[Covid-19] La Fondation Grameen Crédit Agricole en 2020

Eric Campos, Fondation Grameen Crédit Agricole

En 2020, la Fondation a soutenu 80 institutions de microfinance et entreprises sociales dans 39 pays à travers le monde. Avec la pandémie de la Covid-19, la Fondation a établi un dialogue permanent avec toutes les organisations partenaires et a adapté son soutien financier et technique. La Fondation s’est également concertée avec d’autres acteurs clés du secteur de la finance inclusive pour développer des solutions communes et mieux protéger les institutions de microfinance et leurs clients. Coup de projecteur sur l’interview d’Eric Campos, Délégué général de la Fondation, et quelques chiffres clés de l’activité en 2020.

La crise Covid-19 a affecté le secteur de la microfinance dans le monde

Eric Campos : L’année 2020 a été une année très éprouvante pour les partenaires de la Fondation Grameen Crédit Agricole, les institutions de microfinance, les entreprises à impact social environnemental. Très éprouvante parce que les bénéficiaires finaux, qui sont très dépendants des secteurs comme le commerce, l’agriculture et l’artisanat, ont dû faire face aux mesures de confinement et donc ont eu le plus grand mal pour développer leurs activités génératrices de revenu.

La Fondation s’est adaptée pour mieux accompagner les entrepreneurs sur le terrain

EC : Les équipes de la Fondation se sont concentrées sur toutes les actions qui pouvaient permettre à ces institutions, à ces entreprises de gagner du temps et de s’adapter aux effets économiques de cette crise. Au niveau international, nous avons coordonné un accord avec des bailleurs de fonds internationaux pour éviter une crise de liquidité du secteur de la microfinance. Au niveau de la Fondation, nous avons accordé de nombreux reports d’échéance, nous avons accompagné les institutions et les entreprises en envoyant des missions d’assistance technique pour leur permettre de s’améliorer sur la gestion des risques, sur la gestion de la trésorerie. Nous avons été présents tout au long de cette année, aux côtés des institutions partenaires de longue date de la Fondation.

Quelles perspectives en 2021 ?

EC : En 2021 nous sommes encore dans un contexte de crise. Nous voyons quelques signes faibles de reprise économique dans le tiers à peu près des pays d’intervention de la Fondation. En 2021, la Fondation renforcera son dispositif d’assistance technique. Nous continuerons à financer nos partenaires, à les accompagner, et nous sommes prudents mais confiants sur la reprise économique que l’on commence déjà à constater. Notre engagement : aider nos partenaires à traverser cette crise mondiale.

 

Un an après : Ce qu’une année d’enquêtes nous apprend sur la Covid-19 et la microfinance

Maxime Borgogno, Fondation Grameen Crédit Agricole

Coup de projecteur sur l’interview de Maxime Borgogno pour FinDev. Maxime est Chargé d’investissement pour la région Asie et Europe Centrale au sein de la Fondation Grameen Crédit Agricole.

Depuis le début de la pandémie, la Fondation Grameen Crédit Agricole suit la manière dont le secteur de la microfinance fait face à la crise de la Covid-19. Un an plus tard, qu’avez-vous appris?

Maxime Borgogno : Si les conséquences immédiates auxquelles ont fait face des institutions de microfinance (IMF) ont été une augmentation du portefeuille à risque et une réduction de leur portefeuille, la crise opérationnelle n’a pas conduit à un échec total du secteur comme on le craignait au départ. En fait, nous avons vu de nombreuses IMF s’adapter de manière proactive au nouveau contexte : elles ont pris des mesures de gestion adéquates tout en maintenant une approche responsable avec leurs clients. Seule une petite proportion des institutions interrogées a dû licencier du personnel pendant la crise, et celles situées dans les pays les plus touchés ont réussi la transition vers des systèmes d’accès à distance. La plupart des IMF ont mis en œuvre une restructuration des prêts pour soulager les clients affectés. Certains, notamment en Asie du Sud-Est, ont fourni aux clients des kits d’urgence (nourriture, équipements sanitaires, etc.). Ils ont même exploré de nouvelles opportunités telles que les canaux de remboursement de prêts numériques pour s’adapter à la situation.

En général, les IMF restent optimistes quant à l’avenir, sur la base d’une bonne compréhension des défis actuels et de l’expérience acquise en 2020. Si la crise n’est pas terminée et qu’il reste des défis à relever, le secteur a la capacité de les relever.

Quels sont les principaux défis à venir ? Pourquoi pensez-vous que le secteur a la capacité de les surmonter?

MB : La situation reste imprévisible et dépend de chaque pays. Une IMF peut être confrontée très rapidement à des contraintes opérationnelles importantes, ce qui limitera son activité. Les dernières données montrent que près de 75% des IMF sont confrontées à un portefeuille à risque plus élevé qu’avant la crise. Par conséquent, elles devront trouver un équilibre entre une gestion prudente de ce risque et la poursuite des octrois de nouveaux prêts à leurs clients. Il est désormais clair que la crise Covid-19 a bouleversé certains secteurs, structures d’entreprises et modes de fonctionnement. Les IMF devront tenir compte de ces changements majeurs dans leur stratégie pour les années à venir.

Au cours de l’année écoulée, nous avons vu des IMF rester pleinement engagées dans leur mission sociale. Elles ont prouvé leur résilience et leur capacité d’adaptation au cours d’une crise sans précédent. Avec l’augmentation des niveaux de pauvreté du fait de la crise, la mission de la microfinance est plus que jamais d’actualité.

Comment avez-vous suivi la situation au cours de l’année écoulée?

MB : Nous avons lancé la première enquête mensuelle en mars 2020 auprès de 75 IMF que nous soutenons. L’objectif était de recueillir les premières impressions sur la situation ainsi que l’impact potentiel sur leurs activités et leurs clients. En juin 2020, nous nous sommes associés à ADA et Inpulse pour étendre la portée de l’enquête à plus de 100 IMF, y compris en Amérique latine et dans les Caraïbes, où la Fondation n’est pas présente. Depuis septembre, nous sommes passés à un format trimestriel pour éviter de surcharger les institutions en période de reprise de leurs activités. La prochaine enquête aura lieu dans le courant du mois de mars.

Les résultats de l’enquête, ainsi que d’autres articles en rapport avec la crise Covid-19, sont disponibles sur l’Observatoire Covid-19, un espace créé par la Fondation au début de la pandémie.

Les institutions de microfinance n’ont souvent pas la capacité de répondre aux enquêtes, en particulier lorsqu’elles doivent faire face à une crise majeure. Qu’est-ce qui vous a aidé à continuer à collecter des données auprès d’elles ?

MB : Dès le début, nous avons choisi de ne pas demander des informations financières détaillées aux IMF, mais plutôt de recueillir leurs impressions et observations sur l’impact de la crise. Nous avons délibérément limité le nombre de questions et veillé à ce qu’elles soient aussi claires que possible. Nous avons également évité de demander les mêmes informations qu’ils nous envoient dans leurs rapports mensuels réguliers.

Nous insistons sur un haut niveau de communication avec nos partenaires, nous partageons donc avec eux les résultats des enquêtes dès qu’ils sont disponibles et restons ouverts à leurs retours dans ce processus. Les commentaires de nos répondants nous ont aidés à adapter la formulation des questions et le contenu du questionnaire. Nous pensons que leur implication dans le processus est une motivation essentielle pour que nos IMF partenaires continuent de participer à l’enquête.

Quel est votre sentiment sur la manière dont cette crise façonne l’avenir de la microfinance? Êtes-vous inquiet pour l’avenir du secteur ?

MB : 2020 a été une année historique qui a démontré la résilience du secteur de la microfinance. Les IMF ont innové et renforcé leurs services pour protéger leurs clients. Dans le même temps, les bailleurs et autres parties prenantes se sont coordonnés entre eux pour adopter les mesures les plus appropriées afin de soutenir les IMF. La dernière enquête que nous avons menée sur l’impact de la crise Covid-19 révèle que la plupart des institutions s’attendent à ce que leur activité augmente en 2021, en termes de volume de portefeuille et de nombre de clients.

Cependant, bon nombre des institutions les plus touchées auront besoin du soutien de leurs actionnaires et de leurs bailleurs. Le risque de crédit se traduisant progressivement par des pertes en 2021, la réactivité des investisseurs sera fondamentale et sera le prochain sujet de l’Observatoire Covid-19 de la Fondation.

La crise n’est pas encore derrière nous, mais nous sommes confiants pour l’avenir du secteur. La transformation numérique, la coordination entre les parties prenantes et l’innovation seront essentielles pour renforcer la résilience et l’impact de la microfinance.

Source : FinDev

Actu

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The SSNUP program finances a first agricultural project in Senegal

©FGCA/Godong

Afin de soutenir les petits exploitants agricoles, la Direction du développement et de la coopération suisse et la Direction de la Coopération au développement et de l’action humanitaire du Luxembourg, sous la coordination de ADA, ont lancé le programme SSNUP (Smallholder Safety Net Upscaling Programme). Avec un budget de 55 millions d’euros sur 10 ans, le programme vise à renforcer durablement les filets de sécurité des petits exploitants agricoles en Afrique, en Amérique latine et en Asie en stimulant le développement des chaînes de valeur agricoles.

Le programme s’appuie sur les connaissances et l’expertise des services d’assistance technique de fonds d’investissement à impact déjà actifs dans ce domaine. La Fondation Grameen Crédit Agricole est l’un des investisseurs à impact en charge de la mise en place du SSNUP. Elle apportera son expertise en assistance technique à des organisations qu’elle soutient –institutions de microfinance et entreprises sociales– afin de concevoir et de développer des solutions financières et non financières pour l’atténuation et le transfert des risques agricoles des différents acteurs des chaînes de valeur.

Un projet agricole à impact au Sénégal

La première organisation soutenue par la Fondation dans le cadre du programme est SFA (Sénégalaise des Filières Alimentaires), entreprise sociale qui œuvre au développement d’une chaîne de valeur inclusive pour le riz au Sénégal. Créée en 2013, SFA produit du riz blanc à partir de paddy cultivé par les petits producteurs de la Vallée du fleuve Sénégal. Elle leur apporte un soutien technique via des formations sur les meilleures pratiques agricoles et facilite leur accès au marché et au financement en les mettant en relation avec des bailleurs locaux.

Malgré cet accompagnement technique apporté par SFA, les rendements des petits producteurs restent inférieurs à leur potentiel. Cela s’explique notamment par le fait que les producteurs restent réticents à mettre en place les pratiques agricoles promues par SFA sans pouvoir constater au préalable leurs effets positifs.

Le programme SSNUP va permettre de renforcer cet accompagnement technique des producteurs, à travers une mission d’assistante technique d’un budget de 11 000€. Ce projet d’une durée de 6 mois vise à créer 20 champs témoins dans les zones d’opération de SFA, dans lesquels les meilleurs pratiques agricoles seront utilisées. Ces champs témoins permettront de former une soixantaine de producteurs relais sur les meilleurs pratiques pour optimiser leur production et de démontrer auprès de tous les producteurs de la zone les impacts positifs de ces pratiques sur le rendement agricole et sur la qualité de la production. Des séances d’échange et des formations animées par les producteurs relais leur permettront de transmettre à leur tour leur apprentissage à plus de 2 000 petits producteurs.

Les résultats attendus pour ce projet reposent sur 3 piliers : le renforcement des compétences des agriculteurs formés ; l’augmentation de la production et de la qualité de la production pour les agriculteurs formés ; l’augmentation des revenus pour les agriculteurs formés et leurs ménages. C’est un projet à fort impact qui contribuera directement au développement de la chaîne de valeur du riz et à la sécurité alimentaire au Sénégal.

 

 

Enquête sur l’inclusion financière des personnes handicapées au Cambodge

Au Cambodge, au moins 10% de la population souffre d’une forme de handicap et sont souvent victimes d’exclusion sociale et économique et de stigmatisation. Renforcer leur capacité à utiliser les services financiers peut contribuer à briser la chaîne entre handicap et pauvreté. Dans ce contexte, une étude a été réalisée par Chamroeun Microfinance Plc et Good return afin de mieux comprendre les besoins et les obstacles auxquels sont confrontées les personnes handicapées dans l’accès à des services financiers.

Les résultats de l’étude montrent le lien entre handicap et exclusion et les opportunités encore inexploitées pour briser ce cycle. Ainsi, alors que seulement 30% des 513 personnes interrogées ont utilisé des services financiers, plus de 50% envisagent un futur prêt, principalement pour des activités entrepreneuriales, et 90% voient des avantages à suivre une formation en éducation financière.

Cette étude contribuera à structurer le projet « Éducation et accès : Service responsable pour les personnes handicapées » du Programme de coopération Australie-Cambodge pour des services durables équitables (ACCESS) qui vise à améliorer l’accès des personnes handicapées à une finance responsable.

Soutenue par la Fondation Grameen Crédit Agricole depuis 2010, Chamroeun Microfinance Plc est une institution de microfinance cambodgienne qui fournit des services financiers aux populations les plus pauvres et leur propose également des services de formation et d’accompagnement. Elle sert aujourd’hui près de 43 000 clients, dont 81% sont des femmes et 65% habitent en zone rurale.

Accéder à l’étude (en anglais) ici

 

L’impact du Fonds FIR du Crédit Agricole en 2020

Le FIR (Finance Inclusive en milieu Rural) est un fonds à impact du Crédit Agricole qui promeut l’inclusion financière dans les pays en développement en finançant des institutions de microfinance rurales. Au 31 décembre 2020, le FIR enregistre des souscriptions de 21 Caisses régionales, Amundi et CA Assurances (*) pour un montant de 9,75 millions d’euros qui ont permis de soutenir 5 institutions de microfinance qui servent près de 80 000 personnes à faibles revenus en Afrique, en Asie et en Europe.

En 2020, avec la crise Covid-19, un suivi rapproché a été effectué auprès des organisations financées par le FIR pour adapter le soutien à chaque organisation. Parmi les mesures, une coalition internationale a été créée, à l’initiative de la Fondation Grameen Crédit Agricole -Conseiller du FIR-, pour protéger les institutions de microfinance et leur clients face aux conséquences de la crise.

Une trentaine d’investisseurs et acteurs clés du secteur, dont CA Indosuez Wealth (Asset Management) -Gestionnaire du FIR-, se sont engagés au sein de cette coalition et se coordonnent dans l’octroi de reports d’échéances, d’assistance technique et de partage d’information pour éviter une crise de liquidité dans le secteur et renforcer la résilience des institutions de microfinance dans cette période complexe.

Découvrez le rapport complet ici

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(*) Crédit Agricole Assurance, Amundi et 21 Caisses régionales (Alpes Provence, Alsace-Vosges, Brie Picardie, Centre-est, Centre-France, Centre Loire, Centre-Ouest, Champagne-Bourgogne, Charente-Périgord, Finistère, Franche-Comté, Ille-et-Vilaine, Languedoc, Loire-Haute Loire, Martinique-Guyane, Normandie-Seine, Provence Côte-d’Azur, Réunion, Savoie, Sud Rhône Alpes et Touraine Poitou).

 

Nouvelles missions Banquiers Solidaires ouvertes aux collaborateurs du Crédit Agricole

Lancé en 2018 par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A, Banquiers Solidaires est un programme de volontariat de compétences ouvert aux collaborateurs du groupe Crédit Agricole en faveur d’institutions de microfinance ou d’entreprises à impact soutenues par la Fondation. Deux nouvelles missions online sont à pourvoir en faveur des institutions de microfinance en Moldavie et en Palestine.

LES TYPES DE MISSIONS BANQUIERS SOLIDAIRES

Il y a 2 types des missions : les missions à l’étranger et les missions online. Elles peuvent avoir lieu pendant le temps de travail du collaborateur (parrainage par l’employeur du Banquier Solidaire) ET/OU pendant les vacances (bénévolat).

Entre 2018 et 2020, 20 missions ont été lancées dont 13 réalisées et 7 en cours tant en mécénat que bénévolat de compétences. C’est une belle réussite qui démontre l’engagement des collaborateurs et du Groupe pour soutenir des projets à impact social.

DEUX MISSIONS À POURVOIR

Une première mission « digital / IT » est à pourvoir en faveur de Smart Credit, institution de microfinance soutenue par la Fondation Grameen Crédit Agricole en Moldavie. Le Banquier Solidaire aura pour mission de contribuer à construire la stratégie digitale de Smart Crédit. L’expert de Crédit Agricole sélectionné travaillera à distance et consacrera l’équivalent d’une journée par semaine, pendant 15 semaines, à la mission. Smart Crédit fourni es services financiers à des personnes socialement défavorisées et des petits entrepreneurs moldaves. L’institution compte plus de 3 000 emprunteurs actifs (54% de femmes et 69% de clients dans les zones rurales) et gère un portefeuille de 4,4 millions d’euros.

Une deuxième mission « gestion financière » est à pourvoir en faveur de FATEN, institution de microfinance en Palestine. L’expert de Crédit Agricole soutiendra FATEN dans la mise à jour des procédures, politiques et outils financiers. Il/Elle travaillera à distance au rythme d’une journée par semaine, pendant 15 semaines. FATEN octroie des services financiers à des entrepreneurs et des particuliers palestiniens à faibles revenus. En décembre 2020, l’institution dessert 26 244 emprunteurs actifs (34 % de femmes et 68 % de ruraux) et gère un portefeuille de 108 millions d’euros.

COMMENT Y POSTULER ?

Déposez votre candidature sur le site de CA solidaires ici

Contact

Carolina VIGUET
Directrice Communication & Partenariats
carolina.viguet@credit-agricole-sa.fr

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Newsletter #38 : La résilience de la microfinance face à la crise Covid-19

©FGCA/Godong

La Fondation Grameen Crédit Agricole publie sa Newsletter #38 qui met en avant l’impact de la Covid-19 et les actions de la Fondation et les organisations soutenues pour y faire face. 2020 a marqué le monde d’une crise sans précédent, mais ce qui restera aussi au terme de cette année historique, c’est la résilience du secteur de la finance inclusive.

Des signaux de cette résilience sont présentés dans les résultats de la 5e enquête réalisée depuis le début de la pandémie par la Fondation, ADA et Inpulse auprès des institutions de microfinance financées pour connaître l’impact de la crise sur leur activité et leur apporter les réponses les mieux adaptées. Une très grande majorité des institutions soutenues envisagent une croissance de leur activité en 2021, en termes du volume du portefeuille et du nombre de clients.

La Fondation a également lancé une Coalition internationale pour agir en concertation avec d’autres acteurs du secteur et mieux accompagner les organisations soutenues tant financièrement qu’au travers de missions d’assistance technique dans cette période de crise. Dans ce numéro de la Newsletter vous découvrirez le témoignage d’OXUS Kirghizstan, une institution de microfinance qui a bénéficié du soutien additionnel de la Fondation dans le cadre de la Coalition.

Nous partageons également le témoignage de Daniel Hoarau, Responsable IT de Crédit Agricole de La Réunion, parti soutenir une institution de microfinance en Bosnie-Herzégovine dans le cadre d’une mission Banquiers Solidaires, un programme de volontariat de compétences ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole en faveur des organisations financées par la Fondation.

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Ugafode et l’inclusion financière des réfugiés

Soutenue par la Fondation Grameen Crédit Agricole depuis 2015, UGAFODE Microfinance Limited est une institution de microfinance qui offre des services financiers et non financiers inclusifs aux populations à faibles revenus mais économiquement actives en Ouganda. UGAFODE est l’une des trois organisations soutenues par un programme lancé par la Fondation, l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (Sida) et l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés afin de soutenir l’inclusion financière des réfugiés. Grâce à ce soutien financier et technique, UGAFODE a ouvert une antenne dans le camp de réfugiés de Nakivale en Ouganda. Coup de projecteur sur une interview de Shafi Nambobi, Directeur exécutif d’UGAFODE.

1. En quelques mots, qu’est-ce qu’UGAFODE Microfinance Limited ?

UGAFODE Microfinance Limited a débuté en 1994 en tant qu’ONG spécialisée dans le crédit de groupe pour les femmes et s’est depuis transformée en une institution de dépôt de microfinance réglementée par la Banque d’Ouganda. L’institution cible spécifiquement les populations à faibles revenus mais économiquement actives du pays, par le biais de 7 agences urbaines et 12 agences rurales, au service de plus de 110 000 clients d’épargne et 8 000 clients de crédit. Elle offre une gamme de services financiers comprenant l’épargne, les prêts et les services de transfert d’argent avec un portefeuille de prêts de 12,1 millions d’euros et un volume d’épargne de 6 millions d’euros.

2. UGAFODE a reçu un soutien financier novateur de la Fondation Grameen Crédit Agricole, de l’Agence suédoise de coopération internationale au développement (Sida) et de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés en 2019, lorsqu’elle a été sélectionnée comme bénéficiaire d’un programme de soutien à l’inclusion financière des réfugiés. Pouvez-vous nous expliquer cette initiative et le soutien dont UGAFODE a bénéficié ?

La plupart des réfugiés ont été victimes de discrimination et se sont vus refuser des facilités de crédit par les institutions financières car ils sont considérés comme trop risqués, bien qu’ils soient engagés dans l’agriculture et le commerce de détail. En mars 2020, UGAFODE a été la première institution de services financiers à créer une antenne dans un camp de réfugiés en Ouganda grâce à ce programme. Le camp de réfugiés de Nakivale est le 8e plus grand camp au monde, accueillant plus de 134 000 réfugiés de 13 pays. Le budget total du projet est de 536 780 euros, dont 396 882 euros proviennent de Sida et 139 810 euros d’UGAFODE en trois ans. En outre, la Fondation a également accordé un nouveau prêt de 540 000 euros en juillet 2020, dont 50% seront utilisés dans le cadre du programme pour les réfugiés, afin d’octroyer des prêts aux réfugiés et aux populations d’accueil.

3. Quels sont les premiers résultats du projet ?

Le projet a déjà commencé à faire ses preuves. Depuis l’ouverture de l’agence de la Nakivale, 505 prêts d’un montant total de 383 596 euros ont été déboursés entre le 2 mars 2020 et le 31 décembre 2020, principalement pour soutenir les petites et moyennes entreprises et les prêts individuels à l’agriculture. Il est important de noter que tout cela a été réalisé dans le contexte de la crise du Covid-19. Le portefeuille à risque (PAR) est à 1,65% pour 1 jour et à 0% pour 30 jours, ce qui est à la fois considérable et bienvenu. Par ailleurs, nous avons sensibilisé plus de 5 000 réfugiés aux questions financières et 2 534 clients ont ouvert des comptes d’épargne pour un montant total de 65 112  euros. Au total, 5 301 réfugiés ont reçu 776 345 euros grâce aux services de transfert d’argent d’amis et de parents de l’agence de Nakivale au cours des neuf mois qui ont suivi l’ouverture de l’agence. Nous employons actuellement 21 personnes, dont 8 réfugiés à Nakivale et 4 au centre d’appel de Kampala, pour gérer les plaintes des clients dans les principales langues des réfugiés.

4. Comment la pandémie Covid-19 a-t-elle affecté le projet ? Quelles mesures ont été prises pour faire face à la crise ?

La mise en œuvre et l’ouverture du projet ont eu lieu au début de la crise Covid-19. Comme le gouvernement a rendu les services financiers essentiels, la succursale de Nakivale a pu offrir les services nécessaires aux clients de l’établissement sur une note très positive. UGAFODE a pu ajuster ses politiques et procédures afin de servir les réfugiés dans le respect des directives réglementaires. Nous avons recruté du personnel pour les réfugiés au centre d’appel afin de fournir des conseils et des informations aux clients. Nous avons également construit une extension de l’agence afin de disposer d’un espace suffisant pour assurer la sécurité du personnel et des clients. En outre, nous avons accordé des options de rééchelonnement aux clients avec des prêts pour les soutenir en cette période de crise. La Fondation Grameen Crédit Agricole et KIVA nous ont également soutenus pour faire face à la crise. La Fondation nous a accordé des crédits budgétaires flexibles au sein de lignes principales pour faire face aux incertitudes de la crise. La Direction fonctionne selon les procédures opérationnelles standard Covid-19 (Standard Operating Procedures) instituées par le Ministère de la Santé et le Gouvernement. Nous pourrons également acheter 3 motos supplémentaires pour permettre au personnel de l’agence de rejoindre plus de clients, facilement et plus rapidement.

5. Quelles sont maintenant les priorités du projet ?

Il y a trois priorités :

  1. Intensifier les formations d’éducation financière pour sensibiliser au moins 8 800 réfugiés et 8 000 communautés d’accueil la deuxième année et 15 500 réfugiés et 14 000 communautés d’accueil la dernière année du projet.
  2. Mener une enquête auprès des clients pour faciliter la prise de décisions éclairées et développer des produits adaptés aux réfugiés.
  3. Déployer le modèle du projet dans d’autres établissements. Après Nakivale, le projet sera reproduit au plus tôt dans d’autres camps de réfugiés. Les premières études de faisabilité ont été menées pour les camps de réfugiés de Kyaka, Kyangwali et Rwamwanja.