changement de paradigme dans le traitement de l’économie sociale. C’est probablement l’un des seuls moyens de diffuser un modèle d’économie socialement responsable nourrit de la dynamique entrepreneuriale.

L’entreprise sociale pourra ainsi plus clairement afficher sa performance opérationnelle et mobiliser des financements bancaires classiques. Le chemin que l’entrepreneuriat social nous invite à parcourir est celui d’un monde qui demande profondément à se régénérer. Le social business est une expression du capitalisme. Il est l’une de ses voix, la parole de ceux qui désirent découvrir les nouvelles sources d’un entrepreneuriat utile. Il est aussi la voie d’une économie libérale renouvelée au fil d’une exploration raisonnable, responsable et durable.

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Source: Le Monde

CA Franche Comté et la Fondation soutiennent La Laiterie du Berger

© Philippe Lissac

Début 2005, alors qu’au Sénégal, 30% des familles vivent de l’élevage dans des zones rurales dont la population a des revenus inférieurs de 19% au seuil de pauvreté du pays (1,90$ par jour selon données de 2015 de la Banque mondiale), le constat est que 90% du lait consommé est reconstitué à partir de lait en poudre importé. Créé en 2005, La Laiterie du Berger a commencé à structurer une filière de production de lait collecté auprès de 800 éleveurs Peuls autour de la ville de Richard Toll (ville située au nord-ouest du Sénégal, proche de la Mauritanie). 

Aujourd’hui, la Laiterie du Berger produit et distribue des produits laitiers frais à partir notamment de ce lait collecté. Cette société est une entreprise sociale ou « social business » dont l’utilité sociale consiste à accroître et stabiliser les revenus des éleveurs. A ce jour, la Laiterie du Berger permet à 800 éleveurs de vivre de leur élevage, leur offrant ainsi une capacité de sédentarisation et une augmentation de leurs revenus pour tâcher de mettre un terme au cercle vicieux de l’appauvrissement et de ses conséquences en termes d’exode rural. La Laiterie du Berger emploie 200 salariés dans l’usine de Richard Toll et à Dakar : c’est le seul acteur industriel de la filière laitière au Sénégal qui fabrique ses produits à partir du lait de collecte et le 2ème acteur en terme de produits vendus (16% de part de marché). Avec 1,5 millions de yaourts vendus par mois, la Laiterie du Berger propose aux consommateurs des produits de qualité à un prix abordable.

Amundi, au travers de ses fonds d’épargne solidaire, investit pour ses clients dans des entreprises non cotées, innovantes, en croissance et générant un impact social et environnemental positif. Cette nouvelle opération permet à la Laiterie du Berger, acteur clé du secteur laitier, de se développer et de renforcer la résilience de la filière laitière au Sénégal.

Cet investissement a été réalisé aux cotés de la Fondation Grameen Crédit Agricole, partenaire de la Laiterie du Berger depuis 2010 et dont elle détient 11,5% du capital. Acteur international de finance inclusive ou services de microfinance, la Fondation travaille avec un réseau de près de 70 institutions de microfinance et entreprises sociales situées dans une trentaine de pays, principalement en zones rurales. C’est au travers de ce réseau que la Fondation contribue à l’inclusion sociale par le financement d’activités génératrices de revenus.

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Source : AMUNDI

Les Entrepreneurs qui changent le monde

Matthieu Dardaillon et ­Jonas Guyot l’affirment dès les premières pages de leur livre : « Le futur appartient à ceux qui ne se résignent pas. » Encore étudiants dans une prestigieuse école de commerce, les deux amis sont donc partis, trois ans durant, à la rencontre d’entrepreneurs sociaux, dirigeants éclairés et citoyens engagés qui utilisent leur entreprise pour être utiles à la société.

De l’Europe à l’Asie en passant par l’Afrique, ils racontent leurs échanges avec ces « visionnaires en action » : Antonio Meloto, fondateur de Gawad Kalinga, qui lutte contre la pauvreté aux Philippines ; Bagoré Bathily, de la Laiterie du berger au Sénégal ; ou Arnaud Poissonnier, fondateur du réseau de microcrédit Babyloan… *

De ce tour du monde, ils ont surtout ramené la conviction qu’il est toujours possible d’agir, à son niveau et à sa façon. De ce tour du monde, ils ont surtout ramené la conviction qu’il est toujours possible d’agir, à son niveau et à sa façon. « Devant l’ampleur des défis que nous avons à relever, nous pouvons être tentés par le cynisme, qui mène à l’immobilisme. Pourtant, il nous semble qu’il n’y ait jamais eu de meilleur moment pour agir », écrivent les deux auteurs, aujourd’hui âgés de 27 et 28 ans, et qui ont tous deux fondé leur propre structure – l’association Ticket for change et l’entreprise Corporate for change.

Au-delà de ces récits, ce livre interpelle par les interrogations que porte cette génération. D’un dynamisme sans pareil, armée de solides convictions et d’un optimisme inébranlable, elle cherche souvent sa place dans le monde qu’elle découvre. Comment puis-je donner du sens à mon travail ? Comment puis-je avoir un impact positif sur la société ? Dois-je me méfier des entreprises ? Le système est-il réformable de l’intérieur ? Leurs éléments de réponse ne sont certainement pas les plus mauvais.

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* La Laiterie du Berger et Babyloan sont partenaires de la Fondation Grameen Crédit Agricole
Source : La Croix

CERISE-SPI 4 : l’outil pour mesurer les progrès en microfinance

La microfinance fonctionne-t-elle toujours ? Le thème de l’édition 2017 du Baromètre de la Microfinance est sans conteste provocateur. Cette question suppose que la microfinance a “fonctionné” par le passé et soulève une autre question : fonctionné dans quel sens, exactement ?

Cette question ne date pas d’hier. Beaucoup d’efforts (et d’argent) ont été investis pour tenter de démontrer l’impact de la microfinance au cours des deux dernières décennies, avec un succès relativement faible. Les problèmes de méthodologie, les coûts élevés et le manque de résultats applicables ont conduit de nombreuses organisations à abandonner leurs efforts pour prouver l’impact, et à se concentrer plutôt sur l’ amélioration des pratiques. Cette approche est connue sous le nom de performance sociale et se base sur l’idée selon laquelle pour que la microfinance “fonctionne”, il est nécessaire de définir ce que cela signifie et de pouvoir mesurer les progrès accomplis.

Aujourd’hui, le secteur de la microfinance dispose d’un cadre objectif pour évaluer et comparer la performance sociale. En mai 2017, cet outil a été utilisé par plus de 300 institutions dans près de 90 pays dans le monde entier, créant une base de données de scores de performance sociale comme référentiels.

Les rapports SPI4 ont aidé des organisations comme Responsible Microfinance Facility (fondé par l’AFD), Opportunity International, ACEP, et des investisseurs comme REGMIFA, FEFISOL, GCAMF et I&P à identifier les risques sociaux et à définir une assistance technique ciblée.