Regards croisés : 2020, une année marquée par la crise de la Covid-19

Par Jean-Marie Sander, Président de la Fondation Grameen Crédit Agricole jusqu’en mars 2021 et
Raphaël Appert, Président de la Fondation Grameen Crédit Agricole depuis mars 2021 &
Vice-Président de Crédit Agricole SA et Fédération Nationale du Crédit Agricole

Il y a un peu plus de 30 ans, Michel Serres partageait avec nous la nécessité d’un « Contrat naturel » analogue au « Contrat social » qui appelait à une réconciliation entre l’homme, la nature et le vivant. L’année 2020 fut terrible pour les économies fragiles.

La bonne santé de la Fondation, qui s’est adaptée tout au long de l’année aux effets économiques de cette crise, n’est pas le miroir des drames qui se sont joués et qui se jouent encore dans les territoires de nos partenaires où les amortisseurs sociaux sont quasi inexistants. Face à la pandémie et à son impact sur la vie au quotidien, la solidarité familiale fut souvent le rare soulagement trouvé par les populations à très faibles revenus.

Bien que son origine anthropocentrique reste encore à démontrer, cette crise sanitaire nous invite à la prise de conscience de notre inclusion dans la nature, nous rappelle à notre humilité face à l’ordre naturel et nous confie le soin non seulement de développer l’humanité mais aussi de la maintenir.

Les effets économiques de la pandémie ont affecté le monde entier mais plus particulièrement les populations vulnérables : selon les chiffres de la Banque Mondiale, ils pourront rapidement entraîner 150 millions de personnes dans l’extrême pauvreté. En ce qui nous concerne, nous éviterons de nous auto-satisfaire d’une capacité probable à retrouver un semblant de croissance économique, dont nous savons tous qu’elle n’atteindra pas rapidement et équitablement les populations les plus fragiles.

Dans cette reprise économique, la Fondation se mobilisera toute entière en 2021 car beaucoup d’efforts restent encore à faire pour essayer de modifier la machine à créer des inégalités face aux drames. Pour cela, nous devrons compter sur notre professionnalisme, notre détermination et sur les valeurs qui guident notre action au quotidien.

C’est avec cette ambition que nous avons créé la Fondation avec le Professeur Yunus en 2008. C’est toujours avec cette même ambition que nous continuerons à nous engager dans les mois qui viennent.

La Fondation publie son Rapport intégré 2020

La Fondation Grameen Crédit Agricole publie son Rapport intégré 2020 qui retrace les moments forts et les chiffres clés de cette année marquée par la crise sanitaire et économique liée à la Covid-19. Grâce à un suivi rapproché et à une étroite collaboration avec ses partenaires et d’autres acteurs du secteur de la finance inclusive, la Fondation clôture l’année avec un bilan solide.

Au 31 décembre 2020, la Fondation gérait 81,2 millions d’euros d’encours en faveur de 75 institutions de microfinance et 12 entreprises sociales dans 39 pays. L’entrepreneuriat des femmes et le développement des économies rurales restent au cœur de l’action de la Fondation : 73% des 7,3 millions de bénéficiaires des institutions soutenues sont des femmes et 85% vivent en zones rurales.

Depuis le début de la crise, la Fondation a réalisé des enquêtes auprès des organisations soutenues pour comprendre l’impact de la crise et mieux répondre à leurs besoins[1]. La Fondation a également initié une coordination globale avec d’autres acteurs autour des principes clés pour protéger les institutions de microfinance et leurs clients face à la crise. A ce jour, 30 bailleurs de fonds, investisseurs et plateformes ont signé de l’engagement de la Coalition.

Grace à ce dialogue permanent avec ses partenaires et ses paires, la Fondation a mis en place plusieurs mesures adaptées pour soutenir le secteur. Elle a ainsi accordé des reports d’échéance à 29 partenaires, principalement des institutions de microfinance pour un montant total de 9,4 millions d’euros. En 2020, la Fondation a aussi accompagné les organisations avec 93 missions d’assistance technique[2], sur des sujets prioritaires comme les plans de continuité mais aussi sur des thématiques comme la digitalisation, indispensable pour la reprise de leurs activités.

La Fondation a pu compter sur l’appui de ses bailleurs de fonds pour renforcer son action en 2020. Elle a obtenu des financements de Proparco, de la Banque européenne d’investissement (BEI) et de Crédit Agricole CIB pour constituer une enveloppe Covid-19 et accompagner la reprise économique de ses partenaires.

En 2020, la Fondation a aussi travaillé aux côtés du groupe Crédit Agricole. Via un nouveau schéma de coopération avec Crédit Agricole Roumanie, de nouveaux financements octroyés via le FIR –Fonds en microfinance du Groupe– et le programme de volontariat de compétences Banquiers solidaires, la Fondation et le Crédit Agricole ont renforcé leurs actions pour l’inclusion financière des populations les plus fragiles. Une mission qui restera prioritaire dans cette année de reprise que constitue 2021.

Télécharger le Rapport

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[1] Les résultats des enquêtes et d’autres ressources sont publiés dans l’Observatoire Covid-19 de la Fondation : //www.gca-foundation.org/observatoire-covid-19/
[2] Plus d’informations sur l’offre d’assistance technique de la Fondation : //www.gca-foundation.org/assistance-technique/

Le rôle de la Fondation Grameen Crédit Agricole pour répondre à la crise

©Godong

Soukeyna Ndiaye Bâ est membre du Conseil d’administration de la Fondation depuis sa création. Engagée dans la promotion des femmes entrepreneures depuis plus de 20 ans, elle est également directrice exécutive d’INAFI (International Network of Alternative Financial Institutions), un réseau mondial d’organisations qui soutiennent des programmes de microfinance. Abdul Hai Khan est membre du Conseil d’administration et Directeur général de Grameen Trust. Il est également membre du Conseil d’administration de différentes organisations de microfinance et d’entreprises sociales en Australie, au Bangladesh, en Chine, en France, en Inde, au Kosovo, en Italie, aux États-Unis et au Yémen.

1/ Administrateurs de la Fondation, vous êtes aussi tous les deux des experts internationaux et des praticiens de la microfinance. Pouvez-vous partagez avec nous votre analyse de la crise et plus particulièrement sur les territoires que vous connaissez bien ?

Soukeyna Ndiaye Bâ : En Afrique, le bilan aujourd’hui est de près de 100 000 décès et plus de 3,7 millions de personnes infectées, chiffres qui ne révèlent pas la réalité dans le continent parce qu’il n’y a pas un dépistage massif faute de moyens. En raison des restrictions et des fermetures de frontières pour contenir la pandémie, le continent africain n’a pas échappé à la crise. Dans ce contexte, les petits entrepreneurs, les agriculteurs et les acteurs du secteur informel sont évidemment directement affectés. En première ligne : les femmes, en milieu rural comme en milieu urbain, qui sont très actives dans le secteur informel. Au Sénégal, par exemple, 94% des femmes entrepreneures opèrent dans le secteur informel. En milieu rural, en plus de la gravité de la situation économique, la précarité sanitaire et la difficulté d’accès aux soins déjà alarmantes risquent d’empirer.

Abdul Hai Khan : On estime actuellement le nombre de décès en Asie à environ 417 000, tandis que le nombre de cas d’infection s’élève à plus de 26 millions. Les écoles en Asie de l’Est et dans le Pacifique ont été complètement fermées pour plus de 25 millions d’enfants pendant presque une année entière. Le Covid-19 a freiné la croissance en Asie de l’Est et dans le Pacifique (AEP) en réduisant considérablement l’activité économique, notamment le tourisme et le commerce. Selon les prévisions, la croissance de la région AEP, hormis la Chine, devrait ralentir à 1,3% en 2020, contre 4,7% en 2019. Des millions de ménages ont été touchés par la perte d’emplois et de revenus (y compris les envois de fonds), alors qu’ils doivent encore couvrir leurs dépenses de première nécessité ou assurer le remboursement de leurs dettes. De ce fait, le pourcentage de personnes pauvres a augmenté.

2/ Comment la microfinance et l’entrepreneuriat social atténuent-ils les effŠets de la crise économique ?

A.H.K. : En facilitant l’accès aux services essentiels, les institutions de microfinance et les entreprises sociales renforcent la résilience des populations à faibles revenus, notamment les petits entrepreneurs travaillant dans les secteurs formels et informels et les petits exploitants agricoles. Elles sont donc essentielles pour protéger les populations les plus vulnérables, sévèrement touchées par les effets de la crise économique et sanitaire lors de la pandémie Covid-19. Pour faire face à cette pandémie, de nombreuses institutions de microfinance ont innové et renforcé leur soutien à leurs clients. Elles ont par exemple fait une restructuration des prêts pour mieux accompagner les clients les plus affectés et ont accéléré leur transformation numérique, en introduisant ou en améliorant les transactions sans espèces via les canaux bancaires mobiles et en créant des agences en ligne.

3/ À quoi peut-on s’attendre dans les années à venir ?

A.H.K. : L’ampleur des dégâts engendrés par la pandémie Covid-19 dans le monde est considérable. Cependant, elle nous o¯re une opportunité unique d’améliorer, voire de redéfinir, nos structures économiques en nous appuyant sur une conscience sociale et environnementale. Nous ne devrions pas parler d’un programme de “redressement”, mais d’un programme de “reconstruction”. Dans ce plan de reconstruction global, l’entrepreneuriat social peut jouer un rôle essentiel, car il peut être un levier pour transformer les personnes sans emploi en entrepreneurs. L’inclusion financière peut contribuer à ce que la reprise économique s’accompagne d’un développement social.

S.B. : Le monde est menacé de récession et de crises alimentaires et sociales. La construction du monde « après Covid » doit donc être aussi multisectorielle et centrée sur l’innovation. Il faut tirer des leçons des problèmes rencontrés lors de cette crise : mieux évaluer et anticiper les risques, renforcer nos modèles socioéconomiques et repenser nos politiques publiques pour protéger davantage les populations les plus vulnérables. Les femmes entrepreneures auront un rôle primordial à jouer dans la dynamisation de l’économie. Soutenir l’entrepreneuriat féminin sera un levier pour renforcer l’autonomisation des femmes et le développement des économies rurales et urbaines. Le digital sera un outil majeur pour promouvoir l’entrepreneuriat, moderniser, développer et innover.

La Fondation Grameen Crédit Agricole signe le Manifeste pour le climat

À la suite du lancement officiel de la Coalition Française des Fondations pour le Climat le 18 novembre dernier, la Fondation Grameen Crédit Agricole a signé, aux côtés de 80 autres organisations, le Manifeste de la nouvelle Coalition Française des Fondations pour le Climat (CFFC).

Lancée par le Centre Français des Fondations et ses partenaires, la Coalition Climat assemble les fondations et fonds de dotation dans un but commun : agir ensemble dans la lutte contre le dérèglement climatique. La Coalition valorisera les bonnes pratiques des signataires, produira des travaux sur l’engagement du secteur philanthropique et mobilisera des ressources humaines et financières afin de soutenir des initiatives pour faire face à la crise climatique.

La Fondation et son action pour la résilience des économies rurales

Via des financements à des institutions de microfinance et des investissements dans des entreprises en zone rurales à fort impact social et environnemental, la Fondation Grameen Crédit Agricole se positionne comme un acteur qui favorise la résilience des économies rurales face au changement climatique.

Avec un portefeuille de 87 millions d’euros à fin mars 2021, la Fondation soutient en majorité des organisations qui contribuent au développement rural en Afrique, en Asie et en Europe. Ainsi, des plus de 7,3 million de bénéficiaires des institutions de microfinance financées, 85% habitent en zone rurale. Par ailleurs, la Fondation accompagne par le biais de l’assistance technique des entreprises qui favorisent des pratiques agricoles plus durables.

Avec la signature du Manifeste mais aussi l’adhésion au Centre français des Fonds et Fondations (CFF), la Fondation Grameen Crédit Agricole réaffirme l’inclusion de l’enjeu climatique dans ses pratiques et sa stratégie et appelle de ses vœux d’autres acteurs du secteur de la finance inclusive à s’engager ensemble dans cet enjeu mondial.

Missions online Banquiers Solidaires à pourvoir

Trois missions Banquiers Solidaires online sont actuellement à pourvoir. Banquiers Solidaires est un programme de volontariat de compétences lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et de Crédit Agricole S.A. ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole. L’objectif est double : d’une part, accompagner avec de l’assistance technique les institutions de microfinance et les entreprises à impact social financées par la Fondation, et d’autre part, valoriser les compétences des collaborateurs du Groupe qui ont envie de s’investir dans de projets à fort impact social.

Les missions peuvent se dérouler pendant le temps de travail du Banquier Solidaire (parrainage par l’employeur du Banquier Solidaire) ET/OU pendant les vacances (volontariat). Pour les 3 missions ci-dessous, les Banquiers Solidaires consacreront un total de 15 jours ouvrables à la mission. Chaque expert sélectionné travaillera à distance et consacrera l’équivalent de 1 jour par semaine, pendant 15 semaines, à sa mission.

Mission « Stratégie digitale » en faveur d’OXUS (Kirghizstan)

OXUS Kyrgyzstan (OKG) une institution de microfinance qui fournit des services financiers aux travailleurs pauvres et aux personnes sous-bancarisées au Kirghizstan. L’institution sert 8 000 emprunteurs actifs (48% de femmes et 62% en zone rurale) et gère un portefeuille de 6,4 millions d’euros. L’encours moyen des prêts est de 798 euros.

Une mission Banquier Solidaire est prévue pour juillet 2021 afin d’accompagner OKG dans l’évaluation des procédés relatifs à sa digitalisation et dans la construction d’une nouvelle stratégie digitale. L’expert recherché est un collaborateur du Crédit Agricole qui maîtrise l’anglais et avec expérience dans la gestion de projets informatiques (la connaissance du russe est un plus).

Mission « Gestion financière » en faveur de FATEN (Palestine)

FATEN est une institution de microfinance en Palestine. L’institution dessert 26 244 emprunteurs actifs (34 % de femmes et 68 % de ruraux) et gère un portefeuille de 108 millions d’euros.

L’expert de Crédit Agricole sélectionné soutiendra FATEN dans la mise à jour des procédures, politiques et outils financiers. Le Banquier Solidaire doit maîtriser l’anglais et avoir des connaissances des normes internationales relatives à l’information financière et en particulier sur les derniers changements apportés aux normes IFRS 16 et IFRS 9. La mission est à pourvoir dès que possible.

Mission « Stratégie digitale » en faveur de Smart Credit (Moldavie)

Smart Credit est une institution de microfinance qui fournit des services financiers à des personnes socialement défavorisées et des petits entrepreneurs moldaves. L’institution compte plus de 3 000 emprunteurs actifs (54% de femmes et 69% de clients dans les zones rurales) et gère un portefeuille de 4,4 millions d’euros.

Le Banquier Solidaire aura pour mission de contribuer à construire la stratégie digitale de Smart Crédit. L’expert est un collaborateur du groupe Crédit Agricole qui maîtrise l’anglais et avec une expérience en gestion de projets informatiques. La mission est à pourvoir dès que possible.

Comment y postuler ?

Pour découvrir les offres détaillées des missions :

  1. 1. Allez sur le site CA Solidaires “Trouver sa mission
  2. 2. Rentrez dans la barre de recherche : “Fondation Grameen”. Toutes les offres de Congés Solidaires apparaîtront !
  3. 3. Cliquez sur l’offre de votre choix, vous y trouverez toutes les informations nécessaires à votre candidature.

Plus d’information : carolina.viguet@credit-agricole-sa.fr

KOSSAM et le paiement digital pour les éleveurs au Sénégal

Soutenue par la Fondation Grameen Crédit Agricole, CA Franche Comté et Amundi, Kossam SDE est une filiale de la Laiterie du Berger qui vise à structurer et renforcer la filière laitière au Sénégal. En février 2020, Kossam SDE lance avec succès la dématérialisation de la « paie » auprès de plus de 850 éleveurs, contribuant ainsi à l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Coup de projecteur sur l’interview pour Portail FinDev de Jonathan Michaud (ancien Banquier Solidaire [1] de CA Franche Comté) Directeur depuis 3 ans de Kossam SDE), et Mamadou Fall, son Directeur adjoint, qui reviennent sur cette transformation.

1. Comment se déroulait une journée de paie typique avant la transition vers la paie digitale?

Jonathan Michaud & Mamadou Fall : Jusqu’en février 2020, tous les éleveurs étaient payés en espèces lors d’une ou deux journées de paie bien définies. Les éleveurs se déplaçaient jusqu’à l’usine à Richard Toll pour récupérer l’argent qui leur était dû. Premièrement, la paie en espèce était contraignante pour les éleveurs. En effet, ces derniers devaient arriver tôt le matin et attendre parfois toute la journée sous de fortes températures. De plus, les éleveurs étaient obligés de se déplacer jusqu’à Richard Toll un jour bien précis pour être payés, sans pouvoir le faire coïncider avec leurs autres déplacements. C’était également laborieux pour Kossam SDE, puisque les équipes devaient manipuler pendant deux jours de l’argent liquide avec une certaine pression liée au temps d’attente des éleveurs, ce qui peut engendrer des erreurs.

En novembre 2019, l’équipe de Kossam SDE a pris la décision de digitaliser et la première paie digitale a eu lieu en février 2020.

2. Quels sont les bénéfices concrets de la digitalisation pour les éleveurs ?

JM & MF : Nous avons identifié 5 bénéfices pour les éleveurs :

  • Le gain de temps. Aujourd’hui, un éleveur n’a plus besoin d’attendre des heures pour recevoir sa paie.
  • La sécurité. Tout le monde savait quel jour les éleveurs recevaient leur paie, ce qui pouvait créer potentiellement un contexte d’insécurité avec des risques de vol.
  • La flexibilité. Maintenant, tous les éleveurs reçoivent leur argent à la même date mais vont le chercher quand ils le souhaitent.
  • Le coût. La majorité des éleveurs n’habitent pas à Richard Toll et s’y rendre a un coût. Ils peuvent maintenant optimiser le coût de leur trajet en décidant quel jour ils vont retirer leur argent.
  • La traçabilité. Chaque éleveur est identifié dans notre base de données avec son numéro de téléphone et sa carte d’identité. On a donc la certitude que c’est bien l’éleveur qui reçoit son argent puisqu’on sait sur quel numéro de téléphone on envoie les fonds.

3. Quelle solution avez-vous mis en place avec Wizall Money pour payer les éleveurs ?

JM & MF : La très grande majorité de nos éleveurs ne sont pas équipés de smartphone. Ils disposent d’un téléphone de base qui peut seulement recevoir et émettre des appels et des SMS. Nous avons donc opté pour un code envoyé directement sur le téléphone des éleveurs. Munis de ce code et de leur pièce d’identité, les éleveurs se rendent dans le kiosque Wizall Money de leur choix pour retirer leur argent. Les frais liés à ce service sont à la charge des bénéficiaires (éleveurs).

La mise en place de cette solution a clairement enlevé un nombre considérable de contraintes aux éleveurs, notamment de temps et d’organisation. En outre, nous craignions que les éleveurs ne soient réticents à l’idée de payer pour recevoir leur argent. Hors la question du coût n’a pas été abordée. Au contraire, ça leur coûte beaucoup moins cher que de payer les transports pour se rendre à Richard Toll un jour spécifique dans le mois. Nous n’avons eu aucune réclamation dans ce sens.

4. Plus d’un an après la mise en place de la digitalisation, où en êtes-vous ? Quelle est la prochaine étape ?

JM & MF : La digitalisation de la paie a été mise en place juste avant l’arrivée de la Covid-19 au Sénégal en mars 2020, où des mesures drastiques ont été rapidement prises : couvre-feu, rassemblements interdits etc. Sans digitalisation, les éleveurs n’auraient pas pu se déplacer et n’auraient pas pu être payés. Aujourd’hui, nous passons à la deuxième et dernière étape de transformation de la paie. En effet, il y a 2 inconvénients aux codes SMS que nos éleveurs reçoivent sur leurs téléphones : il faut avoir un téléphone à soi, ce qui n’est pas le cas de tous nos éleveurs, ainsi que du réseau. Le principal problème rencontré, c’est que certaines personnes ne recevaient jamais le code, donc nous devions continuer à les payer en espèces.

Pour faire face à cette situation, nous avons fourni à tous nos éleveurs une carte NFC individuelle. La paie sera envoyée sur cette carte dans un porte-monnaie électronique. Les éleveurs pourront ensuite se rendre dans un kiosque Wizall Money, donner leur carte, taper leur code confidentiel et retirer tout leur argent ou seulement une partie. Il n’y a donc plus de contraintes de réseau et plus d’obligation de retirer toute la somme versée. C’est une grande nouveauté qui nous permet de rentrer dans de nouveaux usages et services qui sont une forme de micro-épargne et d’épargne passive.

Nous allons dorénavant travailler sur différents sujets que la digitalisation nous permet d’aborder avec plus d’efficacité et de sérénité : accès aux assurances santé, développement de l’épargne et de l’éducation financière.

Interview complète sur FinDev
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[1] La Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole Franche Comté, actionnaires de la Laiterie du Berger, ont soutenu la création de Kossam SDE dans le cadre d’une mission d’assistance technique Banquiers Solidaires, un programme de volontariat de compétences du groupe Crédit Agricole. Un ingénieur agronome de la Caisse régionale qui a mené en 2018 la mission, est parti pour 3 ans coordonner le lancement de Kossam SDE. Il s’agit de Jonathan Michaud, aujourd’hui Directeur général de Kossam SDE.

Solidarity Banker missions to be filled in Georgia, Kyrgyzstan and South Africa

Lancé en juin 2018 à l’initiative de la Fondation Grameen Crédit Agricole et de Crédit Agricole S.A., Banquiers Solidaires est un programme de volontariat de compétences ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole en faveur d’institutions de microfinance et d’entreprises à impact social soutenues par la Fondation. Trois nouvelles missions sont à pourvoir en 2021 en Géorgie, au Kirghizstan et en Afrique du Sud.

Mission « Stratégie Marketing » en Géorgie

Lazika Capital, l’une des principales institutions de microfinance en Géorgie. Créé en 2000, Lazika offre des services financiers aux personnes à faible revenu, aux petits exploitants agricoles et aux micro-entrepreneurs. L’organisation opère au travers de 18 agences, principalement en zones rural de la Géorgie (70% des clients sont ruraux).

La mission Banquiers solidaires a pour objectif d’accompagner Lazika dans l’élaboration d’un plan marketing pour mi-2021-2022. Si le contexte sanitaire le permet, la mission sera réalisée en juin ou juillet 2021 en Géorgie, si ce n’est pas le cas elle sera reportée.

Mission « performance sociale et environnementale » au Kirghizstan

Salym est une institution de microfinance qui fournit de des prêts abordables et des dépôts pour soutenir les activités génératrices de revenus des populations à faible revenu au Kirghizstan. L’organisation compte à ce jour 23 agences à travers le Kirghizistan et sert plus de 18 000 clients, dont 52% de femmes et 70% en milieu rural.

Une mission Banquiers Solidaires de 2 semaines est prévue afin d’accompagner Salym dans la gestion de sa performance sociale et environnementale. Si le contexte sanitaire le permet, la mission sera réalisée en septembre ou octobre 2021 au Kirghizstan, si ce n’est pas le cas elle peut être effectuée en ligne.

Mission « LBC-FT » en Afrique du Sud

SEF est une institution de microfinance créée en 1992 qui fournit de services financiers et non financiers aux populations pauvres en Afrique du Sud. L’institution compte 225 317 emprunteurs actifs (100% de femmes en milieu rural).

Une mission Banquiers Solidaires est à pourvoir pour accompagner SEF dans le cadrage et la formation de ses collaborateurs clés sur les risques liés au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme. La mission de terrain se déroulera en Afrique du Sud pendant 2 semaines, si les conditions sanitaires liées à la Covid-19 le permettent.

Deux missions online sont encore à pourvoir

Une première mission « digital / IT » est à pourvoir en faveur de Smart Credit, institution de microfinance en Moldavie. Le Banquier Solidaire aura pour mission de contribuer à construire la stratégie digitale de Smart Crédit. Une deuxième mission « gestion financière » est à pourvoir en faveur de FATEN, institution de microfinance en Palestine. L’expert de Crédit Agricole soutiendra FATEN dans la mise à jour des procédures, politiques et outils financiers. Ces missions s’effectueront à distance au rythme d’une journée par semaine, pendant 15 semaines.

Comment y postuler ?

Pour découvrir les offres détaillées des missions :

  1. Allez sur le site CA Solidaires “Trouver sa mission
  2. Rentrez dans la barre de recherche : “Fondation Grameen”. Toutes les offres de Congés Solidaires apparaîtront !
  3. Cliquez sur l’offre de votre choix, vous y trouverez toutes les informations nécessaires à votre candidature.
Plus d’information : carolina.viguet@credit-agricole-sa.fr

OSHUN renforce son action pour favoriser l’accès à l’eau au Sénégal et au Burkina Faso

Plus de 2 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable gérée en toute sécurité(*). En Afrique Subsaharienne, 40% de la population n’a pas accès à l’eau, principalement en zones rurales et 135 millions de personnes, principalement les femmes et les filles, font plus de 30 minutes de déplacement par jour pour avoir accès à une eau potable.

C’est dans ce contexte que la société OSHUN, créée fin 2017 et partenaire de la Fondation Grameen Crédit Agricole depuis 2018, déploie une solution innovante d’accès à l’eau en milieu rural. Autour d’un modèle économique basé sur l’entrepreneuriat local, OSHUN apporte un service d’eau de qualité et à un prix abordable via des kiosques à eau, fonctionnant à l’énergie solaire. Ces kiosques sont gérés par des entrepreneurs locaux travaillant en tant que franchisés et intègrent une composante digitale qui permet d’optimiser leur bonne gestion. Le service, appelé à se développer plus largement en Afrique de l’Ouest, a démarré dans les zones rurales et péri-urbaines du Sénégal et au Burkina Faso.

Aujourd’hui, outre les kiosques, OSHUN travaille également à l’installation de systèmes de traitement d’eau dans des écoles et postes de santé financés par des partenaires publics, privés et solidaires. Ainsi, en collaboration avec l’ONG Marseille Provence Afrique Coopération, OSHUN a installé, depuis 2018, 120 systèmes de traitement d’eau dans des écoles et postes de santé au Sénégal. A ce jour, ce projet compte environ 40 000 bénéficiaires ayant accès à une eau potable et gratuite. En plus de l’installation et de la maintenance des équipements, OSHUN en lien avec les relais communautaires met en place des activités de sensibilisation des populations pour aider au changement de comportement. Dans la même dynamique, l’Agence de coopération internationale allemande pour le développement (GIZ) vient de commander à OSHUN un projet clef en main pour l’installation de 30 appareils dans des postes de santé situés dans des zones sans électricité au Sénégal.

Au Burkina Faso, OSHUN renforce son action aux côtés de la Société du Canal de Provence (SCP) en tant que maîtres d’œuvre dans la réhabilitation de pompes d’eau et l’installation de kiosques à eau de 27 villages de la commune de Bobo Dioulasso (2e ville du pays). Ainsi, les populations pourront avoir accès au même endroit à de l’eau brute pour usage domestique et de l’eau traitée pour consommation. Ce projet, dont les travaux terminent en avril 2021, permet de toucher près de 70 000 bénéficiaires.

Plus d’informations sur OSHUN ici.

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(*) Nations Unies

The Grameen Crédit Agricole Foundation works for financial inclusion in India

©Crédit Agricole/Getty

Avec 190 millions d’adultes sans compte bancaire, l’Inde a, après la Chine, la deuxième plus grande population non bancarisée au monde (Banque mondiale). Le secteur de la microfinance est devenu un instrument clé pour lutter contre l’exclusion financière dans le pays en fournissant des services financiers et non financiers aux personnes exclues du système bancaire. Le secteur a fait preuve d’un développement spectaculaire : il touche 60 millions d’emprunteurs, pour un portefeuille total de 27 milliards d’euros.

Afin de soutenir le développement de la microfinance en Inde, la Fondation Grameen Crédit Agricole a accordé un prêt de 3 millions d’euros sur 3 ans à Pahal Financial Services Private Limited, une institution de microfinance située à Ahmedabad (Gujarat). Depuis sa création en 2011, Pahal a servi près de 750 000 clients, majoritairement des femmes entrepreneures (98%), à travers 167 agences avec un total d’actifs sous gestion de 81 millions d’euros. Aujourd’hui, Pahal est l’une des institutions de microfinance à la croissance la plus rapide en Inde grâce à une offre de produits innovante et diversifiée pour les personnes à faible revenu.

« Avec ce partenariat, la Fondation Grameen Crédit Agricole renforce son action en faveur de l’inclusion financière et de l’autonomisation des femmes en Inde. Ce financement est notre première opération directe en Inde, grâce à l’utilisation du dispositif d’emprunts commerciaux extérieurs récemment ouvert par la Banque centrale indienne. Cette institution de microfinance a su faire preuve à de multiples occasions d’une grande résilience et nous sommes convaincus que Pahal, ses clients et l’ensemble du secteur se remettront rapidement de la crise », a déclaré Caroline Brandt, Chargée d’investissement à la Fondation.

« Le prêt de la Fondation Grameen Credit Agricole est une validation du modèle opérationnel de Pahal et démontre la résilience du secteur de la microfinance en Inde », a déclaré Kartik Mehta, Cofondateur et Directeur général. « Chez Pahal, nous sommes déterminés à faire partie du programme d’inclusion financière pour les populations les plus vulnérables de notre société. Cet argent sera utilisé pour accorder des prêts aux femmes bénéficiaires de Pahal », a ajouté Purvi Bhavsar, Cofondatrice et Directrice générale.

Le soutien financier de la Fondation intervient au moment où le secteur de la microfinance sort de la crise Covid-19. Après la levée du confinement, les demandes anticipées de microcrédit devraient déclencher une reprise rapide du secteur. Pahal, en partenariat avec la Fondation, soutiendra ses emprunteurs pour les aider à redémarrer leurs activités.

SINAPI Aba et son action pour l’entrepreneuriat féminin au Ghana

Lancé par le gouvernement canadien en 2017, le programme FINEDEV (Financial Inclusion for Enterprise Development) favorise le développement des entreprises via à l’inclusion financière au Ghana. Ce programme est mis en œuvre par Sinapi Aba Savings and Loans, institution de microfinance soutenue par la Fondation Grameen Crédit Agricole.

FINEDEV vise à améliorer l’accès au financement, à l’éducation financière, à la formation entrepreneuriale, en mettant l’accent sur les petites et moyennes entreprises (PME), les femmes et les groupes vulnérables au Ghana. Pour Sinapi, l’accent est mis sur l’entrepreneuriat féminin car 70 % de ses clients sont des femmes.

Networking et formations à l’entrepreneuriat

Le programme est composé de deux volets d’action. Un premier volet est celui du networking via des évènements et des formations des femmes entrepreneures. Grâce à ces rencontres, les participantes ont l’opportunité de partager leur expérience, de se former à l’entrepreneuriat et de se connecter avec d’autres entrepreneures locales. Depuis le début du programme, Sinapi a organisé 310 évènements de networking et 447 formations pour plus de 30 mille participantes.

Un deuxième volet est le projet de mentorat « Women Mentorship ». Il réunit des femmes entrepreneures ayant déjà reçues des formations commerciales par Sinapi Aba, avec des femmes moins expérimentées. Chaque femme « mentor » conseil et accompagne d’autres entrepreneures dans la consolidation de leurs entreprises. Le programme de mentorat a déjà réuni 156 participants, dont 52 femmes mentors et 104 entrepreneures accompagnées.

Avec FINEDEV, Sinapi renforce d’une façon innovante et durable son action en faveur de l’inclusion financière des femmes . Initialement prévu pour une durée de 4 ans, FINEDEV a été prolongé d’une année supplémentaire et devrait se terminer en 2022. Après la fin officielle du projet, Sinapi Aba prévoit de continuer à soutenir les projets de ses clientes en continuant à organiser des activités de mentorat et de mise en réseau des femmes.