OXUS Kyrgyzstan and its six commandments for the Covid-19 crisis

Entretien avec Denis Khomyakov, DG, OXUS Kirghizstan

Depuis le début de la crise Covid-19, la Fondation Grameen Crédit Agricole a travaillé sur plusieurs initiatives pour mieux soutenir le secteur de la microfinance. OXUS Kirghizstan est l’une des institutions de microfinance qui a bénéficié de la réponse de la Fondation à la crise. Cinq questions à Denis Khomyakov, Directeur général de OXUS Kirghizstan (OKG).
____________________

La crise Covid-19 a impacté fortement l’économie en Kirghizstan et votre organisation. Quelles mesures avez-vous adoptées pour y faire face ?

La crise a frappé de plein fouet l’économie et le système de santé du Kirghizstan. Avec la fermeture des frontières et les confinements, l’industrie et l’agriculture ont décliné et les services de transports se sont effondrés. Même si de nouvelles activités sont apparues (comme les services de livraison), la Covid-19 a impacté l’économie du pays et par extension nos clients et notre activité.

Dans ce contexte, nous étions bien préparés chez OKG. Dès février, nous avons d’abord protégé notre personnel par du télétravail ou du chômage partiel au 2/3 du salaire, ce qui a impliqué la digitalisation de nos activités. En mai, nous avons adopté le travail présentiel et à distance grâce aux mesures anti-Covid prévues dans le plan de continuité des activités (PCA) Covid-19, qui a vite été opérationnel.

Nous nous sommes toujours assurés de bien communiquer. Pour cela, nous avons d’abord créé un Comité Covid-19 composé de membres de différents départements et moi pour structurer la communication et définir des mesures opérationnelles. Plusieurs actions ont été entreprises : nous avons organisé la communication avec les agences et les clients, établi la restructuration des prêts et le soutien aux clients et décidé de négocier avec les prêteurs pour obtenir un délai de grâce sur les remboursements. Nous avons également échangé régulièrement avec différentes parties prenantes : la gouvernance qui nous a guidé et conseillé, les prêteurs qui se sont coordonnés pour assurer la continuité de nos activités et la Banque nationale qui nous a fourni des éclaircissements sur les possibilités de restructurations et exonérations.

Quel a été le soutien de la Fondation pour renforcer la réponse d’OKG ?

Les enquêtes Covid-19 menées par la Fondation ont été bien organisées et se sont toujours déroulées au bon moment. L’Observatoire Covid-19 lancé par la Fondation, où les résultats des enquêtes et d’autres articles utiles sont publiés, nous a été précieux pour évaluer notre situation et notre position dans la région. La Fondation a également conduit le groupe de prêteurs d’OKG à appliquer les mesures de restructuration et les extensions coordonnées ; sous l’impulsion de la Fondation, avec le suivi régulier de Julie Serret, Chargée d’investissement de la Fondation, nous avons agi immédiatement pour se préparer au pire des scénarios et avons convenus des conditions avec les prêteurs tous ensemble.

Quelles ont été les principales mesures mises en œuvre par ce groupe de prêteurs ?

Le groupe de prêteurs a décidé de reconduire tous les versements payables entre mai et décembre 2020 pendant 12 mois. Les prêteurs ont également simplifié le reporting en collectant des informations via un document commun, ce qui nous a donné plus de temps pour nous concentrer sur d’autres questions. Ils nous ont également fourni des outils pour créer un PCA, pour relancer l’activité tout en protégeant le personnel. Résultat : nous ne nous sommes pas vraiment préoccupés de la situation de liquidité. Nous avons pu payer les salaires et avantages de notre personnel sans retard.

Quelles leçons tirez-vous de cette période pour l’évolution de la microfinance ?

Voici mes six commandements :

  1. Anticipez. Toute entreprise doit avoir un plan de continuité des activités (PCA) pour ce genre d’événements. Avoir un plan de reprise après sinistre informatique est très utile –cela nous a beaucoup aidé à réagir à la crise et maintenir le système en marche.
  2. Prenez soin du personnel, informez-les de la situation et des mesures décidées.
  3. Prenez des décisions. N’arrivez pas trop tard, mais réfléchissez à deux fois.
  4. Informez les investisseurs et les prêteurs de la situation et fournissez des prévisions (détaillées, même si vous ne connaissez pas l’évolution de la situation) pour les prochains mois.
  5. Communiquez souvent avec votre Conseil d’administration. Sa composition, son expérience vous permettront de traverser tout type de crise.
  6. Soyez digital. Les canaux numériques sont précieux pour communiquer avec les clients et le personnel. La Covid-19 nous a poussés à penser et à être plus numériques.

Quelles sont les perspectives pour OKG en 2021 ?

L’entreprise poursuit son développement et sa croissance. Nous prévoyons d’ouvrir deux nouvelles agences en zone rurale et de servir les clients à faibles revenus. Nous prévoyons d’introduire des tablettes pour accélérer le déboursement des prêts, mais aussi pour collecter moins de documents papier et être plus respectueux de l’environnement. Nous prévoyons d’ailleurs de développer les prêts verts afin de contribuer à lutter contre la pollution atmosphérique et l’utilisation intensive de l’énergie au Kirghizistan.

D’autres initiatives comme notre travail sur la fidélisation des clients et le projet de soutien aux femmes entrepreneures initié début 2020 ont été ralentis par la crise sanitaire. Nous les reprendrons. Nous resterons une entreprise fiable pour nos clients, ayant une approche zéro exclusion !

La volonté des institutions de microfinance de maintenir leurs activités face à la crise Covid-19

ADA, Inpulse et la Fondation Grameen Crédit Agricole se sont associés pour suivre et analyser les effets de la crise liée au Covid-19 pour leurs institutions de microfinance partenaires dans le monde. Ce suivi a été réalisé périodiquement tout au long de l’année 2020 afin d’avoir une meilleure vision de l’évolution de la situation. Avec cette analyse régulière et approfondie, nous espérons contribuer, à notre niveau, à la construction de stratégies et de solutions adaptées aux besoins de nos partenaires, ainsi qu’à la diffusion et à l’échange d’informations entre les différents acteurs du secteur.

En résumé

Les résultats présentés dans cet article proviennent de la cinquième enquête de la série commune (1) à ADA, Inpulse et la Fondation Grameen Crédit Agricole. Les réponses ont été collectées dans la deuxième moitié du mois de décembre auprès de 74 institutions de microfinance (IMF) situées dans 42 pays d’Europe de l’Est et d’Asie centrale (EAC-28%), d’Afrique subsaharienne (ASS-26%), d’Amérique latine et Caraïbes (ALC-23%), d’Asie du Sud (14%) et du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA-9%) (2).

Nos derniers travaux confirmaient la reprise progressive de l’activité des IMF dans l’été 2020, pour lesquelles la plupart des difficultés opérationnelles rencontrées dans le cadre de la crise du COVID-19 s’estompaient. Dans le même temps, la contrainte majeure qui subsistait était la difficulté à collecter les remboursements de prêts, et impliquait l’augmentation du portefeuille à risque. Ce dernier point est toujours valable en fin d’année, et ce sont toujours trois quarts des répondants qui constatent une hausse du PAR. A cela s’ajoute la dégradation de la situation épidémiologique dans le monde à l’automne 2020, dont témoignent les réponses rassemblées en Décembre-2020. Les mesures d’endiguement de l’épidémie prises en fonction des contextes locaux peuvent à nouveau avoir des conséquences sur les activités des IMF et de leurs clients, et un retour à la normale n’est pas encore à l’ordre du jour.

Néanmoins, ces nouvelles complications et leurs incidences ne sont pas des éléments nouveaux. Ainsi, elles ne se répercutent que peu dans les indicateurs de risque des IMF. La stabilité de l’augmentation du PAR, mais aussi des niveaux de recouvrement ne traduisent pas de nouvelle aggravation majeure de la situation financière des IMF. Ce relatif équilibre correspond également à l’état d’esprit des IMF pour aborder 2021. En dépit d’un contexte instable et de tous les obstacles qu’il entraîne, la très grande majorité de nos partenaires envisagent une croissance de leur activité en cette nouvelle année, à la fois en termes de volume du portefeuille, mais également du nombre de clients. Cette confiance, que l’on constatait déjà dans les enquêtes menées au cours de l’été, est un nouveau signe de la résilience de ces institutions.

1. Les IMF évoluent toujours dans des conditions instables

Notre dernière enquête, menée en octobre, démontrait une grande amélioration du contexte opérationnel des IMF et témoignait de la reprise progressive de leur activité dans l’ensemble des régions du monde. Cependant, dans une grande partie des pays, même ceux qui semblaient bien gérer la propagation du virus, de nouvelles mesures plus restrictives d’endiguement de l’épidémie ont été prises au dernier trimestre 2020 face à la nouvelle hausse des cas. Cette dégradation est notamment confirmée par nos partenaires en Europe et en Asie, lorsque les IMF en Amérique du Sud et Centrale, Afrique australe ou Afrique du Nord témoignent d’une amélioration de la situation.

La comparaison des réponses de nos 38 partenaires ayant participé aux sondages d’octobre et de décembre (3) dans les paragraphes suivants confirme le constat d’un retour de certaines difficultés pour les IMF, et sont à l’image des résultats généraux obtenus en fin d’année.

Tout d’abord, le virus continue de se propager rapidement dans certaines régions du monde, et les IMF n’en sont pas exemptées. Ainsi, nous pouvons noter une hausse de la part des IMF indiquant que les clients et le personnel ont été infectés par la COVID-19. Ceci se voit dans la baisse de 47% à 32%, (17 à 12 IMF) des IMF dont ni les clients, ni le personnel ne sont atteints par la COVID-19. En octobre, cette catégorie comprenait deux tiers des IMF d’Afrique subsaharienne (10/15) et la grande majorité de celles d’Asie du Sud (5/6). En décembre, la part des IMF d’Afrique subsaharienne est quasi stable (9/15), alors que celles de l’Asie baisse à 50% (3/6). Enfin, la catégorie « plus de 20% du personnel a été infecté » passe de 0% à 13% (5 IMF) sur la période, très majoritairement dans la région Europe et Asie Centrale (4 IMF).

Du côté des contraintes opérationnelles, les résultats sont relativement stables entre les deux périodes. La liste des IMF qui indiquent ne plus faire face à des contraintes opérationnelles reste sensiblement la même (39%), et se concentre en Asie Centrale et Afrique de l’Ouest. Ajoutons que collecter les remboursements de prêts (42% de l’échantillon) et débourser de nouveaux prêts (32%) demeurent les deux principales difficultés rencontrées par les IMF.

La difficulté à entrer en contact avec les clients, à la fois en agence et sur le terrain était considérée comme une conséquence de la crise pour seulement 16% (6 IMF) de cet échantillon en octobre, et ce chiffre est en hausse en décembre (24%, 9 IMF). Dans le détail, il faut noter que la localisation des IMF qui soulignent cette contrainte a évolué au cours des deux derniers mois. Ainsi, elles étaient notamment situées en Amérique Latine et Caraïbes et en Afrique de l’est en Octobre. En décembre, ce point est soulevé par les IMF d’Asie du Sud-Est (3/6), d’Europe de l’Est (2/5) et d’Afrique de l’Ouest (2/8). Au niveau général de l’enquête, ce sont finalement 30% des IMF qui précisent être de nouveau limitées dans leurs activités, malgré une reprise progressive.

2. Les clients restent donc exposés

Comme en témoignent les IMF à travers ces enquêtes, le contexte incertain et particulièrement instable pèse également sur les clients des IMF. Et logiquement, la difficulté à collecter les remboursements pour les IMF par exemple, est intimement liée aux difficultés que rencontrent les clients eux-mêmes. L’activité d’une grande partie d’entre eux n’a toujours pas redémarré ou reste ralentie par le contexte de crise : notre dernière enquête faisait notamment ressortir les secteurs du tourisme et du commerce comme étant les plus affectés (4). A décembre 2020, la proportion

des IMF indiquant que plus de 90% de leurs clients ont repris leur activité reste minoritaire (23%, 17 IMF). Toutefois, 46% (34 IMF) des IMF indiquent que les clients ayant repris leur activité représentent entre 70% et 90% de leur portefeuille. Et seulement 11% (8 IMF) des sondés indiquent que moins de 50% de leurs clients peuvent de nouveau travailler. Notons néanmoins quelques disparités régionales dans ces résultats : en Asie du Sud, Europe et Asie Centrale, et Afrique subsaharienne, au moins 80% des sondés indiquent que plus de 70% des clients ont repris leur activité. Dans les régions MENA et Amérique Latine et Caraïbes, cette part se réduit à 43% et 41% respectivement.

Les réponses de nos partenaires permettent également de continuer à dresser le profil des clients les plus impactés par la crise. Tout d’abord, il faut noter qu’une grande partie des IMF interrogées excluent la possibilité qu’il y ait une catégorie de clients plus affectée que les autres, que ce soit au niveau du genre, de la localisation (urbain ou rural) ou de l’âge. Dans le détail, 42% (31 IMF) des sondés estiment que tous leurs clients sont impactés identiquement, et 51% (38 IMF) indiquent qu’il n’y a pas de différence notable au niveau des remboursements en fonction de ces critères. De manière générale, l’idée qu’il y ait une différence d’exposition à l’impact de la crise en fonction de l’âge est également écartée. Et si certaines IMF disent voir des différences en fonction des catégories d’âge (-30 ans, 30-50 ans, 50+ ans), aucune d’entre-elles ne se démarque.

Parmi les IMF qui perçoivent une différence dans l’impact de la crise sur leurs clients (36 IMF), un critère ressort majoritairement : 76% (27 IMF) estiment que les populations les plus impactées sont les populations urbaines. La même proportion affirme que cette différence se ressent sur les remboursements de prêts. Ces réponses confirment les précédents résultats que nous obtenions concernant les secteurs les plus affectés, décidément urbains. Le fait que le critère de ruralité ne soit que peu mentionné va dans le même sens, et fait écho au secteur de l’agriculture, révélé au fil des enquêtes par nos partenaires comme secteur moins touché par la crise liée à la Covid-19 que les autres, et vers lequel un certain nombre d’IMF imaginaient vouloir s’orienter. Enfin, une dernière caractéristique est mentionnée par les IMF notant des disparités dans l’impact de la crise : 36% (13 IMF) perçoivent que les femmes sont plus touchées que les hommes et donc par défaut pourraient avoir plus de difficultés à rembourser leurs emprunts. Notons qu’une partie des répondants ne servent que des clientes, qui font logiquement d’elles la population la plus affectée dans le secteur.

3. Des défis désormais bien connus des IMF

Des niveaux d’activités toujours en berne ou des mesures d’endiguement de la COVID-19 mis en place par les autorités locales sont désormais des éléments connus par les IMF. Et face auxquels elles s’adaptent. Ainsi, les difficultés financières mentionnées par les IMF sont très stables d’octobre à décembre 2020, ne font pas ressortir de nouvelles tendances. Deux des quatre difficultés les plus citées restent liées à la baisse de la profitabilité des IMF, en raison de la hausse des dépenses de provisionnement (45% des sondés, 33 IMF) et la non perception d’intérêts (55%, 41 IMF). Ces deux points sont intimement liés à la difficulté la plus marquante de la crise pour les IMF en cette période : la hausse du portefeuille à risque (74%, 55 IMF).

A décembre 2020, 74% (55 IMF) des répondants indiquent que plus de 70% des clients remboursent leurs prêts, et 37% constatent un niveau de remboursement des clients au-dessus de 90%. De l’autre côté, seulement 9% soulignent que moins de 50% des clients parviennent à rembourser leurs prêts, ce qui coïncide avec les niveaux de reprise des activités des clients. Ces niveaux se retrouvent dans le niveau de portefeuille à risque des IMF : à décembre 2020, 47% des sondés (35 IMF) indiquent que le PAR 30 a augmenté sans doubler, 16% que celui-ci a doublé et 12% qu’il a plus que doublé.

Néanmoins, cette configuration du risque semble s’être globalement stabilisée au dernier trimestre 2020, en dépit des contraintes additionnelles présentées précédemment (voir Fig. 7). Dans l’échantillon commun aux sondages d’octobre et décembre, nous retrouvons toujours un quart d’IMF qui n’est pas concerné par cette augmentation du portefeuille à risque. Dans le même temps, aucune IMF ne s’ajoute à la liste des IMF dont le PAR 30 a plus que doublé. Les transferts d’une catégorie à une autre sur la période octobre-décembre se font pour la grande majorité entre un PAR stable et un PAR qui augmente sans doubler. Signe donc que les détériorations des contextes locaux présentées précédemment n’affecteraient donc pas l’ensemble des clients, ne se répercutant ainsi que modérément dans les indicateurs de risque des IMF.

Cette stabilité coïncide avec les nouveaux objectifs des IMF en ce début de nouvelle année. La crise a bouleversé leurs opérations, et a inévitablement eu des conséquences sur leurs projections. Ainsi, 58% des IMF affirment avoir mis à jour leur plan d’affaires et leurs objectifs de croissance pour les mois et années à venir. Fortes de ces acquis de crise et d’une meilleure compréhension du contexte, les IMF prévoient toujours, pour une très grande majorité d’entre elles, de continuer à se développer en 2021. Ainsi, 80% des sondés s’attendent à une hausse en volume de leur portefeuille cette année, alors que 15% s’attendent à ce qu’il stagne et 5% envisagent un recul. De plus, cette augmentation du portefeuille devrait également s’accompagner d’une hausse du nombre de clients pour 75% des IMF qui prévoient une croissance en cette nouvelle année. Un nouveau signe d’espoir donc, mais aussi d’ambition de la part d’institutions déterminées à continuer à avancer en 2021.

_____________________________________________________________________________________

(1) Les résultats des quatre premières enquêtes auprès des partenaires de ADA, Inpulse et la Fondation Grameen Agricole sont accessibles ici : //www.gca-foundation.org/observatoire-covid-19/, //www.ada-microfinance.org/fr/crise-du-covid-19 And //www.in-pulse.coop/news-and-media/
(2) Le nombre d’IMF répondantes par région est le suivant : ASS 19 IMF ; ALC 17 IMF ; EAC 21 IMF, Asie du Sud 10 IMF ; MENA : 7 IMF.
(3) L’échantillon est de 38 IMF : 6 en Asie du Sud, 10 en Europe de l’Est et Asie Centrale, 6 en Amérique Latine et Caraïbes, 1 dans le MENA et 15 en Afrique subsaharienne.
(4) //www.gca-foundation.org/espace-medias/#covid-19-une-reprise-des-imf-progressive-au-rythme-de-celle-de-leurs-clients

Carnet de voyage d’un Banquier Solidaire en Bosnie-Herzégovine

Par Daniel Hoarau, Responsable IT, Crédit Agricole de La Réunion

Lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A. en 2018, Banquiers Solidaires est un programme de volontariat de compétences ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole en faveur d’institutions de microfinance et d’entreprises à impact soutenues par la Fondation. Découvrez la tribune de Daniel Hoarau, Banquier Solidaire de Crédit Agricole de La Réunion, parti en 2020 en Bosnie accompagner Partner Microfinance Foundation.

Rêve de découvertes

Il était une fois, un salarié de la Caisse régionale de la Réunion qui rêvait de s’engager sur un projet solidaire et partir à la découverte d’autres cultures et d’autres entreprises. Une collaboratrice, amie, lui souffla l’existence de la Fondation Grameen Crédit Agricole et de son programme Banquiers Solidaires. C’est le début de mon histoire de Banquier Solidaire. J’ai postulé et été sélectionné pour soutenir Partner MKF, institution de microfinance en Bosnie, dans la structuration de son système informatique.

Partner est une structure de microcrédit locale qui offre de produits et services bancaires aux personnes exclues du système bancaire traditionnel. Aujourd’hui, Partner sert plus de 40 mille clients, dont 46% sont des femmes et 86% habitent en zone rurale. C’est une organisation financée par la Fondation Grameen Crédit Agricole depuis 2019.

La préparation de la mission a été marquée par des échanges réguliers avec les équipes de Partner et de la Fondation. J’ai pu également étudier plusieurs documents et évaluer l’infrastructure IT existante ainsi que les premières pistes d’évolution envisagées par l’institution. J’étais prêt pour ma mission sur le terrain.

Départ pour la Bosnie

Le départ s’annonce, après plusieurs reports à cause de la Covid-19, grâce à la pugnacité de la Fondation et des équipes logistiques de Crédit Agricole SA. Planification des tests Covid-19 oblige, le plan de vol est établi : Saint-Denis, Paris, Vienne, Sarajevo, Tuzla : un voyage de 24 h, départ le 31/10 par 25°c, arrivée le 1er novembre à Tuzla par 10°c à peine.

Premier contact à l’arrivée : Salih, le chauffeur, ou quand 2 anglophones débutants se rencontrent. Arrivé à bon port, la lumière : Ivana, l’interprète chargée de m’accompagner, grâce à elle tout devient simple et fluide. Elle sera le repère de toute la mission.

Dès le lendemain découverte de Partner : les équipes et l’accueil sont remarquables, tous me mettent en confiance et permettent de briser la glace au propre comme au figuré. La mission est courte, il faut être efficace. Multiples interviews avec les différents responsables des services (système d’information, Ressources humaines, conformité, crédit) sont suivies d’un audit des installations techniques, d’une analyse des besoins des utilisateurs et des premières pistes de cadrage. Au fil des jours, la lumière se fait et les recommandations tombent. La dernière étape est la réunion-bilan avec la Direction de Partner : les analyses sont présentées et le plan d’évolution de la structure informatique est validé.

Les bosniaques ont un rythme de travail très différents : démarrage à 8h, pause petit-déjeuner à 10h, pas de pause déjeuner entre 12h et 14h et fin du travail à 17h. Cela laisse l’opportunité de nombreux moments conviviaux organisés par Partner. Des dîners, des moments de découverte de la culture et des coutumes bosniennes et même l’ascension d’une montagne locale ont donné encore plus de couleur à ma mission !

Retour à l’Ile de la Réunion

Après une autre aventure de 24h pour le vol de retour, je suis arrivé à La Réunion. J’ai finalisé mon rapport de 34 pages qui vise à éclairer les choix de Partner pour le cadrage de son système et sa infrastructure IT.

Je reviens merveilleusement enrichi de cette expérience auprès d’équipes engagées dans les valeurs de leur entreprise : Responsabilité, Equité et Honnêteté. Des valeurs partagées par Crédit Agricole de la Réunion, Crédit Agricole SA et la Fondation qui ont rendu possible cette aventure.

« Si tu veux construire un bateau, ne commence pas par rassembler du bois, couper des planches et distribuer du travail, mais réveille au sein des hommes le désir de la mer grande et large », Antoine de Saint-Exupéry.

Mes remerciements à toutes les personnes de ma caisse régionale de Crédit Agricole de la Réunion qui ont contribuées à rendre cette mission possible ; à Jasmin Smigalovic, Selma Jahic et à toutes les équipes de Partner, sans oublier Ivana Bilić l’interprète, pour leur accueil ; à Caroline Brand et Carolina Viguet de la Fondation Grameen Crédit Agricole pour l’accompagnement dans la mission ; et à Aurélie Cacciotti de Crédit Agricole SA pour l’appui logistique.

The Grameen Crédit Agricole Foundation consolidates its partnerships in Europe

Article-investissement-Europe

©FGCA/Godong

Au cours du dernier trimestre 2020, la Fondation Grameen Crédit Agricole a poursuivi ses financements auprès de ses partenaires européens, consolidant ainsi sa position dans une région qui représente 18% de son encours.

En Bosnie-Herzégovine, l’institution de microfinance Mikra s’est ainsi vue accorder un nouveau prêt de 1,2 millions d’euros sur une période de trois ans. Financé par la Fondation depuis 2019, Mikra a pour mission d’offrir des services financiers aux populations les plus pauvres mais économiquement actives. L’institution promeut l’égalité des femmes bosniaques en finançant et en accompagnant des projets d’entrepreneuriat. A ce jour, Mikra compte plus de 15 000 clients actifs dont 68% de femmes et 58% de clients ruraux.

En Moldavie, Smart Crédit s’est vue pour sa part accorder un nouveau prêt d’un montant, en monnaie locale, équivalent à 500 000 euros. Smart Credit est une institution de microfinance dont l’objectif est d’aider les clients à améliorer leurs conditions de vie, notamment les petits entrepreneurs socialement défavorisés. L’institution compte à ce jour plus de 3 000 emprunteurs actifs dont 54% de femmes et 71% de clients ruraux et gère un portefeuille de 3,5 millions d’euros.

Enfin, la Fondation a accordé un nouveau prêt, le second depuis 2018, à ADVANS Holding pour un montant de 800 000 euros. ADVANS dont le siège se trouve au Luxembourg, est un groupe international qui a pour mission de construire un réseau d’institutions de microfinance dans les pays en développement et émergents. Le Groupe offre des services financiers et non financiers à des personnes à faibles revenus dans neuf pays, principalement en Afrique subsaharienne. A travers son réseau, ADVANS sert près de 800 000 clients et gère un portefeuille d’environ 780 millions d’euros.

Pour en savoir plus, cliquez ici.

La Fondation poursuit ses financements au Kirghizstan

©FGCA/Didier Gentilhomme

Au dernier trimestre 2020, la Fondation Grameen Crédit Agricole a accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance Salym au Kirghizstan. Créée en 2007, Salym a pour objectif de soutenir les activités génératrices de revenus pour améliorer le niveau de vie des populations défavorisées. La Fondation lui a accordé en décembre un nouveau prêt d’un montant équivalent en monnaie locale de 1,3 millions d’euros.

L’institution, qui compte à ce jour environ 14 000 clients actifs dont 57% de femmes et 76% de clients ruraux, soutient principalement les personnes à revenus limités provenant de zones rurales ou périphérie urbaines. Différents produits sont proposés à leurs clients: prêts au logement, crédits à la consommation, crédits agricoles et prêts aux entreprises.

Avec ce prêt, la Fondation Grameen Crédit Agricole compte 18 partenaires dans le zone Europe et Asie Centale, ce qui représente 28% de son encours. A la fin décembre 2020, la Fondation est présente dans 39 pays, auprès de 85 institutions de microfinance et entreprises à impact, avec un encours de 81,2 millions d’euros.

___________________________________________________________
Créée en 2008, sous l’impulsion conjointe des dirigeants de Crédit Agricole S.A. et du Professeur Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 et fondateur de la Grameen Bank, la Fondation Grameen Crédit Agricole est un opérateur multi-métiers qui contribue à la lutte contre la pauvreté par l’inclusion financière et l’entrepreneuriat à impact social. Investisseur, prêteur, coordinateur d’assistance technique et conseiller de Fonds, la Fondation soutient des institutions de microfinance et entreprises sociales dans 39 pays.

Pour plus d’informations sur les organisations soutenues par la Fondation, cliquez ici.

La Fondation réalise de nouveaux financements en Afrique subsaharienne

©FGCA/Didier Gentilhomme

Au cours du dernier semestre 2020, la Fondation Grameen Crédit Agricole a réalisé 3 nouveaux financements en Afrique subsaharienne, notamment au Bénin et au Malawi, qui viennent s’ajouter aux deux prêts accordés en Zambie à MLF Zambia And EFC Zambia.

Au Bénin, la Fondation a accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance ACFB pour un montant en monnaie locale équivalent à 305 000 euros. ACFB, partenaire de la Fondation depuis 2017, offre une gamme variée de services financiers et non financiers adaptés aux besoins des populations marginalisées et exclues du système financier classique. ACFB est une institution de référence dans la promotion de l’autonomisation des femmes et le développement des microentreprises. A ce jour, l’institution compte plus de 32 000 clients actifs dont 88% de femmes et 95% vivant en zone rurale.

Toujours au Bénin, la Fondation a accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance COMUBA pour un montant en monnaie locale équivalent à 500 000 euros. COMUBA a été créée en 2000 et offre des services financiers et non financiers par le biais de prêts de groupe notamment. Partenaire de la Fondation depuis 2015, l’institution compte environ 32 000 clients actifs dont 90% de femmes.

De même, la Fondation Grameen Crédit Agricole a accordé un nouveau prêt à l’institution de microfinance MLF Malawi, pour un montant en monnaie locale équivalent à 284 000 euros. Créée en 2002, MLF compte près de 30 000 clients actifs, exclusivement des femmes vivant à 70% en zone rurale. L’institution offre une large gamme de produits destinés à soutenir l’agriculture et le développement des petites entreprises.

Ces nouveaux financements ont été accordés dans le cadre du programme de la Facilité Africaine lancé en 2013 en partenariat avec l’Agence Française de Développement (AFD) et portent à 40 le nombre total des partenaires en Afrique Subsaharienne, ce qui représente 39% de l’encours de la Fondation à fin décembre 2020.

Pour en savoir plus, cliquez ici.

La Fondation accorde un prêt à un nouveau partenaire en Zambie

© Oleksandr Rupeta / Alamy Stock Photo

La Fondation Grameen Crédit Agricole poursuit ses investissements en Afrique de l’Est avec un premier prêt en monnaie locale équivalent à 1,5 millions d’euros accordé à l’institution de microfinance Entrepreneurs Financial Centre (EFC) en Zambie, sur une période de trois ans.

EFC est une institution de microfinance fondée avec l’intention de fournir des solutions de fonds de roulement pour les micro, petites et moyennes entreprises (MPME), en mettant l’accent sur l’innovation de produits adaptés aux besoins des clients. L’institution, qui accepte également l’épargne, compte environ 3 000 emprunteurs, dont 42% de femmes et 6% de clients ruraux. Avec ce prêt, la Fondation compte aujourd’hui un encours de 32 millions d’euros dans la région d’Afrique subsaharienne, soit 39% de l’encours suivi par la Fondation.
___________________________________________________________
Créée en 2008, sous l’impulsion conjointe des dirigeants de Crédit Agricole S.A. et du Professeur Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 et fondateur de la Grameen Bank, la Fondation Grameen Crédit Agricole est un opérateur multi-métiers qui contribue à la lutte contre la pauvreté par l’inclusion financière et l’entrepreneuriat à impact social. Investisseur, prêteur, coordinateur d’assistance technique et conseiller de Fonds, la Fondation soutient des institutions de microfinance et entreprises sociales dans 39 pays.

Pour plus d’informations sur les organisations soutenues par la Fondation, cliquez ici.

[INTERVIEW] Les actions de la Fondation face à la crise Covid-19

Hélène Keraudren Baube & Edouard Sers, Fondation Grameen Crédit Agricole

Pour surmonter les effets de cette crise sanitaire et économique sans précédent, la Fondation a dû innover, s’adapter et se concerter avec d’autres acteurs clés des secteurs de la finance inclusive et de l’entrepreneuriat à impact social. Un travail transversal qui implique l’ensemble des équipes de la Fondation. Pour en savoir plus, coup de projecteur sur les témoignages de deux experts de la Fondation, Hélène Keraudren-Baube, Directrice Administrative et Financière, et Edouard Sers, Directeur Risques, Conformité et Performance Sociale.

1.Comment la crise Covid-19 a impacté l’organisation interne de la Fondation et des organisations soutenues ?

Hélène : Nous avons eu recours au télétravail du jour au lendemain, mais comme c’était déjà une modalité possible à la Fondation la transition a été très fluide. En plus de fournir les équipements pour le télétravail, nous avons également adapté les horaires pour prendre en compte le contexte de confinement avec enfants à la maison. Nous avons vécu une année très particulière, avec aucune mission terrain pour l’équipe basée en France depuis février alors que les Chargés d’investissement partent tous en mission terrain plusieurs fois par an. Le Comité de Direction de la Fondation a fait des points réguliers pour faire le suivi de la situation et déterminer les meilleures mesures pour appuyer les équipes et les organisations financées. Par ailleurs, nous avons échangé d’une façon plus régulière avec notre gouvernance pour les tenir informés de l’évolution de la situation et de l’activité.

2. Quelles réponses a donné la Fondation pour y faire face ?

Edouard : La première réponse de la Fondation a été d’établir un dialogue rapide et permanent avec les organisations soutenues pour comprendre les effets de la crise, les mesures prises et leurs besoins. Les équipes de chargés d’investissement sont restées en contact très rapproché avec l’ensemble des organisations que nous soutenons, et nous avons mené des enquêtes régulières auprès de celles-ci pour comprendre les impacts de la crise dans les différents pays d’intervention. De plus, nous avons créé l’Observatoire Covid-19 dans lequel nous avons régulièrement publié des articles afin de partager nos analyses et d’informer les parties prenantes de l’évolution de la situation. En parallèle, nous avons animé une coordination internationale de prêteurs et d’acteurs de la finance inclusive pour agir ensemble, en concertation, afin de protéger les institutions de microfinance et leurs clients et prévenir tout choc de liquidité qui aurait déstabilisé le secteur.

Hélène : Nous avons adapté nos outils de suivi et d’analyse et nos demandes d’information s’agissant notamment des plans de continuation d’activité et des plans de trésorerie à court terme. Sur le plan financier, nous avons octroyé des reports d’échéance à une trentaine d’organisations partenaires de la Fondation, principalement des institutions de microfinance. Ces reports, de 6 à 12 mois selon les cas, ont été matérialisés par des avenants aux contrats de prêts, et des échéanciers revus. Ce volume de demandes de reports est totalement inédit et a ‘stressé’ nos liquidités. Nous avons affiné nos outils de projections et de suivi pour suivre l’impact financier pour la Fondation.

3. Concernant la coalition internationale, quels sont les premiers résultats ?

Edouard : Six mois après la signature de l’Engagement, avec l’ensemble des signataires nous avons rédigé une publication commune présentant l’état de mise en œuvre de 10 principes de l’Engagement. Parmi les conclusions de la publication, nous pouvons souligner la solide coordination entre les bailleurs internationaux pour s’accorder en termes de report d’échéances, évitant une crise de liquidité dans le secteur de la microfinance. Nous avons également avancé dans le domaine de l’assistance technique avec notamment des webinaires et des enquêtes de terrain conjoints auprès des clients finaux. Enfin, nous avons encouragé la collecte coordonnée d’informations sur la gestion du personnel et le suivi des clients des institutions de microfinance et promouvons les initiatives pour renforcer la protection des clients et du personnel. En 2021, nous poursuivrons nos efforts pour accompagner la reprise progressive des institutions de microfinance soutenues avec de l’assistance technique, des financements adaptés et des échanges réguliers entre les différents acteurs du secteur.

4. Par rapport aux bailleurs de fonds de la Fondation, quelles actions communes ont été prises ?

Hélène : nous avons très rapidement tenu nos bailleurs de fonds informés de l’évolution de la situation, avec des présentations détaillées. Nous avons compris dès le début de la crise que le principal impact pour nous en 2020 serait sur la gestion de nos liquidités. Les demandes de reports d’échéance de nos partenaires pèsent sur la trésorerie de la Fondation, et nous avons souhaité préserver notre capacité à soutenir nos partenaires et éviter à tout prix une crise des liquidités. Pour cela nous avons sollicité des reports d’échéances auprès de nos bailleurs, et envisagé de nouvelles lignes de financement « spéciales Covid-19 » pour soutenir la reprise de l’activité des institutions de microfinance que nous appuyons.

5. Pour finir, quelles sont les perspectives pour 2021 ? Quelles seront les priorités de la Fondation ?

Hélène : Après une année 2020 marquée par un résultat opérationnel soutenu par la croissance du portefeuille les années précédentes et des économies substantielles en 2020 notamment sur les frais de déplacement, l’année 2021 sera impactée de plein fouet par la contraction du portefeuille de prêts de la Fondation des suites de la crise. L’activité de la Fondation devrait poursuivre sa progressive et prudente reprise entamée ces derniers mois, nous pensons que le premier semestre sera encore fortement contraint par la pandémie et ses conséquences, et espérons pouvoir reprendre nos déplacements sur le terrain, au plus près de nos partenaires, à partir du second semestre. Il faudra sans doute encore une année pour que la Fondation renoue avec le niveau d’activité qui était le sien avant la crise.

Edouard : Une grande partie des organisations soutenues ont su faire face à la crise et sont éligibles aux financements que propose la Fondation selon des critères de risque standards. En revanche, une partie non négligeable d’entre elles porte encore dans leur bilan un risque important hérité de l’année 2020. Il est crucial que nous continuons à renforcer notre dispositif d’accompagnement pour proposer des solutions adaptées aux différents niveaux de risque, combinant nouveau financement, assistance technique, report d’échéance ou –de plus façon exceptionnelle– restructuration de la dette.

Au niveau du secteur, les prêteurs ont su se coordonner en 2020 afin d’éviter une crise de liquidité et nous continuerons sur cette voie en 2021. Cette année sera également cruciale pour les investisseurs afin qu’ils soutiennent les institutions de microfinance conformément à leur responsabilité d’actionnaire. Enfin, nous continuerons à promouvoir les initiatives pour protéger la clientèle et le personnel des institutions de microfinance en ces temps de crise. Par exemple, nous participons de façon active au groupe de travail de la Social Performance Task Force (SPTF) pour définir des nouveaux critères de certification relatifs à la protection de la clientèle du secteur. Un dialogue permanent avec nos partenaires et des actions coordonnées seront parmi les clés du succès de nos engagements.

Microfinance en Inde : l’histoire de la résilience

Par Devesh Sachdev, DG, Fusion

©FGCA

Le modèle de microfinance consistant à fournir de petits prêts sans garantie aux clients du « bas de la pyramide » jusque-là négligés par le secteur formel, s’est imposé comme un modèle efficace et durable d’inclusion financière. L’inclusion financière a, à juste titre, été le principal domaine d’intérêt des décideurs politiques au cours des dernières décennies, étant donné la part de notre population qui est restée non desservie et / ou mal desservie. Il n’y a pas besoin d’analyse complexe pour savoir que si l’Inde, en tant que pays, doit améliorer son revenu par habitant et faire passer les gens au-dessus du seuil de pauvreté, l’accès au financement doit être la clé.

En dépit de l’impulsion politique menée à travers le système bancaire traditionnel, peu de facteurs ont agi comme des obstacles à cet objectif national d’inclusion financière. D’abord et avant tout, le fait que notre système bancaire formel a largement développé ses politiques et sa portée (qu’elle soit physique ou numérique) pour répondre à la population urbaine / semi-urbaine avec des antécédents / revenus et garanties établis qui correspondent à leur risque défini / matrice de récompense en tant que classe d’actifs. Deuxièmement, le « coût de livraison » pour les petites transactions sur le marché de la balance des paiements est devenu un amortisseur pour les banques. Le manque de littérature financière a également agi comme une contrainte.

Le modèle de microfinance consistant à fournir de petits prêts sans garantie aux clients du « bas de la pyramide » jusque-là négligés par le secteur formel, s’est imposé comme un modèle efficace et durable d’inclusion financière. Il a été conceptualisé pour fournir de manière transparente des services et des produits financiers à la porte de ces mêmes clients d’une manière très simple à comprendre. Le concept de responsabilité conjointe tirant parti du capital social combiné à la livraison directement auprès du client a aidé le secteur de la microfinance à gagner en confiance et en acceptabilité.

Le « parcours » de la microfinance au cours de la dernière décennie s’articule autour de deux grands thèmes. D’un côté, il a résisté à de graves revers comme celui de la crise de l’Andhra de 2010, de la crise de démonétisation de 2016, de la crise de liquidité et de crédibilité de la NBFC et se bat actuellement contre la pandémie mondiale de la Covid-19. Tous ces événements ont créé l’impression, dans l’esprit des parties prenantes, que la microfinance en soi est une classe d’actifs risquée, car malheureusement pour le secteur elle a été affectée par ces événements imprévus une fois tous les 3 à 4 ans.

Cependant, le secteur compte heureusement une facette plus brillante :

  1. Aujourd’hui, le secteur sert environ 60 millions de clients uniques avec une taille de portefeuille combinée de Rs 23 milliards à travers 620 districts dans 28 États et huit territoires de l’Union. Cela en fait le 2ème secteur en importance après les prêts hypothécaires. Cependant, ce qui est encore plus louable, c’est que le secteur a enregistré une croissance de 30% au cours des 3 dernières années contre 17% pour le secteur de la banque de détail
  2. Un autre point fort du secteur de la microfinance a été l’offre de produits et de services financiers via une fusion prudente de « Touch and Tech » au coût le plus bas parmi ses pairs à l’échelle mondiale. Le secteur tire parti des progrès de la technologie pour offrir constamment une plus grande transparence, la sécurité des données, la confidentialité et une accessibilité de proximité à ses clients ruraux.
  3. Avec à la fois une portée et une efficacité opérationnelle, la microfinance est aujourd’hui un modèle commercial durable, calibré pour tirer parti de son réseau afin de fournir d’autres biens et services aux populations rurales, contribuant ainsi à l’importante croissance enregistrée par l’Inde.
  4. Le secteur génère également d’importantes opportunités d’emploi non seulement en embauchant dans l’arrière-pays, mais aussi en permettant à ses clients d’offrir des opportunités d’emploi à d’autres via un soutien financier étendu.

Le secteur a démontré une résilience remarquable au cours de la dernière décennie et cela a été rendu possible grâce à certains facteurs contributifs clés :

  • Le besoin « inhérent » d’un tel modèle dans une Inde ambitieuse, où une importante population non desservie / mal desservie doit encore se voir offrir la possibilité de monter dans le train en marche, a fait en sorte que la microfinance reste un véhicule «préféré» à la fois pour les planificateurs politiques et les praticiens au fil des ans.
  • L’important soutien et le cadre politique propice fournis par la Banque Centrale indienne qui a été un catalyseur dans la poursuite de la mission d’inclusion financière du secteur de la microfinance. Le secteur s’est vu attribuer une catégorie spéciale dans la catégorie plus large des services financiers non bancaires de la Banque Centrale, ce qui lui confère une identité distincte et une forte crédibilité en ayant la première organisation d’autorégulation du pays reconnue par la Banque Centrale.
  • Le fonctionnement de la MFIN (l’association sectorielle) en tant qu’organisation d’autorégulation depuis 2010 a permis au secteur de bâtir sa croissance sur des piliers solides. Les principaux piliers du travail de la MFIN ont été la protection des clients, le code de conduite du secteur et le plaidoyer politique, qui contribuent tous à la construction d’un écosystème de finance responsable.
  • La microfinance étant un modèle de grande portée, elle a assuré le plus haut degré de centrage et de connaissance du client. Le temps de réponse dans les situations de crise est beaucoup plus rapide et les solutions proposées sont très ciblées. Cet aspect a aidé le secteur à surmonter les défis posés par la démonétisation en 2016, mais plus récemment, ce modèle a prouvé sa résilience et sa pérennité dans la crise actuelle de la Covid-19. Les soldats de première ligne ont veillé à ce que les rouages ​​du financement continuent de bouger lorsque les clients en avaient le plus besoin pendant les périodes avant et après le confinement. Les plateformes d’exploitation ont été rapidement modifiées pour fonctionner à distance et fournir des services de prêt numériques.

Le lien fort avec les clients a résisté à l’épreuve du temps et a engendré un degré élevé de compréhension mutuelle et de coopération. La plupart des experts financiers se sont trompés lorsque le portefeuille de microfinance a présenté des indicateurs de portefeuille post-Covid meilleurs que prévu après la période de moratoire mandatée par la Banque Centrale.

Aujourd’hui, le secteur de la microfinance travaille en partenariat avec le gouvernement pour déployer divers programmes sociaux, qu’il s’agisse de prêts Shishu dans le cadre du programme Mudra ou Pradhan Mantri Svanidhi. L’importance du secteur a été reconnue par le Premier ministre dans son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies en le qualifiant d’instrument de promotion de l’entrepreneuriat féminin.

Comme on dit : “Ce n’est pas le nombre de coups que vous remportez qui fait de vous un gagnant, c’est le fait que vous vous relevez toujours plus fort malgré les coups encaissés et que vous en sortiez gagnant” et ceci est une description appropriée d’un secteur de la microfinance résilient en Inde, jusqu’à présent… mais le voyage ne fait que commencer !

__________________________________________________________

Source : BW Businessworld

Microfinance : un outil pour une économie plus inclusive

Interview d’Eric Campos, DG, Fondation Grameen Crédit Agricole

Sans doute car elle est un levier très efficace pour lutter contre la pauvreté, la microfinance est un sujet central pour repenser l’économie mondiale. La crise sanitaire et ses effets sur les populations les plus démunies n’ont fait que renforcer ce besoin urgent d’inclusion financière. Coup de projecteur sur un interview de Paperjam Luxembourg à Eric Campos, Délégué général de la Fondation Grameen Crédit Agricole.

Pourquoi la microfinance est-elle un sujet qui vous concerne ?

Aujourd’hui 1.7 milliards de personnes, la majorité en zones rurales, n’ont pas accès au financement et le secteur financier à un rôle clé à jouer pour faire face à ce défi mondial. La Fondation est un des leviers du groupe Crédit Agricole pour favoriser l’inclusion financière et le développement des économies rurales dans les pays émergents. C’est l’ambition que s’est fixée le Crédit Agricole quand il a créé la Fondation il y a 12 ans avec le Pr. Yunus, Prix Nobel de la Paix 2006 : contribuer à la lutte contre la pauvreté par la promotion de la microfinance et de l’entrepreneuriat à impact social partout dans le monde. La Fondation est un acteur engagé dans les pays pauvres au service de la Raison d’Être du Groupe, “Agir chaque jour dans l’intérêt de nos clients et de la société”.

Notre mission prend encore plus de sens dans le contexte actuel. La pandémie Covid-19 frappe particulièrement les populations les plus vulnérables et la microfinance est un levier pour renforcer leur résilience face à la crise. Dans ce contexte, nous avons dû adapter nos modes d’intervention et innover. Nous avons mis en place un suivi très régulier auprès des institutions financées pour comprendre les effets de la crise et leurs besoins. Nous avons également mis en place de nombreux reports d’échéances pour permettre à ces institutions d’accompagner elles-mêmes leurs propres clients et accepter, elles-aussi de reporter les échéances des microcrédits. Nous avons également, dès le mois de mars dernier coordonné un mouvement international de bailleurs de fonds, d’investisseurs et d’acteurs de la finance inclusive pour nous engager à prévenir une crise de liquidité dans le secteur et apporter des réponses coordonnées pour faire face aux effets économiques de la crise.

Pouvez-vous nous présenter la Fondation Grameen Crédit Agricole et ses objectifs ?

La Fondation est un opérateur multi-métiers : investisseur, prêteur, coordinateur d’assistance technique et conseiller de fonds, la Fondation finance et accompagne les institutions de microfinance, les entreprises et les projets qui promeuvent une finance inclusive et le développement des économies rurales partout dans le monde.

La Fondation accompagne et soutient aujourd’hui 86 partenaires (74 institutions de microfinance et 12 entreprises à impact social) dans 40 pays avec près de 100 millions d’euros d’encours suivis. La Fondation cherche à favoriser l’émancipation des femmes par l’économie, 88% des bénéficiaires finaux sont des femmes, et cible en priorité les populations rurales : des 7,3 millions de clients d’institutions que la Fondation finance, 84% habitent en zones rurales.

Comment la Fondation travaille aujourd’hui avec le groupe CA ?

La Fondation a mis en place plusieurs partenariats avec les Caisses régionales et les entités du Crédit Agricole. Nous avons établi des schémas de coopération avec la Banque de Proximité à l’international (BPI) en Roumanie, en Egypte, en Inde et au Maroc qui permet aux entités du Groupe de financer des institutions de microfinance en monnaie locale avec la garantie de la Fondation. Nous avons lancé avec CA Indosuez Wealth (Asset Management) et CACEIS Bank Luxembourg Branch, le fonds Finance Inclusive en milieu Rural, le premier fonds en microfinance du Crédit Agricole auquel ont déjà souscrit 21 Caisses régionales, Crédit Agricole Assurance et Amundi. Enfin, avec Crédit Agricole SA, nous avons mis en place depuis juin 2018 « Banquiers Solidaires », un dispositif de volontariat de compétences permettant de proposer des missions d’assistance technique à des collaborateurs du Groupe pour le compte des organisations financées par la Fondation.

Par ailleurs, face à la crise Covid-19, la Fondation a travaillé avec Crédit Agricole SA, Crédit Agricole CIB, Crédit Agricole Wealth (Asset Management) et d’autres acteurs clés de la finance inclusive autour d’un Engagement commun pour protéger les institutions de microfinance et leurs clients. L’engagement, qui compte aujourd’hui 30 signataires, repose sur un ensemble de principes destinés à protéger le secteur de la microfinance et leurs clients des effets économiques liés à la crise sanitaire. Grace à cette action coordonnée, les défauts de liquidité ont pu être évités et nous avons accompagné les organisations partenaires avec des missions d’assistance technique.

Quels thèmes seront abordés dans les années à venir au sein de la Fondation ?

Changement climatique, croissance démographique, sécurité alimentaire, transformation digitale… nombreux sont les défis au centre de nos préoccupations. Il est urgent d’agir, d’innover avec de nouveaux moyens d’action, de renforcer les coopérations. Cette conviction est au cœur des actions de la Fondation et de son plan stratégique 2019-2022 et ses objectifs : consolider la pérennité des organisations qui apportent des services essentiels avec des financements adaptés et de l’assistance technique ; renforcer la résilience des économies rurales en soutenant des entreprises à impact social ; et promouvoir la finance inclusive au sein du secteur bancaire avec notamment les partenariats mis en place avec le groupe Crédit Agricole.

Face à la crise Covid-19, la Fondation continuera à appuyer, aux côtés de ses partenaires institutionnels, privés et solidaires, les institutions de microfinance et les entreprises sociales avec des financements et une assistance technique ciblés pour renforcer leur résilience dans cette crise sans précédent. Nous continuerons à suivre les effets de la crise sanitaire et à agir pour renforcer la résilience de la microfinance et de l’entrepreneuriat à impact, en concertation avec les autres parties prenantes.

Source : Paparjan.lu